Après la glorieuse affaire de Brienne, où une poignée de braves ne craignirent pas d’attaquer l’armée de Blücher, qui leur était de beaucoup supérieure, Napoléon, persuadé que l’ennemi fuyait, et voulant s’opposer aux forces que celui-ci dirigeait sur les routes de Bar-sur-Aube, Bar-sur-Seine et Auxerre, sur Troyes et Sens, avait ordonné au maréchal Ney de se porter sur la première de ces 2 villes.
Quelques jours auparavant, le général Gérard avait fait couper le pont qui traverse l’Aube à Lesmont, et que Blücher, surpris le 29 par l’armée française, n’avait pas eu le temps de rétablir.
Ney, en y arrivant le 30, dans l’après-midi, avec les réserves qu’il commandait, trouva le passage intercepté. Il fut obligé de s’arrêter et d’achever ce que l’ennemi avait commencé.
Son mécontentement fut extrême. Il fit appeler le maire, à qui on avait précédemment ordonné de s’occuper de cette réparation, mais qui n’en avait rien fait, et lui dit : « Vous mériteriez, monsieur, que je vous fisse conduire vers l’empereur, pieds et poings liés, pour ne pas avoir fait suivre la reconstruction de ce pont, ainsi qu’on vous en avait donné avis. Vous ne deviez pas ignorer surtout combien ce passage, dans la circonstance présente, est important pour l’armée française ».
La journée du 31 se passa en entier à cette réparation, et ce ne fut que le lendemain 1er février, dans la matinée, que les réserves sous les ordres de Ney, commencèrent leur marche sur Piney.
Mais avant de se mettre en mouvement, l’empereur, qui de Rosnay s’était porté à Lesmont, fut averti que Blücher, avant de quitter Dienville, avait fait filer sur le pont de l’Aube qui traverse ce village, quelques corps sur Piney, en les dirigeant par l’Etape et Brevonnes.
Le lendemain, toute l’armée ainsi que l’arrière-garde étaient en bataille devant Brienne. Elles prirent des dispositions pour passer en ordre le pont de Lesmont.
Napoléon quitta également le château de Brienne, où il venait de coucher pour la dernière fois, et se rendit à Lesmont, pour y être témoin du passage du pont.
Il fit aussi de très vifs reproches au maire pour sa négligence, car le passage ne put être rétabli que le 1er, ce qui retarda la marche de l’armée française d’un jour et d’une nuit. Sur le soir, il quitta Lesmont, et porta son quartier-général à Piney, où il coucha.
L’armée française ayant exécuté le passage du pont et évacué Lesmont, ses sapeurs, en coupèrent la première travée, portant sur l’entrée du village. Le reste, que pendant la construction on avait à dessein enduit de goudron, et sous lequel on avait placé des matières combustibles, fut aussitôt livré aux flammes.
Le feld-maréchal prussien eut alors l’ordre de rejoindre Troyes.
Il ne quitta pas Lesmont sans que sa troupe ne se soit livrée à ses excès habituels envers les malheureux habitants, qui furent tous complètement pillés et maltraités. 72 maisons furent brûlées.
Surtout, la perte de sa halle (voir ce chapitre), démolie par Blücher, et dont les soldats brûlèrent les bois, présagea pour ce bourg d'énormes dépenses dans lesquelles l’entraînerait la construction d’une nouvelle, et rappela longtemps à Lesmont le séjour de l’étranger.
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