Associations, sociétés...



Bibliothèques Populaires 1880-1914


        Les bibliothèques populaires ouvertes au grand public commencent en France dès 1860, sous l’Empire libéral, lorsque les bibliothèques municipales ne répondent plus aux besoins de la population alphabétisée.

 

          Les fonds des bibliothèques traditionnelles constitués de manuscrits  et de livres anciens restent à cette époque le privilège de quelques professeurs et membres de sociétés savantes.

 

                       C’est le cas de la Bibliothèque municipale de Troyes où fut pourtant envisagée une expérience fort intéressante le 5 décembre 1866, dans le but de mettre des livres faciles à la disposition de la « classe ouvrière », selon l’expression du maire Argence (voir ce chapitre).

 

                       L’ouverture d’une bibliothèque populaire a lieu le 17 juillet 1970 dans une salle de la bibliothèque publique, avec un fonds de 753 volumes faciles mais peu attrayants.

 

                       Deux événements vont compromettre rapidement cette excellente initiative qui prend fin en 1873. Le 19 juillet, deux jours après l’ouverture de cette bibliothèque, la France déclare la guerre à la Prusse, et la pénible affaire Harmand, obligent la municipalité à fermer le service du 24 août 1872 au 17 février 1873. La bibliothèque populaire aura fonctionné 2 années en ne voyant qu’un seul lecteur !

 

                       Pendant de nombreuses décennies, les ouvriers craindront encore d’entrer dans ce temple du savoir et de la conservation…

 

                       Les autres bibliothèques municipales traditionnelles du département vivent aussi à l’écart de la vie moderne et leur situation n’est pas plus brillante que ce soit à Nogent-sur-Seine (créée en 1837), à Arcis-sur-Aube (1850), à Bar-sur-Seine (antérieure à 1869) ou à Romilly-sur-Seine (1872) où l’on conserve jalousement de belles éditions du XVIII° siècle aux reliures luxueuses.

 

                       Trois bibliothèques catholiques privées ont une certaine influence à Troyes : les bibliothèques de Saint Vincent-de-Paul, de Saint Michel et de Saint François de Sales. Dans l’Aube quelques paroisses possèdent un petit fonds des « bons livres » (Arcis-sur-Aube).

 

                       Une autre catégorie de bibliothèques progresse rapidement. Ce sont les « bibliothèques scolaires populaires » dont le nombre va doubler en quelques années. Elles passent de 200 en 1873 à 413 en 1880. Leurs livres faciles mais peu attrayants, choisis et autorisés par l’inspecteur primaire sont prêtés aux élèves et à leurs familles.

 

                       C’est pour palier les défauts de tous ces centres de distribution des livres que 3 mouvements nationaux entreprennent avec succès la fondation des bibliothèques populaires : l’Association Polytechnique (1831), la société Franklin (1862) et la Ligue française de l’enseignement (1868).

 

                       L’instruction fait alors de grands progrès depuis la loi Guizot (28 juin 1833). La fréquentation des écoles primaires augmente. Les cours d’adultes se multiplient. L’analphabétisme recule lentement. 

 

                       Néanmoins en 1876, l’Aube compte encore 24.658 personnes de plus de 20 ans, ne sachant ni lire ni écrire, soit 10 % de la population totale ! Mais on commence à croire à l’instruction partout, dans les villes et les villages. Les Aubois connaissent cet engouement, cet appétit d’information, d’éducation, de lecture. C’est aussi un courant politique nouveau qui favorise l’éclosion des 20 bibliothèques populaires fondées de 1878 à 1886, ave l’appui de la Ligue française de l’enseignement prépondérante dans notre département.

 

                       Léandre Nicolas, paysan vigneron, crée la « bibliothèque populaire et démocratique » de Laines-aux-Bois. Le 10 octobre 1879, 82 habitants (70 hommes et 10 femmes) élaborent les statuts de leur association, élisent un conseil d’administration et demandent l’autorisation au Préfet, d’ouvrir une bibliothèque.

 

                       Bénéficiant de la sympathie de la municipalité, des bibliothèques s’installent dans les locaux de la mairie : en 1879 à Aix-en-Othe, à Villemaur-sur-Vanne, à Neuville-sur-Vanne, en 1880 à Pâlis, en 1881 à Ervy-le-Chatel, à Bar-sur-Aube, à Villenauxe, à Estissac et à Mussy-sur-Seine.

 

                       Il y a aussi des bibliothèques indépendantes du pouvoir municipal : à Romilly-sur-Seine où fonctionne pourtant une bibliothèque municipale, à Bar-sur-Seine en 1881, c’est le même cas, à Pouan-les-Vallées en 1881, et en 1885 à Marigny-le-Châtel.

 

                       En 1891, M. Ulysse Robert, inspecteur de bibliothèques, dit que la bibliothèque démocratique et populaire de Troyes pouvait être classée  « parmi les premières bibliothèques populaires de France ».

 

                       L’association s’installe en juin 1881 dans un immeuble rue Jaillant-Deschainet, avec plusieurs autres sociétés.

 

                       En 1891, la bibliothèque dispose de 4.988 volumes pour 301 lecteurs.

 

                       A Pâlis, il y a 132 lecteurs en 1884, soit 10 % de la population, à Ervy-le-Châtel 53 lecteurs. Laines-aux-Bois a 82 lecteurs inscrits, et en 1900, 682 volumes (65 % en romans et 35 % en documentaires).

 

                       « La période 1880-1900 peut-être considéré comme l’âge d’or de la lecture ». En effet, en 1900, l’Aube possède une bibliothèque municipale importante à Troyes (voir ce chapitre), 5 petites bibliothèques municipales, 20 bibliothèques populaires actives, 24 bibliothèques pédagogiques, 549 bibliothèques scolaires avec 113.414 volumes et 104.640 prêts par an, et plus d’une centaine de bibliothèques chrétiennes paroissiales.

 

                       Si les populations urbaine et rurale fréquentent les bibliothèques, elles lisent aussi les almanachs et les romans-feuilletons si nombreux à cette époque et la presse locale (voir ce chapitre) très importante dans notre département : en 1882, 6 quotidiens et 11 hebdomadaires, en 1892, 3 quotidiens et 13 hebdomadaires.

 

                       Mais, cet âge d’or ne va pas durer. Dès le début du siècle, la lecture perd le monopole des loisirs avec l’apparition du cinéma et du sport.

 

                       Les bibliothèques populaires régressent lentement.

 

                       Les 2 guerres 1914-1918 et 1939-1945 réduisent l’activité de ces bibliothèques.  

 

                       Voir le chapitre « Le Bibliobus de l’Aube ».



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