La vie à Troyes



La Prévôté Royale de Troyes


Hostellerie du petit Louvre
Hostellerie du petit Louvre

En 2015, nos paysans, agriculteurs, éleveurs sont dans une situation critique, le gouvernement ne faisant que des recommandations, ou saupoudrant quelques subventions. Comment leurs collègues vivaient cela au XVI° siècle ?  Les prix de vente de leurs productions dépendaient directement des Prévôts de Troyes, tout était réglementé. Je vais vous en donner quelques exemples, amusants et très intéressants. L’édit de 1536 fait des prévôts, des officiers de police d’un ordre inférieur. Les appels de leurs sentences doivent être portés aux baillis et aux juges présidiaux. En cas d’assemblée générale des habitants, le bailli présidait et le prévôt y assistait. Il y avait alors des élections chaque année, pour nommer les maires, les échevins, les conseillers de ville, et, de plus, des assemblées générales pour arrêter des mesures de police applicables aux habitants. Il y avait à cette époque, environ 300 hôtelleries à Troyes, il y en avait dans tous les quartiers, et elles recevaient de nombreux voyageurs. La place du Marché-au-Blé (place Jean Jaurès) était entourée d’hôtelleries : il existait en 1553, l’hôtel de la Cloche, l’hôtel du Pont-de-Charenton, l’Ecu de Bourgogne, l’Ecu de France, l’hôtel du Gros-Denis, l’hôtel du Soleil, les hôtels des Trois-Faulx, du Barbeau, du Mulet, du Cornet, de l’Ecrevisse… Au XVI° siècle, époque d’activité et de prospérité, la ville de Troyes était une grande hôtellerie où des étrangers de toutes parts venaient acheter les produits de l’industrie troyenne, non plus aux foires, qui n’existaient plus guère que de nom, mais bien dans les magasins des commerçants, dans les ateliers des fabricants troyens. En 1563, en vertu de lettres-patentes du roi, et sous l’autorité du bailli, il fut dressé un tableau concernant le prix auquel les hôteliers, taverniers et cabaretiers de la ville de Troyes et autres lieux du bailliage, logeant, en leurs maisons, gens de cheval ou de pied, pourront vendre leurs denrées. Ce tableau fut dressé « pendant le carême 1563 » (la livre tournois vaut 240 deniers ou 20 sous) :

         «  A la Dinée : pendant le Carême. Pour l’homme : vin du pays, blanc ou clairet, 3 potos, mesure de Troyes, faisant la pinte de Paris, 12 deniers tournois. Pain, 3 deniers tournois, pour un quart de pain ou demi-molot, pesant 10 onces et demie, ce qui donne pour le pain entier 12 onces. Un plat de potage de pois ou d’herbage, 6 deniers tournois. Un hareng blanc ou saur, 6 deniers tournois. Un tronçon d’un pouce de largeur de brochet, ayant de 18 à 24 pouces entre l’œil et la fourchette, ou un tronçon d’un pouce de largeur d’une truite ayant 12 pouces, entre l’œil et la fourchette, ou un tronçon de 2 pouces de largeur du barbeau, ayant 12 pouces entre l’œil et la fourchette, ou 1 perche de 6 pouces, ou 2 vandoises, ou 3 barbillons, ou 2 gardons, ou 1 tronçon de carpe de 10 à 12 pouces, 6 onces de morue ou saumon, de chacune espèce, le tout cuit et assaisonné, évalué 18 deniers tournois. 1 pomme, 1 poire, 1 demi douzaine de noix pour dessert, 2 deniers tournois. Pour le linge, 2 deniers tournois. Pour la dînée du cheval, 2 bottes de foin pesant chacune 4 livres, 10 deniers tournois. 1 picotin d’avoine, les 4 faisant le boisseau, mesure de Troyes, 1 sou, pour l’attache ½ tournois. La dînée ainsi réglée, coûtait pour l’homme et le cheval, 6 sous tournois. « Pour la soupée pendant le Carême » : on ajoutait à ce menu une plus grande provision pour le cheval. L’attache et la paille sont portées à 6 deniers. Pour 1 lit et des draps « blancs », soit pour 1 ou plusieurs personnes, 6 deniers. Le feu et la chandelle, 10 deniers tournois, ce qui porte la dépense à 9 sous tournois. La dépense pour la journée d’un homme et d’un cheval ainsi réglée, coûtait donc 15 sous tournois. Pour le temps de Pâques 1564 à septembre suivant : la livre de bœuf cuit provenant de la poitrine ou du quartier de derrière, 16 deniers tournois, du surplus, 14 deniers tournois. La livre du meilleur mouton gras, cuit, 20 deniers tournois. Le moyen, 16 deniers, la livre de veau cuit, 20 deniers tournois, la livre de lard gras à larder, au-dessus de 4 doigts de hauteur, 3 sous 4 deniers tournois, et celle de 3 à 4 doigts, 2 sous 6 deniers tournois. Le porc salé, 2 sous tournois. Les hôtes avaient la liberté de ne consommer que ce qu’ils voulaient, et payaient en proportion de leur consommation. Il est défendu aux rôtisseurs, poulaillers et revendeurs, de vendre à des prix plus élevés : 1 gros chapon 10 sous tournois, le moyen, 5 sous tournois. La meilleure poule, 4 sous, la moindre 3 sous 4 deniers. Un gros poulet 20 deniers, le moyen, 12 deniers. Pigeons et pigeonneaux, 10 deniers la pièce, 1 jeune oison de 3 semaines à 1 mois, 2 sous tournois, 1 vieil oison jusqu’à 6 mois, 3 sous 4 deniers, 1 vieux coq d’Inde, 10 sous tournois, la jeune poule 5 sous tournois. Suivant un édit du roi, il était défendu de manger les poules d’Inde alors qu’elles avaient atteint 1 an. Les gens des villages vendaient et pouvaient vendre les produits de leur basse-cour de gré à gré. Les marchands de denrées alimentaires ne pouvaient vendre 1 lapin de garenne plus de 5 sous tournois, celui de clapier 3 sous, la perdrix 4 sous…, en cas de vente de ces denrées à plus haut prix, les contrevenants étaient imposés de 20 livres tournois d’amende. Il était défendu par le roi, aux hôteliers et cabaretiers de vendre ou de livrer à leurs hôtes autres marchandises que celles de bœuf, de mouton, de veau et de porc, et de vendre chapons, poules ni poulets, pigeons, lapins, perdrix ni autre gibier, sous peine de 100 livres d’amende pour la 1ère fois, 200 f. pour la deuxième, et pour la troisième en outre de l’amende de 200 f., d’être puni corporellement. Les hôteliers étaient en outre punis de 10 livres d’amende s’ils refusaient de ne recevoir aucun voyageur. Le prévôt de Troyes était chargé de l’exécution de cette ordonnance.

         Il y avait 2 tables de police, qui, après avoir été arrêtées, étaient imprimées en placard et affichées. La première réglait principalement la matières suivantes : elle défendait de blasphémer, de travailler les jours de fêtes et dimanches, de tenir des brelans et jeux scandaleux, de jouer aux dés, aux cartes, aux boules, de s’assembler sur les remparts sous peine de prison, d’aller en ville pendant la nuit, sans lumière, et de porter des armes sans autorisation, elle réglait la tenue des marchés, le prix du vin en pièces, lequel ne pouvait être vendu qu’à l’Etape au Vin (place Audiffred), défendait à tous les hôteliers, cabaretiers et taverniers d’acheter des vins nouveaux avant le mois de février, afin que tout bourgeois pût s’en pourvoir, défendait aux mêmes personnes de demeurer sur l’Etape au vin… il y avait ensuite les prix qui ne pouvaient être dépassés, pour les ventes de marchandises, les hôtelleries… La seconde table réglait : le temps de travail des ouvriers à la lime et au marteau, le commerce de la boulangerie (les boulangers ne pouvant avoir de moulins à bras), la propreté des rues, la police du marché à blé en ce qui concernait les laboureurs, les mesureurs, les regrattiers, l’ouverture du marché… Elle obligeait les habitants à avoir des paniers à incendieElle réglait la composition de la chandelle, le prix des suifs… Elle enjoignait aux fabricants de mettre 2 fils roux dans les chandelles… Elle fixait l’audience de la police au samedi de chaque semaine, à 4 h en automne et en hiver, et à 6 h, au printemps et en été. De nombreux procès-verbaux constataient les infractions. La police des théâtres, des beaux-arts, de la place publique appartenait au prévôt, c’est lui qui autorise la représentation des marionnettes, de saltimbanques, qui permet de faire voir des chameaux de Hongrie, c’est lui qui autorise l’établissement des jeux de « blanque » (ancienne loterie italienne), la vente de l’orviétan, sur un théâtre élevé en plein vent…

La prévôté avait son siège sur la place de la Feuerie ou Marché à la Paille en 1360, désignée dès 1418, rue de l’Etape au Vin. La maison de la prévôté se nommait « la loge », « l’auditoire » et même « l’écritoire du Prévôt ». Dans le cours du XVI° siècle, la prévôté transfère son siège où est aujourd’hui le Crédit Lyonnais, place Audiffred.

En 1749, c’est la suppression de la prévôté, remplacée par le bailliage.        

 

 

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