Pendant les Guerres



Armistice 1918


Pour le centenaire de l’armistice de 1918, je ne pouvais mieux faire que d’écrire un chapitre sur cette date historique.

 

J’ai donc recherché ce qui avait bien pu se passer à Troyes à cette époque.

 

J’ai eu la chance de retrouver un numéro de « Le Patriote de l’Aube » du dimanche 22 décembre 1918, n° 968 (trentième année), paru à Troyes.

 

Je vous retranscris quelques articles de ce qui se passait à Troyes après cette fin de la guerre 1914-1918 :

 

« Entretenons en notre cœur la reconnaissance que nous devons à tous les bons citoyens dont la tâche accomplie pour la Patrie prépare la vie des générations futures.

 

Un événement considérable domine et commande cette fin de guerre : le retour des mobilisés. Lente, incohérente souvent, la démobilisation s’achève, rendant à l’usine, au magasin, à leurs affaires et à leur clientèle, rendant à leur terre surtout, les bons concitoyens qui avaient depuis 5 ans, tout abandonné pour la défense du pays.

 

         Malgré les déceptions éprouvées par beaucoup et les amertumes qui leur ont quelquefois été réservées, les démobilisés se sont remis courageusement au travail, le travail duquel seul nous pouvons attendre le salut de la Nation.

 

A l’hommage individuel qui fut rendu à chacun, s’ajoute l’hommage collectif d’une vaste manifestation de toutes les communes de France, où l’Aube se classa au tout premier rang.

 

La joie que causait le retour des soldats fut malheureusement assombrie par la constatation des vides irréparables creusés dans les rangs des enfants du pays, et souvent, parmi les plus jeunes. Aussi, le jour des Morts fournit-il l’occasion d’un témoignage spontané et éclatant de la reconnaissance éternelle qui devait leur être conservée.

 

D’autres grandes manifestations de solidarité ou de reconnaissance eurent également lieu : telle la cérémonie organisée à l’Hôtel de Ville de Troyes, en l’honneur des membres de l’enseignement public tombés pour la France, la réunion spontanée donnée au vélodrome au profit de la ville dévastée de Dun-sur-Meuse, filleule de la ville de Troyes.

 

Mais c’est la vie chère pour tout. L’augmentation de la vie détermina de sensationnelles interventions des syndicats ouvriers dans les rapports entre vendeurs et consommateurs. Le marché central devint le théâtre de scènes tumultueuses qui débordèrent bientôt leurs cadres primitifs. La création des comités de vigilance, inspirée des plus louables sentiments se révéla cependant impuissante à conjurer une hausse dont les causes étaient trop profondes pour pouvoir être atteintes par les procédés simplistes de l’action directe. L’établissement de magasins municipaux, l’ouverture d’un magasin à la Bourse du Travail représentent, à coup sûr, un mode d’action autrement efficace.

 

Ce fut un grand soulagement, le rétablissement, dans leurs bâtiments respectifs du Lycée de garçons et du Collège de filles de Troyes, ainsi que diverses écoles. 

 

La sirène de l’Hôtel de Ville n’est toujours pas démobilisée et, rabâcheuse comme les vieux militaires, elle persiste chaque jour à nous hurler qu’il est midi. Au début, elle soulevait des protestations, maintenant on n’y fait plus attention.

 

Pour les chasseurs, pénurie de munitions et de gibier. Les pêcheurs, devant les rivières dévastées, n’ont guère été mieux partagés que leurs confrères de Saint-Hubert.

 

La plupart des Troyens n’ont pas d’autos et, s’ils veulent prendre le tramway, son tarif est doublé et il en coûte désormais 4 sous au lieu de 2.

 

L’Etat, lui, a augmenté son tabac, et se refuse à en vendre ! Il a donné des cartes ! Il en faut d’ailleurs pour tout : pour du charbon, du sucre

 

Anastasie (synonyme de censure dans la presse) est morte : « que le diable ait la vilaine âme de cette funeste mégère »…

 

Entretenons en notre cœur la reconnaissance que nous devons à tous les bons citoyens dont la tâche accomplie prépare la vie des générations futures, et, retenant du passé les exemples dont nous avons besoin pour guider nos pas, fixons maintenant avec courage et fermeté les yeux sur un avenir qu’il dépend de nous, de notre volonté et de notre sagesse, de rendre brillant ou misérable ».

 

Quelques autres articles dans ce même hebdomadaire :

 

« Ville-sur-Arce : Neuf marchandes de lait ont eu chacune un procès-verbal pour avoir vendu du lait au-dessus de la taxe. Plusieurs laitières de Merrey, Bourguignons, Celles et Villemorien ont eu aussi la visite de la gendarmerie, qui a verbalisé contre elles ».

 

 « La Démobilisation : le ministre de la Guerre fait connaître aux Troyens qu’une mesure ferme a été prise visant la démobilisation des R.A.T. et que tous ceux-ci seront rendus à la vie civile pour le 5 février, dernier délai. Voilà qui est bien ; nous souhaitons à présent comme corollaire à cette mesure, que soient prises celles qui s’imposent impérieusement pour permettre aux démobilisés des régions libérées et non détruites, de rentrer immédiatement « chez eux » avec leur famille.

 

Qu’une campagne soit faite, dans ce sens, et surtout que la solidarité nationale accomplisse le miracle – si tant est qu’on puisse dire ainsi – de partager le ravitaillement général avec les régions libérées et de permettre ainsi à leurs habitants d’y reprendre leur place ».

 

« Supplément de pétrole : Le nouveau régime est le suivant : Aux familles qui ont le gaz et l’électricité : 1 litre. A celles qui n’ont ni le gaz ni l’électricité : supplément de 1 litre. A celles de ces dernières qui travaillent à domicile en dehors des soins du ménage, autre supplément à fixer après enquête ».

 

« Un train entier de nos soldats revenant d’Allemagne, est passé mardi en gare. Le train était entièrement composé de wagons allemands de 4° classe. Ces wagons sont entourés d’un seul banc, les voyageurs du centre doivent se tenir debout. Pendant l’arrêt, 2 pièces de vin ont été distribuées à ces rapatriés par les soins de la commission de gare. Cette délicate attention a causé à tous une agréable surprise et leur joie s’est manifestée par de chaudes acclamations et de joyeux chants ».

 

« Souscrivez : On souscrit à la Mairie (bureau de l’Etat-Civil) pour offrir un objet d’art à Clémenceau et à Foch, en reconnaissance de l’œuvre qu’ils ont accomplie. La souscription est fixée au minimum à 0 fr 50 ».

 

« Magasins municipaux : il est mis actuellement en vente des pommes de terre au prix de la taxe 0 fr 45 et 0 fr 50 le kg. Chaque famille peut en obtenir 10 kgs. Des filets de harengs saurs à 1 fr 25 la boîte, de la morue à 4 fr 90 le kg., du savon anglais à 3 fr 40 la barre. Café à 0,90 le quart…».

 

« La fourragère aux couleurs du ruban de la médaille militaire a été conférée à notre 2° bataillon de chasseurs à pied »…

 


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