Les Crimes



Suicide ? Crime ? La mort mystérieuse du Troyen Gilbert Gibier n’a jamais été élucidée


Le 21 janvier 1956, un jeune ouvrier agricole de 27 ans, Gilbert Gibier, disparaissait de chez son employeur, M. Marcel Velut aux Noës. Le père du jeune homme qui demeurait à Troyes, Place de la Préfecture, multiplia aussitôt les démarches, en proie à une grande angoisse. M. Gibier gardait la conviction que son fils était toujours vivant. « Gilbert n’a pu se suicider », affirmait-il.

Lorsqu’il disparut, Gilbert travaillait depuis 17 mois chez M. Velut. Ce jour là, son employeur lui fit quelques reproches au sujet d’un retard au lever. Il était 8 h 30, et M. Velut, soucieux de ne pas vouloir envenimer les choses, invita son commis à venir déjeuner. Mais Gilbert se mit en colère, et M. Velut lui dit : « Je ne te mets pas à la porte, mais tu pourras partir dès que tu auras trouvé une autre place. »  « Ma place, je l’ai déjà », répondit Gilbert Gibier.

A 8 h 30, Gilbert quittait son employeur, sans que celui-ci ait pu le payer. Il partit à bicyclette.

Le soir du départ de Gilbert, M. Velut trouvait sur la table de la chambre de son commis, une lettre qui lui était destinée. Il l’ouvrit aussitôt et il lut ces mots écrits par le jeune Gibier : « Cette lettre est celle d’un condamné à mort. Je m’en vais bien que je n’aie pas trouvé de place. Les 100.000 F que vous me devez, vous les porterez aux gendarmes, et vous les brûlerez devant eux ! ». Gilbert avait ajouté : « Je suis dans l’Aube ».

Tout d’abord M. Velut ne crut pas que le jeune homme s’était suicidé, mais le mardi suivant, n’ayant aucune nouvelle, il prévint la gendarmerie de Troyes. Les gendarmes se rendirent dans la chambre de Gilbert Gibier, et découvrirent qu’avant de quitter les lieux, le commis avait brûlé ses papiers d’identité.

Pour les enquêteurs, le suicide ne semble donc faire aucun doute.

Revenons en arrière. Le 22 janvier, Gilbert arrive chez son père, place de la Préfecture à Troyes. Il a l’air fatigué et ses chaussures sont boueuses. Pourtant Gilbert Gibier ne fait part d’aucune intention funeste à son père et ne lui parle pas davantage de sa démission avec son employeur. Au contraire, après le repas avec son père et sa sœur Sylvaine, il a joué de l’harmonica, puis est reparti avec sa sœur vers minuit, n’ayant pas l’air d’un homme qui veut mourir, promettant même à sa sœur de s’acheter le costume neuf que celle-ci l’avait incité à se procurer. « A samedi prochain », lui lança-t-il, au moment de la quitter et de partir dans la nuit en poussant son vélo dont un pneu était crevé.

Premier coup de théâtre, le mercredi suivant, au cours d’une ronde, des gardiens de la paix découvraient la bicyclette de Gilbert Gibier sur les bords de la Seine, à proximité du pont de Fouchy. Pour les gendarmes, cette découverte confortait la thèse du suicide, mais la famille continuait à refuser de croire à un geste désespéré. « Ce n’est pas un gars à faire ça », affirmait le père. Sylvaine déclarait de son côté : « on le connait assez, on se serait rendu compte le dimanche, s’il avait eu une idée derrière la tête ».

8 jours plus tard, on retrouvait le blouson de Gilbert, une canadienne, au bord de la Seine, à quelques mètres de l’endroit où avait été découverte la bicyclette. Dans une poche de sa canadienne, une lettre disait : « Il est minuit, je vais mourir. Je ne veux pas me noyer, je vais me pendre ». La poche contenait également une facture, celle de l’achat de 2 mètres de corde. Autre découverte, à côté du vêtement : 16 billets de 1.000 F à demi consumés.

Les gendarmes sondèrent le lit du fleuve, mais en vain. D’autres investigations se poursuivirent dans les peupleraies situées à proximité du barrage de Fouchy. Le 31 janvier, un amateur de pissenlits, demeurant à Troyes, rue des Marots, ouvrier aux Ets Latour, devait retrouver, pour sa part, dans un champ situé entre la route de Paris et Grange-l’Evêque, la cravate du disparu, que M. Gibier père, appelé à la gendarmerie, reconnaissait formellement : « Mon fils la portait le dimanche, peu avant sa disparition ». Les enquêteurs furent alors amenés à penser que, comme il l’avait annoncé dans sa lettre trouvée au bord de la Seine, Gilbert avait renoncé à se noyer et que, s’étant dirigé vers Grange-l’Evêque, il s’était pendu dans un des bois de sapins. Les gendarmes effectuent un ratissage de toute la région, mais sans succès. 2 mois plus tard, le 9 mars 1956, le corps du malheureux jeune homme, reconnaissable à son œil de verre, est découvert noyé. C’est un bûcheron des Eaux et Forêts, demeurant à Troyes, qui fait cette découverte macabre, au lieu dit Le Pertuis, au-delà du vannage du Canal Saint-Etienne à Fouchy. Détail troublant, le cadavre portait une cravate, alors que celle que portait Gilbert Gibier le jour de sa disparition, avait été retrouvée 8 jours plus tôt dans un champ près de Fouchy. L’autopsie devait relever des traces suspectes à la hauteur des reins de la victime. Les poumons du défunt contenaient peu d’eau. L’infortuné commis avait les yeux clos et il flottait sur le ventre lorsque son cadavre fut retrouvé, alors qu’un noyé, généralement, a les yeux ouverts et remonte sur le dos. Le rapport d’autopsie conclut cependant que l’ouvrier agricole avait pu se suicider.

Le juge d’instruction ne voulut pas classer l’affaire, considérant que toute la lumière n’avait pas été faite. Un mystère demeurait. Parmi les points non élucidés, la question se posait de savoir qu’était devenu l’argent du jeune homme : une somme de 16.000 F avait été retrouvée brûlée au bord de la Seine, or, Gilbert devait posséder 46.000 F la veille de sa disparition.

Ce serait peut-être alors une personne amie, inconnue qui l’a délesté de son argent et lui aurait fait un mauvais sort, et organisé la mise en scène de la canadienne et des 16.000 F brûlés.

On serait en présence d’un crime parfait !

Le mystère n’a jamais été élucidé !     

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