Les portes de Troyes

La vie à Troyes



La porte de Preize, de Comporté, de César, Coesaris Porta, Comitis Porta, du Comte, de la Trinité  



La Porte de Preize regardait le faubourg de ce nom. Elle avait été bâtie par César, du temps de l’occupation romaine : ce qui la fit nommer Coesaris Porta, Porte de César. Elle était en pierres dures avec 2 grosses tours et pont-levis. Elle avait 8 clefs. Elle était primitivement assise près de la rue Largentier, qui faisait communiquer les Tauxelles avec le faubourg.

La vieille porte, minée par le temps, fut démolie et rapprochée de la ville sur le bord intérieur du fossé ou marais « qui enceignait Troyes au nord-ouest ». De là vint le nom de Comporté (en 1235), d'autres indiquent que c'est pour le nom des " Comtes ". Suivant la tradition, Comporté signifiait « comme portée », par allusion à son déplacement. Elle prit aussi le nom de Comitis Porta, Porte du Comte, en raison du voisinage du château des comtes de Champagne, qui passaient pour avoir fait construire cette porte. Plus tard, elle fut appelée Porte de Preize, dénomination provenant des Prés ou prairies qui l’avoisinaient.

Cette porte était construite en pierres dures, accompagnée, en dehors du fossé, des 2 grosses tours. Au-dessus de la porte, était un corps de bâtiment en bois, et en avant, un pont-levis. Plusieurs corps-de-garde défendaient cette entrée. La porte la plus rapprochée de la ville était couverte  par un cavalier revêtu de pierres dures. A côté de cette porte, existait une espèce de retrait avec meurtrières.

Thibaut V, comte de Champagne, fonda au XIII° siècle un monastère pour 7 religieux de l’ordre de Saint-François, connus sous le nom de Trinitaires, dits ensuite Mathurins. Il les établit près de la porte de Comporté.

En 1388, elle s’appelle Porte de la Trinité. En 1499, la porte de Comporté menaçait ruine. Le conseil de ville décida le 12 mars qu’il fallait démolir la porte et la reconstruire immédiatement. Ce n'est que le 15 février 1507 que l'Assemblée, alors que la porte du Beffroi est en voie d'achèvement, songe aux préparatifs du nouveau chantier. La démolition de la vieille porte de Comporté est entreprise  début 1508, et c'est au mois de mars que Jehan Guayde, qui travaille sérieusement sur le futur ouvrage, présente "un monstre de porte en papier". Les fondations sont jetées au début d'avril. L'édifice est de moindre importance, ce qui permet à Jehan Guayde d'avoir plus de journées libres pour travailler au jubé de la Madeleine. Il quitte le chantier le 15 juillet 1509. En août, la porte est achevée par ses maçons. La nouvelle porte se composait d’un corps de maçonnerie flanqué de 2 tours en pierres dures, ayant des embrasures sur les fossés. Le porche était surmonté d’une chambre du guet, bâtie en bois. Au-dessus de l’entrée, on voyait les armes de France sculptées sur la pierre. En avant du porche était un pont-levis qui reliait la porte à une seconde porte moins fortifiée, couverte par un cavalier revêtu de grès, et une écluse en amont réglait les eaux qui occupaient une surface considérable.

En 1520, la ville fournit le pavé de Preize, à charge d’entretien par les habitants du faubourg. On poussa activement les travaux de fortifications autorisés par François 1er. La Porte de Preize fut reliée aux remparts par un muret un terre-plein sur lequel on établit à l’orient la plate-forme de Comporté.

En 1521, on répara les tours d’enceinte, on construisit des ouvrages en terre, soutenus par des murailles, et l’on forma, en dedans des fossés, une ceinture définitive de galeries percées de meurtrières au frais des habitants. Le zèle des Troyens et leur amour pour la patrie furent constatés par des lettres-patentes de François 1er du 13 avril 1521 : « … ma bonne ville de Troyes, capitale du comté de Champagne est de grande étendue, close et fermée de fossés, portaulx, ponts, boulevards et autres choses requises à forteresse, que Troyes est des villes du royaume la plus propre dans l’occurrence à être tenue en bonne garde, sûreté, fortifications et munitions. Pour continuer les fortifications, emparements et munitions, y fournir et aider, sont accordés à la ville de Troyes des octrois dont les deniers seront employés aux réparations et fortifications, les Maire et échevins ayant l’œil et sollicitude à ce qu’ils soient justement et loyalement employés, à la moindre charge que faire se peut pour les habitants. En conséquence de quoi, ainsi que de leur bonne loyauté, grâce et vraie obéissance, en laquelle ils continuent chaque jour…».

En 1524, François 1er fit de Troyes une place importante. Les fortifications réparées mirent cette ville en état de soutenir un siège. Ces mesures ne la garantirent toutefois pas des tentatives des « Boutefeux, Flamands, Espagnols, Allemands incendiaires stipendiés par l’empereur Charles-Quint ».

En 1539, le roi vint habiter Troyes pendant 2 mois.

En 1543, Guillaume Le Mercier, maire, fit élargir les remparts pour y conduire de l’artillerie. A l’ouest de la porte de Preize, la muraille se prolongeait en droite ligne, elle était percée de meurtrières. Une galerie couverte régnait sur toute la longueur. De cette galerie on arrivait à l’étage supérieur de la porte où se tenait le guet. Une rampe douce conduisait au rempart. A égale distance, entre la porte de Preize et celle de la Madeleine, se dressait la tour des Violettes. Des souterrains de cette tour on communiquait avec le fossé et avec la ville.

En 1588, on répara cette forteresse.

Le 17 septembre 1590, jour de la Saint-Lambert, à 4 h du matin, des soldats royaux arrivèrent par les Tauxelles, franchirent  le fossé, escaladèrent la muraille du Joli-Saut. Les uns se portèrent par le rempart vers la porte Saint-Jacques, qu’ils ouvrirent à leurs compagnons, et, cavaliers et fantassins envahirent le Quartier-Bas. Les autres gagnèrent la porte de Comporté, dont ils s’emparent… (voir la Saint Lambert).

La porte de Preize et son rempart n’eurent rien à enregistrer durant le XVII° siècle, si ce ne sont les escapades de François Girardon, qui allait s’y livrer à ses goûts pour la sculpture, sous la surveillance de son père dont la maison était voisine du rempart.

En 1740, la porte de Preize tombait de vétusté. Elle fut réparée sous la mairie d’Antoine Camusat. Les tours furent arasées, avec le dessus du porche, sous forme de bastion, que l’on couvrit d’une terrasse entourée d’un parapet. En même temps, les galeries avoisinantes furent abaissées et bordées de parapets raccordés avec celui de la porte. La tour du roi Arthur, celle du Bassin et celle des Violettes furent détruites, et les pierres qui en provenaient entrèrent dans la réparation des murailles.

En 1754, on resserra le fossé, on abattit les vieux arbres qui le longeaient, on nivela le terrain et l’on planta des allées régulières et alignées auxquelles on donna le nom de mail.

En 1755, le pont de pierre de la porte de Preize fut construit, le pavé du faubourg réparé. On établit la chaussée du mail de la porte de Preize, jusqu’à la porte de Saint-Jacques.

En 1780, on bâtit le petit bureau d’octroi à gauche du pont, avant d’entrer en ville.

En 1787, on refit la voûte du porche de cette porte, que des infiltrations avaient compromise, et l’on pava la terrasse.

En 1792, les sans-culottes signalèrent leur haine de la royauté en mutilant les armes fleurdelysées à la façade de la porte, en même temps qu’ils faisaient abattre les bras de la croix de la flèche de Saint-Remi.

En 1814, Troyes souffrit beaucoup de l’invasion étrangère. La porte fut maltraitée, on en perça les vantaux à coups de hache, puis on les ferma et l’on amoncela derrière des voitures brisées, des moellons que les alliés firent apporter par les malheureux habitants du quartier. La porte garda les traces de l’attaque que ne soutinrent pas longtemps les alliés devant Napoléon le 23 février. Les Bourbons une fois installés, la municipalité eut hâte de faire disparaître les plaies les plus apparentes de la guerre. Le conseil de ville décida la réparation de la porte de Preize, et démolit en 1817 le reste des tours jusqu’au niveau du sol, on y assit des parapets qui rejoignirent ceux du pont, on réduisit le porche et l’on construisit un portail avec pilastres. En 1831, la grosse tour du Roi fut démolie.

En 1832, on abattit les beaux platanes du fossé, et l’on planta des épicéas sur le talus, le long du mur de la porte.

En 1848, on abattit une portion du rempart à l’ouest de la porte de Preize. On découvrit à la base de l’ancienne tour des Violettes la pierre qui attestait la construction, de ce fort en 1588. Elle fut déposée au Musée. La démolition de cette porte fut suspendue et reprise à plusieurs fois.

Enfin, la porte de Preize, devenue un non-sens par l’absence du rempart, s’affaissa en 1852 sous l’action de la pioche et du marteau.

On trouva en 1853 une petite pièce d’artillerie en bronze aux armes de Troyes qui a été conservée au Musée.

 

 

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