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Etienne Bergerat


Etienne Bergerat naît à la fin du XVI° siècle. Il est baptisé sur la paroisse Saint-Jean.

        En 1600, il entre à la collégiale Saint-Etienne, comme enfant de chœur. Son père Claude, ne peut subvenir à ses besoins. Le Chapitre fournit à Etienne : « des livres, un dictionnaire, une grammaire grecque, des déclinaisons et des livres blancs, un écritoire, un canivet et de l’encre, il l’habille en entier, il fait teindre en noir sa robe rouge, il lui fournit une paire de souliers, un chapeau avec cordon…». Après avoir suivi les classes d’humanité et de théologie, il se fait admettre à la prêtrise. Il est attaché, en qualité de chapelain à la collégiale de Saint-Etienne, et s’y distingue comme chantre et instrumentiste. En 1630, il est pourvu de la maîtrise des enfants. Il est logé par le Chapitre dans une maison du cloître Saint-Etienne, « à condition qu’il entretienne le jardin et la vigne ».

En arrivant à la maîtrise, Bergerat donne une vive impulsion musicale aux enfants de chœur. Et, c’est ainsi que les enfants de chœur de la collégiale de Saint-Etienne et des musiciens salariés sous la direction de leur maître Etienne Bergerat, jouent, dans jardins du Vouldy, plusieurs morceaux de musique devant le roi Louis XIII (lui-même musicien et compositeur), lors de son séjour à Troyes en 1630. A la suite de cette audition, le roi offre à Bergerat et à ses enfants de chœur, des raisins qui viennent de lui être présentés. Le maître de chapelle aperçoit des bouteilles de vin qui rafraîchissent dans un baquet. Il répond au roi : « Nous autres musiciens, sire, nous aurions mieux aimer la purée que les pois ! ». Un tableau du XVII° siècle (ci-contre), au musée de Troyes, représente cette scène.

         Cette même année, on admet comme vicaires, un basse-contre du diocèse de Chaumont et un haut de contre d’un autre diocèse. On fait venir de très loin des instrumentistes.

En 1642, il est curé de Chennegy.

Pendant les séjours de la cour à Fontainebleau, le chancelier Séguier vient dans ses terres de Chennegy ; « il se prête aux espiègleries de Bergerat, et y trouve plaisir de prince ». Sa protection le soutient contre les mécontentements que lui témoigne quelquefois notre évêque. Bergerat emploie utilement cette puissante protection en faveur de ses compatriotes. Les Mignard, Girardon, de Lestin, Baudesson…doivent à l’accès qu’il leur procura auprès du chancelier, ami éclairé des arts et des talents, les regards favorables, les encouragements et les secours dont il les honora.

Voici par exemple, une des espiègleries de Bergerat : « Le chancelier veut un dimanche aller à Chennegy avec sa suite, pour assister aux vêpres. Bergerat dit la messe très tôt, et à midi, les vêpres sont expédiées. La Cour arrive sur les 3 heures pour assister aux vêpres (le chancelier, Madame la chancelière, la Marquise de Laval et son fils, le marquis de Coaslin…). On dit qu’il y a longtemps que tout est fait. La compagnie de crier à l’impolitesse du curé. Ce dernier se présente à la descente des carrosses, toutes les dames lui font les reproches les plus vifs. Il répond : « J’ai dit les vêpres des paysans, mais nous avons encore celles d’un chancelier », et sur ce signal, on sonne en pompe le dernier coup. L’église est ornée avec la dernière magnificence, un orchestre, meublé de tout ce qu’il y a de mieux dans la musique de Troyes, s’annonce par les préludes ordinaires. Le chancelier n’a jamais entendu de si longues vêpres, et au Magnificat impatiemment attendu, il dit au curé en sortant : je vous quitte des complies ».

Le seigneur et le roi occupent beaucoup le curé de Chennegy. En 1647, il fait chanter un Te Deum pour la prise de possession de la seigneurie au nom de M. Séguier. En 1655, il publie les lettres qui lui confèrent le titre et la dignité de duc et pair. En 1656, il fait dire des prières pour la santé du roi, la paix et la pluie. En 1658, il chante un Te Deum pour la prise de Dunkerque. Un autre en « réjouissance que Dieu a rendu la santé au roi après que la ville de Calais est rendue à son obéissance ». En 1660, le curé fait une procession, un Te Deum et un feu de joie « pour rendre grâce à Dieu de ce qu’il nous a donné la paix. Et il donne permission à ses paroissiens de manger des œufs, ce jour là seulement ». Un Te Deum est également chanté à l’occasion de la naissance du Dauphin...  

En 1669 il pose la première pierre d’une nouvelle église.

Les grands événements ont leur écho jusque dans le presbytère de Chennegy. Le curé mentionne sur son registre l’exécution de Charles 1er, roi d’Angleterre, l’entrée de la reine Christine à Paris…, mais surtout les événements d’importance locale : faits météorologiques, cérémonies religieuses, crimes, indication de passages de gens de guerre, nombreuses mentions de personnes, à propos de baptêmes et d’enterrements… Un exemple : «…un petit gentilhomme, M. de Serre, hébergeait chez lui, en qualité d’étudiant, haut et puissant seigneur Louis-Harmand Gouffier. Il fut le parrain d’un enfant de la fille de M. de Serre, né à la suite du séjour de l’étudiant, alors âgé de 17 ans ». Autre fait divers : « 1646, les enfants de cette paroisse ont été tourmentés et affligés de pourpre et petite vérole »… « le 20 février 1658, est arrivée une inondation d’eau à Chennegy et autres lieux, si grande que l’histoire en parla soit à Paris, Rouen et Lyon, et un froid si grand qu’il a duré de la St Thomas 1657 jusqu’à ce jour d’hui du 24 mars ».  

Les registres baptistaires de sa paroisse sont farcis d’anecdotes, de traits facétieux et d’histoires bouffonnes dus à la plume d’Etienne Bergerat.

Il décède en janvier 1671.

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