Les Crimes



Mystère au château de Villebertin



Ce crime est une " énigme non résolue".

A cette époque, mon épouse était en vacances juste en face de l’allée du château, et cette histoire l’a marquée !

Ce vendredi 7 juillet 1939, vers 16h30, Geneviève Brigandet quitte, à bicyclette le Château de Villebertin, où ses parents sont régisseurs, au service de monsieur le vicomte du Parc. Cette normalienne de 19 ans s’apprête à participer au voyage de promotion du 14 juillet. Pour cela, elle a demandé à sa couturière de Verrières de lui confectionner une jaquette, et l’essayage terminé, vers 17 h 30, elle repart au château. A 19 h, ne la voyant pas de retour, ses parents pensent à un accident. Son père va chez la couturière qui lui confirme le départ de sa fille. Au lever du jour, M. Brigandet va à la gendarmerie faire sa déposition. Les gendarmes enquêtent à Buchères, Maisons-Blanches, Moussey et Verrières. Ils fouillent le lit de la rivière et les bois environnants. Le dimanche matin au lieu-dit Le Champ du moulin, ils trouvent un petit peigne, un morceau d’étoffe près de fils de fer barbelés, et dans un trou d’eau un cadavre qui est celui de Geneviève ! Le Parquet et la Police sont prévenus, le procureur, le juge d’instruction, le greffier, le médecin légiste arrivent sur les lieux. L’autopsie indique que Geneviève n’a été victime d’aucune violence. Juste un hématome au-dessus de l’oreille droite. Elle a succombé à une hémorragie interne. La mort n’est donc pas due à une immersion, c’est un cadavre qui a été jeté dans ce trou d’eau. Le corps est transporté à la mairie de Buchères. C’est alors l’audition des témoins. La couturière confirme que la jeune normalienne était enjouée et qu’elle lui a remis un échantillon de tissu (celui retrouvé), avant son retour pour le château, vers 17 h 30. Une habitante de Verrières signale que près de La Fosse aux Carpes le vendredi soir, elle a entendu un bruit de lutte, des cris étouffés, a vu briller dans les broussailles le guidon d’un vélo. Un restaurateur à Troyes et Verrières, dit avoir aperçu lui aussi, vers 17 h 50, un guidon de bicyclette émergeant de fourrés. Le jeudi 11 juillet, les obsèques de Geneviève Brigandet ont lieu à Buchères, avec le curé de Bréviandes et l’abbé Boudoul, curé de Moussey. Les discours d’une élève, puis de la directrice, sont entrecoupés de sanglots, comme dans l’assistance.

Quatre jours plus tard, le mystère persiste ! Le commissariat fait paraître un article demandant aux personnes qui auraient emprunté la route de Verrières à Buchères, le vendredi après midi, de se faire connaître.

On a retrouvé le corps, mais où se trouve la bicyclette ? - Suicide ? - Accident mortel ? - Crime ? Après les auditions le crime ne fait aucun doute. Mais, quels peuvent en être les motifs ?

- Suspect n°1 : un automobiliste ? La jeune fille a peut-être été heurtée par un automobiliste qui aurait caché le corps dans un trou d’eau. C’est invraisemblable, car il aurait fallu porter 150 mètres, par dessus une clôture, des fils de fer barbelés, à travers des ronces… le corps très robuste, avant de le précipiter, dans le trou d’eau ! Enfin, que serait devenue sa bicyclette ?

- suspect n°2 : lors des obsèques, un jeune homme s’écroule inanimé. C’est un ami d’enfance de Geneviève. Cela éveille aussitôt la curiosité les gendarmes, mais ils écartent cette piste !

- La piste est aussitôt abandonnée, puisque le vendredi tragique, ce jeune homme n’a pas quitté la ferme de ses parents, où il a chargé tout l’après-midi du fumier ! suspect n°3 : un jeune déséquilibré ?

- suspect n°4 : un inconnu aurait donné rendez-vous à Geneviève à La Fosse aux carpes ? Une discussion, elle est frappée, son interlocuteur prend peur et la jette dans le trou d’eau ? La police regrette que l’autopsie ait été faite dès la découverte du corps, et surtout, sans la présence ni du commissaire, ni de l’inspecteur, qui auraient peut-être décelé des indices pouvant être d’un précieux appoint pour leur enquête ! Les test avec ADN n’existaient pas encore.

Je me mets à la recherche d’autres témoins de ce drame.

Pour madame X de Méry-sur-Seine, ce serait un drame de la jalousie :

- 5° suspect : une jeune fille jalouse. Madame X avait 23 ans à l’époque était une amie de Geneviève, qui venait de se fiancer à un jeune instituteur qui faisait son service militaire au 35° Régiment d’Infanterie à Belfort. La jeune fille, auparavant, aurait eu une liaison, et Geneviève aurait reçu des menaces d’une femme qui fréquentait le même jeune-homme.

- 6° suspect : un cambrioleur. Je rencontre monsieur Z, qui me parle d’un cambrioleur, que Geneviève aurait reconnu lors d’un vol commis au château de Villebertin, la veille de sa disparition !

Je rends visite à madame Y de Pont-Sainte-Marie, qui aurait reçu les confidences de ses parents et grands parents… 1 jeune, travaillant aux Transports Lauvergeat serait notre 7° suspect. 

Je rencontre madame S.F. qui habite Maisons Blanches, et connaissait bien Geneviève. Elle me confie que depuis 70 ans, elle ne peut s’empêcher de penser à Geneviève chaque fois qu’elle passe devant le château ! Je l’interroge sur ses souvenirs de cette époque, et j’inscris le nom d’un 8° suspect : le Vicomte du Parc ! A l’époque, la rumeur parlait d’un crime commis par le Vicomte du Parc.. Bernard du Parc a en effet été mis en prison, mais relâché faute de preuves 2 jours plus tard !

Je rends visite à monsieur B.C . Pour lui, il y aurait un - 9°suspect : un soldat !  L’audition, à l’époque de soldats n’a pas eu de suites. Il me reste un important témoin : Mme Fays, dont les parents étaient, en 1939, régisseurs du Château, où elle habite. A ma question : " Après ce drame, en avez-vous parlé avec votre père ? ", elle me répond : " Oh oui, plusieurs fois, mais c’était toujours bouche cousue, et je n’ai plus insisté devant la fureur du père !!! ". " En avez-vous parlé avec les vicomtes Maxime ou son frère Bernard ? "."M. Bernard m’a dit avoir été mis en prison à ce sujet, et qu’il ne voulait plus en entendre parler ! On a aussi parlé du curé d’une commune proche, qui passait sa vie au château, et y commandait tout le monde, même M. le Vicomte ! La rumeur disait que c’était lui le coupable ! "

Suspect n°10 : le curé voisin ! Mais cette dame ne sait pas s’il a été entendu par les gendarmes à cette époque, c’est seulement M. Hugerot qui le lui a affirmé ! Lorsque je rencontre Mme Fays, elle pousse le fauteuil roulant de son époux dans l’allée du château. Avant de les quitter, je lui pose cette question : " Et vous, M. Fays, avez-vous quelques souvenirs de ce drame ? ".

" Ben oui, pour moi, j’avais entendu dire que c’était l’œuvre du marchand de frites qui était sur la plage de Villepart, où il venait le dimanche et les jours de fête l’été ! "

Suspect n°11 : le marchand de frites. Cette hypothèse n’est pas plausible, Geneviève Brigandet ne fréquentait que la plage de Verrières !

 

En recherchant les témoins de ce drame, j’ai recueilli 70 ans après :

- 11 confidences, mais….

- 11 hypothèses différentes, donc…

- 11 assassins présumés !!

La solution de l’énigme est aujourd’hui entre vos mains. Pour vous, quel est l’auteur de ce crime ?

 

Le 17 Mai 2020, j'ai reçu un message au sujet du crime que j'avais relaté ci-dessus. Ce correspondant, qui me demande l'anonymat, mais que je remercie chaleureusement, apporte des éléments complémentaires à ce dossier :

" J'ai retrouvé ces éléments dans des papiers manuscrits de ma mère, qui était condisciple de Geneviève Brigandet à l'Ecole Normale d'Institutrice de Troyes.

Elles ont été très proches, et se sont brouillées pour des affaires de coeur.

Ces éléments ne sont ni une preuve, ni un témoignage, mais un récit autobiographique dans lequel les noms ne sont pas indiqués, et les prénoms changés.

Mais je sais, pour en avoir beaucoup entendu parler dans mon enfance, de qui et de quoi il s'agit.

L'Hypothèse émise est la suivante : les propriétaires du château ont un fils (Hubert dans le texte de ma mère), un peu retardé mentalement, et très amoureux de Geneviève.

Ma mère le rencontre dans le parc du château quelques semaines avant le crime (les dates ne sont pas précisées), lors d'une promenade solitaire dans la forêt.

Au jeune homme qui demande des nouvelles de "Viève", ma mère répond qu'elle n'est pas là, et propose, par jeu, qu'ils la cherchent tous les 2.

Lors de la longue promenade qui suit, le jeune homme dit tout son amour pour Geneviève, qu'elle lui appartient, qu'il est malheureux  quand elle est à l'école, qu'il voudrait qu'elle soit toujours là et qu'il ne la laissera plus jamais quitter le château.

Ma mère, qui, rappelons-le, est maintenant brouillée avec Geneviève, après une phase d'amitié assez exclusive à l'école, et est très remontée contre elle, est alors prise d'une sorte de frénésie verbale contre son ex amie, qui, selon elle, a beaucoup changé et la rejette.

Elle dit alors à Hubert toute l'indifférence de Geneviève pour lui, son dégoût du château et de sa forêt, dans lequel ses parents sont domestiques. Elle dit que Geneviève est fiancée, qu'elle partira, loin de la forêt, du château et de Hubert...

Hubert pleure, s'agite et refuse d'entendre ce que ma mère lui raconte.

Ma mère le calme et le console, en lui donnant des bonbons, un peu inquiète toutefois de tout ce qu'elle vient de dire.

Quelques jours plus tard, les vacances scolaires arrivent et ma mère part quelques jours.

A son retour, elle apprend l'assassinat de Geneviève, la veille...

A ma connaissance, ma mère n'a jamais été auditionnée et n'a aucunement fait état des faits relatés dans son texte.

Je ne veux, ni ne peux porter, de grave accusation sur la base de ce qui précède, seulement ajouter un suspect non évoqué, dans votre liste, déjà étoffée ".

 


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