Saints de l'Aube



Saint Victor


La vie de saint Victor est connue par un lectionnaire (livre liturgique) de l’abbaye de Montiéramey, dont s’est servi saint Bernard pour composer un office.

 

Victor apparait dans la France Mérovingienne 1 siècle après le baptême de Clovis.

 

Le saint reçoit son nom avant de naître. En effet, lorsque sa mère le portait, elle rencontra quelqu’un torturé par un esprit impur qui s’écria : « Pourquoi nous tourmentes-tu avant de naître, saint vainqueur de Dieu (Victor Dei) ? »

 

Victor brilla dès son enfance de toutes les vertus, alliant la grâce d’un enfant à la sagesse d’un vieillard. Après de solides études, il gravit les degrés de la cléricature et est ordonné prêtre. Il obtient de son évêque de se retirer dans la solitude et revient « au pays d’Arcis », voisin de son berceau, puisque fils d’un seigneur de Queudes. Il s’arrête près de « Saturniacum », une propriété rurale et gallo-romaine en aval de l’Aube, « à 6.000 pas d’Arcis-sur-Aube », à l’est d’un péage qui recevra au XI° siècle, le nom de Plancy.

 

Sa vie s’écoulera dans une cabane au bord de l’eau, bien défendue par la friche et le taillis, avec une petite chapelle ressemblant à celle d’un ermite, avec un autel de pierre, et dessous, une petite crypte ou cave. Un seul repas le soir, de longs offices de nuit, les œuvres de miséricorde au long du jour.

 

Il y avait de grands bois tout au long de la vallée de l’Aube et les bêtes sauvages y étaient nombreuses. Un jour, le roi, soit  Chilpéric, soit Childéric fils de Clovis II, s’arrête près de l’oratoire du saint, qui gracieusement l’incite à entrer et se reposer. Il fallait offrir des rafraîchissements à un tel hôte. Victor envoie chercher la cruche de vin par son familier, mais elle est vide. Il la fait remplir d’eau qui, à sa prière instante, est changée en vin. Le roi apprécie le bon vin et ne peut qu’écouter favorablement l’ermite qui lui donne quelques bons conseils pour gouverner ses sujets. Il repart avec sa suite, louant Dieu de cette étonnante rencontre.

 

Une nuit, il est prosterné en prière, quand, se redressant, il aperçoit le ciel ouvert et la croix du Seigneur toute brillante, ornée de chaque côté de pierres précieuses. Une voix lui dit : « Ce que tu vois, ce sont les âmes de saints qui ont lavé leurs robes dans le sang de l’Agneau ». Cette vision contribue à accroître son désir de contemplation des réalités célestes.

 

Il arriva à cette époque, qu’un homme arrêté pour vol était enfermé depuis longtemps dans la prison du château d’Arcis. Il eut la vision du bienheureux Victor, comme si celui-ci  touchait de son bâton l’ensemble des chaînes qui le liaient. Se réveillant, il sentit en soi une force manifeste que les liens qui l’attachaient avaient été détachés de ses mains et de son cou, et ils n’étaient restés qu’à ses pieds. Anxieux de ce qu’il devait faire, il eut l’idée d’aller à la basilique demander le secours du saint homme. Le gardien de la prison gisait inanimé. Il se leva. La porte de la prison était ouverte. D’un pas rapide dans le silence de la nuit, il parcourut 6.000 pas. Lorsqu’il toucha les portes de la basilique, ses fers se brisèrent, « et il montra ses mains en témoignage au peuple ».

 

Saint Bernard, si sévère pour les saintetés farfelues, vouait à saint Victor une grande vénération. Il admirait en lui la « sobriété, le dévouement au service de Dieu, la chasteté du corps, la pureté du cœur, sa charité pour les étrangers, sa patience pour les pêcheurs, sa bonté envers tous ».

 

         Les foules le visitaient, et les malades imploraient leur guérison. Mais on invoquait Victor surtout contre toute aliénation, folie comprise : « on amène les énergumènes possédés et les fous, et ils sont libérés par l’action bienfaisante et salutaire de saint Victor et ils retrouvent la santé. Il ne s’écoule guère de jour qu’il n’arrive quelque chose de ce genre ».

 

         On sait aussi comment le jeune Louis Alexandre Brisson aimait se recueillir à la Pénitence de Saint-Victor et comment, fondateur des Oblats il conduisait ses élèves de Saint Bernard à Montiéramey, où se trouvaient alors ses reliques.

 

         Saint Victor mourut un 26 février, on ignore l’année.

 

On ne sait ni quand (en tout cas, avant la fin du  XI° siècle, puisque le Missel troyen de 1060 mentionne la célébration de sa fête le 26 février), ni pourquoi les reliques de saint Victor furent transférées à l’abbaye de Montiéramey. Peut-être parce que l’abbé était le collateur de plusieurs églises au doyenné d’Arcis. La fête de la translation des Reliques, le 11 octobre, apparaît au début du XII° siècle.

 

Les moines de Montiéramey propagèrent avec zèle le culte de Saint Victor et donnèrent celui-ci pour patron à leurs prieurés de Soulaines et de Viviers  ainsi qu’à l’église de Chervey.

 

Au temps de Saint Louis, en 1240, l’abbé Jacques II, originaire de Montiéramey, fit faire un reliquaire d’argent pour un os du bras et en 1243, une châsse recouverte d’argent pour le corps du saint. La tête était conservée dans un reliquaire spécial en forme de buste, lui aussi recouvert d’argent : « Le chef du saint était enclos dans un chef d’argent fort bien dressé, et ses autres ossements dans une châsse d’argent ».

 

Une confrérie de Saint-Victor avait été fondée en 1369 par l’abbé Pierre de Reynel et la dévotion au saint ermite était si vive qu’elle obtenait des miracles. Par son intercession le pays était protégé des aventuriers tels les Bourguignons en 1433 et les Allemands conduits par Pierre d’Archambaud dit le Boutefeu en 1472.

 

Vint la Révolution. L’abbaye fut vendue comme bien national. La châsse de Saint Victor ainsi que le chef (mais sans son reliquaire  précieux) purent être remis au curé de Montiéramey par les derniers religieux « en larmes » et transportés processionnellement à l’église paroissiale.

 

En 1841, le chanoine Roisard, vicaire général, procéda à la reconnaissance solennelle des reliques et l’on érigea un autel de Saint Victor.

 

En 1869, on ouvrit à nouveau la châsse pour donner quelques reliques à l’église de Charmont.

 

Peu à peu, le culte de Saint Victor à Montiéramey déclina et s’éteignit.

 

Les reliques demeurèrent donc à Montiéramey jusqu’à la destruction de l’abbaye sous la Révolution, et ils furent transférés à Arcis. L’église de Montiéramey les recueillit un peu plus tard, mais la paroisse de Plancy, qui n’avait pas oublié son saint compatriote, a obtenu l’insigne honneur de les conserver désormais en son sein, à la chapelle de la Pénitence Saint Victor, et chaque année sa fête était célébrée par un pèlerinage que présidaient le curé et les chanoines du Chapitre Saint-Laurent. En 1957, le curé demanda à Monseigneur l’Evêque de rentrer en possession des reliques de Saint Victor, ce qui lui fut accordé. Montiéramey conserva celle du bras. La maison-mère des Sœurs Oblates de Saint-François de Sales qui apprêtèrent la nouvelle châsse, reçurent  un fragment pour leur chapelle. Puis le corps de Saint Victor revint au lieu de sa vie terrestre où il est honoré chaque année par un pèlerinage, le dimanche le plus proche du 11 octobre.

 

         Plusieurs paroisses sont placées sous son patronage : Chervey, Viviers-sur-Artaut, Villeneuve-Saint-Vistre. D’autres conservent quelques reliques : Chervey, Prugny, Neuville.  Des statues conservent son souvenir à Saint-Julien, Montiéramey et Viâpres-le-Petit. Il y a aussi un vitrail moderne à Villadin.

 

        Une chapelle récente (1958) construite sur de vieilles fondations signale toujours « la Pénitence de Saint-Victor ».

 


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