Troyes et l'Aube précurseurs



Troyes, centre papetier



Sans le papier, nous ne saurions rien de notre histoire. Sans lui, les archives seraient muettes, les bibliothèques sans livres !

 

L’homme commença à utiliser la pierre, le bois, le métal et l’argile sous forme de plaque pour y inscrire ses messages. Avec les égyptiens (2500, av. J.-C.) apparaît le papyrus, puis le parchemin, fait de peaux. Le papier est découvert en Chine en 105 ap. J.-C.

 

La manufacture des papeteries en France, doit son origine à la ville de Troyes.            

En 1330 est loué à Troyes le premier moulin à papier qui connaît un grand succès, car il est bien moins cher à fabriquer que le parchemin.

Dès 1341, les papeteries de Troyes ont leurs contrôleurs et leurs gardes-jurés. Élus annuellement par leurs pairs, ils visitent les moulins pour relever les fraudes.

C’est dans notre ville qu’en 1348 est mentionné le 1er moulin à papier de France, le Moulin le Roy (aujourd’hui Moulins Notre-Dame et de La Rave), qui appartient à Jeanne de Navarre depuis 1287. Cela est reconnu comme tel d'une manière indéniable : " Perrard Granier loua le moulin de la Moline, pour la somme annuelle de 128 livres.. Avec Étienne le Pevrier, dit de Verdun, il en loua un autre appartenant au chapitre de Saint-Pierre pour une redevance annuelle de 22 livres tournois, payables par moitié à Pâques et à la Saint Rémi. Dit moulin Le Roi ou de la papeterie…Le papetier Pierre Garnier continue son activité en le moulin de Pielle, sis dans le quartier de Vouldy, ancien faubourg Saint-Denis de Troyes ".

Les Moulins de Notre-Dame seront pendant plusieurs siècles, propriété de l’abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains

Dès 1354, Jean II le Bon accorde aux papeteries de Troyes l’exemption de tout impôt ou taxe.

Les papetiers devant la demande grandissante, en profitent et ne respectent pas la déontologie du métier. En 1398, Louis de Tignoville, bailli de Troyes, alerté de la tromperie sur les formats publie une ordonnance, dit de Troyes, réglementant le format régulier.

C’est au XII° siècle que sont mentionnés le plus grand nombre de moulins qui, établis pour la mouture des grains, servirent plus tard à la fabrique du papier. A Troyes, la papeterie occupe alors jusqu’à 40 moulins sur la Seine, dont les principaux sont : Les Moulins-Brûlés, celui de Pétal, de La Planche-Clément, le Moulin de Saint-Quentin…

Dès le quinzième siècle, les troyens le Bé sont comptés comme les premiers papetiers-jurés de l’Université de Paris, fournissant la matière sur laquelle roulent les plus célèbres imprimeries de France. Voici la légende ou une véritable histoire à ce sujet : C’est à l’un des membres de cette famille qu’on a prêté un mot célèbre. Voici le fait : Le Bé traverse Fontainebleau pour regagner Paris. Il rencontre chemin faisant, un cavalier de bonne mine qui lie conversation avec lui. La nouvelle à l’ordre du jour est l’abjuration de Henri IV. « Que pensez-vous de sa conversion ? », demande l’inconnu. « Peuh ! fait le Bé, la caque sent toujours le hareng !». Quelques minutes après, une troupe de gentilshommes vient aborder l’étranger. Le Bé reconnait le Roi et veut s’excuser en se jetant à ses pieds. Henri IV le relève, lui demande son nom, celui de son pays, et sa profession. C’est à cette circonstance, qui pouvait leur valoir une rancune, que les Le Bé obtinrent de timbrer leurs papiers à la couronne royale.

Troyes restera jusqu’à la fin du XVII° s., le plus important centre papetier

Le Troyen M. Debure découvre le secret des beaux papiers bleu violet fin, dont on se sert dans les magasins pour l’envoi des toiles apprêtées, papier que les Hollandais nous vendent à si haut prix. M. Debure atteint les dernières nuances de la couleur et du grain du papier hollandais, et sa production est alors connue de toute la France, puis des autres pays européens.

 

En 1564, une première en France : le troyen Edmond Denise, papetier-juré en l’université de Paris et fournisseur pour les plus belles éditions de France, obtient l’autorisation du roi, de marquer ses papiers, dans le filigrane, avec défense à tout fabricant d’imiter cette marque. Nous voyons encore au début du XIX° s. : L et A pour le roi Louis-Philippe et la reine Marie-Amélie, et la couronne royale et les fleurs de lys.

Un édit de 1565 frappe le papier d’un impôt. Les papetiers troyens redoutent pour l’avenir de leur industrie, très florissante à Troyes, craignant sa ruine et que l’étranger en profite. Le conseil de Ville envoie des commissaires auprès du roi, rappelant que cette fabrication fait vivre plus de dix mille personnes. L’impôt prévu est aboli.

Sous le 1er Empire le moulin le Roy est équipé de 6 cuves permettant d’ouvrer 2.500 rames par cuve, avec 30 ouvriers hautement spécialisés et 24 trieuses de chiffons.

A Troyes, depuis 1822, la famille Bolloré invente le papier fin et fournit en exclusivité le très beau papier des célèbres publications religieuses des éditions Mame, celui des Editions de la Pléiade. Dans l’industrie des isolants électriques elle est pionnière avec son papier condensateur. Mais c’est surtout le n° 1 français du papier à cigarettes. 260 personnes hautement qualifiées y travaillent et fabriquent le papier à cigarettes OCB (O  Odet, la rivière, C  Cascadec, le pays, B  Bolloré , le fabricant), qui est la marque renommée des rouleurs de cigarettes du monde entier, de " ceux qui les aiment bien roulées ". Le papier à cigarettes est livré à la Régie française des tabacs, mais aussi aux gros acheteurs en Suisse, dans les pays nordiques, en Angleterre, au Moyen-Orient, en Afrique du Sud… Les Ets Bolloré doivent leur grande réputation chez les fumeurs, à la finesse de son papier, sa solidité, sa combustion régulière, son agréable saveur et la non nocivité de la fumée.

La coopérative Chanvrière de l’Aube, fournit l’usine papetière Bolloré jusqu’à son départ en 1963, pour cause de pollution excessive de la Seine, que génère le traitement de la paille brute.

Aujourd’hui elle représente encore 30% de la culture du chanvre en Europe.

Malheureusement, pour les Troyens, de ces papetiers, il ne reste plus que 11.000 m² de bâtiments vides et en mauvais état.

Aujourd’hui, le nom de Bolloré qui fut un des fleurons de l’industrie troyenne ne rappelle plus notre ville ! Il retentit lorsque l’on considère les principaux groupes mondiaux, dans des métiers où il occupe des positions de leader, ou lorsque l’on parle de son amitié avec notre précédent Président de la République.

Il faut aussi citer les Papeteries de Navarre à Villeneuve, près de Bar-sur-Seine. André Navarre en fait l'acquisition en 1908. Cette usine fabrique du papier à partir de la pâte produite à 12 km, dans l'usine du Moulin de Chappes. En 1965, la papeterie cesse ses activités, en raison de la construction du lac de la Forêt d'Orient. Le débit de la rivière ne passant plus par Chappes, il n'y a plus assez d'eau pour alimenter la papeterie. Par contre, il est fabriqué de la pâte à papier jusqu'en 1999.

 


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