La vie à Troyes



Frontières Tricasses


Celtes
Celtes

 

 

Les premiers hommes qui se répandirent dans nos contrées furent, à cette époque reculée, comme aujourd’hui lorsque les hommes prennent possession de terrains vierges, entraînés naturellement à fixer leurs demeures vers les sources, au bord des rivières, près des forêts.

 

Dans ces conditions, ils trouvaient l’eau, le poisson et le gibier et de plus un abri contre l’intempérie des saisons. Tel est le tableau de la première période de la vie de l’homme sur la terre. La seconde commence au moment où ils s’entourent de bestiaux, se livrent à la domestication et cultivent la terre.

 

Les Celtes ou Galls occupent, comme indigènes, les régions arrosées par la Seine et l’Aube, au moins pour la partie de ces rivières comprise dans les régions dépendant de la Champagne méridionale. A l’ouest de la forêt du Der, se tient le peuple « Hall ».

 

En 54 avant J-C., les Tricasses dont le territoire est situé entre celui des Lingons et celui des Senons, en faisant partie de cette dernière confédération, n’ont pas encore été nommés. Cette peuplade doit alors être constituée, elle existe dans les lieux où un jour devait s’élever l’une des cités gauloises. Elle occupe les bords de la Seine et la plaine du diluvium qu’arrose cette rivière.

 

Le territoire qu’occupent les Tricasses est alors fort limité, il se renferme entre les forêts du Der, d’Ile (Aumont), la contrée d’Othe et les plaines arides de la craie. Il s’étend ensuite au levant et au midi, au fur et à mesure que les défrichements se produisent. Il va, au Moyen-âge, jusqu’aux limites occidentales des terrains jurassiques, confins, dans notre département, de l’ancien diocèse de Langres.

 

Les Tricasses ne sont alors qu’une modeste peuplade gauloise que César, passant dans ces parages, n’a même pas mentionnée dans son itinéraire.

 

Pline et Ptolémée en font mention.

 

Ravagé par les Bagaudes en 286, notre pays des Tricasses devient, au V° siècle, le théâtre de la dernière lutte contre les Huns : les Champs catalauniques où Attila laissa 300.000 hommes sur le terrain de cette rencontre mémorable.

 

L’archéologie venant au secours de l’Histoire, nous apporte sur les plus anciens problèmes des données qui ne sont pas négligeables.

 

Pour commencer, à l’ouest, il semble qu’on doive accorder aux Tricasses la Forêt d’Othe qui s’offrait aux portes de Troyes et qui témoigne d’un peuplement issu de la préhistoire. Cette contrée séparée abusivement par la délimitation départementale, se termine en réalité à la vallée de l’Yonne.

 

Si, par ailleurs, on tient compte, dans les tombes, de la répartition des torques (portés à titre honorifique, par les guerriers gaulois) ternaires, bijoux symboliques des Tricasses, et même de leurs pièces de monnaie, on admettra, avec les bons chercheurs, que la limite des Tricasses avec les Sénons (peuple gaulois qui se déploie à Troyes et à Sens à qui ils donnent le nom) pouvait atteindre cette importante rivière.

 

En effet, les peuples de la Gaule recherchaient le plus possible des frontières naturelles et de ce côté, aucune autre ne se rencontrait. Les peuplades de la Gaule laissaient souvent entre elles un certain espace qui, privé de culture, se transformait rapidement en profondes forêts. Frontière sud des Tricasses : en partant de la Forêt d’Othe, on rencontre le massif boisé d’Aumont, de Chaource, de Rumilly, la Plaine de Foolz (Jully-sur-Sarce), le Grand-Orient, la forêt de Soulaines et celle du Der qui nous conduisent, sans discontinuité jusqu’à Montier-en-Der. Nos aïeux adoptaient ainsi une frontière géologique.

 

Quelles étaient les bornes limites du nord ?

 

En observant les coutumes funéraires des Suessionnes (Soissons), des Remi (Reims) et des Catalauni (Châlons) et en les comparant à celles des Tricasses, on peut établir les points de rencontre de ces peuplades.

 

En effet, les tombes des Tricasses, à l’inverse de celles de leurs voisins, ne se pliaient à aucune orientation fixe.

 

On n’y rencontre que très peu de poteries alors que celles des autres en sont largement pourvues. De plus, le Gaulois mort ne porte pas à son côté un couteau de chasse. Jamais il ne figure dans une sépulture à char.

 

Dans les tombes féminines des Tricasses apparaît le fameux torque ternaire tandis que les femmes des Rémi et des Catalauni ne connaissent que les torques à tampons et celles des Suessionnes, que les torques à crochets. Ces discriminations sont d’importance. Elles permettent de fixer les bornes-limites des Tricasses, sur de petites rivières Marnaises.

 

« La vallée du Petit Morin et les Marais de Saint-Gond, puis la vallée de la Berle (ruisseau de la Marne) sépare le Territoire des Tricasses de celui des Suessionnes (peuple gaulois qui a laissé son nom à la ville de Soissons).

 

La vallée de la Soude, puis celle de la Somme-Soude formeraient la frontière entre les Tricasses et les Catalauni (peuple belge dont le nom celte signifie « les meilleurs au combat) ».

 

Une question se pose avec acuité : comment tirer une ligne séparative au sud de la Marne ?

 

Autrement dit, où casser en deux aujourd’hui l’ancienne Champagne qui a vu bien pire à la Révolution puisqu’elle a été écartelée ?

 

Les récentes découvertes nous le désignent implicitement. Cette frontière de raison ne serait qu’une frontière proto historique reposant sur des bases réelles. Elle aurait en outre le mérite de se trouver à peu de kilomètres près, à égale distance entre les deux villes.


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