La vie à Troyes



L’éclairage



La lampe à huile est la plus vieille méthode d’éclairage à Troyes. Au temps des Tricasses, les premières lampes utilisent toutes sortes de graisses d'abord animales, puis végétales. Ces lampes à huile, en terre cuite, simples à fabriquer et à utiliser, ont été trouvées dans tout le département. On utilise également des lampes de bronze ou de fer, sur pieds ou suspendues pour mieux diffuser la faible lumière qu'ils fournissent.

Il faut attendre le moyen âge pour qu'apparaissent les chandelles : le suif durci autour d'une mèche. Le mot bougie apparaît pour la première fois dans une ordonnance de Philippe le bel en 1315, et Troyes a été pionnier en ce domaine.

L'éclairage public n'est d'abord qu'une mesure d'exception. Les jours d'alarme et de fête, chaque propriétaire accroche un fallot à sa façade. Mais, l'événement passé, les rues retombent dans leur obscurité habituelle. C'est un beau temps pour les malfaiteurs que celui où l'éclairage est confié aux complaisances intermittentes de la lune. Aussi, il y a à toutes les entrées et à toutes les sorties des chaînes de fer pour leur barrer le passage. Il faut multiplier les patrouilles du guet. Quant aux particuliers, ils grillent leurs fenêtres, verrouillent leurs portes et les bardent de ferrailles. Dans les rues, on ne sort qu'armé, guidé par un fallot ou par une torche, car malgré le formidable déploiement de potences, les coupe-jarrets, les vagabonds et les détrousseurs montrent une audace contre laquelle il faut prendre ses précautions. 

En 1524, après le terrible incendie ayant détruit près de 3.000 maisons, le Conseil municipal prescrit l’éclairage des rues avec des lanternes et chandelles ardentes à 2 pieds de distance des maisons.

En 1562, le corps de ville décide que des lanternes et des chandelles sont mises dans les rues, sous la surveillance de préposés.  

 

Puis, c’est la lampe à huile, avec une tige manœuvrée par une petite roue dentée, que les plus anciens d’entre nous ont connue.

En 1766, 200 lanternes publiques sont allumées à Troyes pendant l’hiver.

En 1801, appel aux soumissions à la mairie pour l’illumination de Troyes : allumage d’octobre à mars, pour 200 réverbères, dont 6 à 2 feux et 12 à 3 feux, qui doivent éclairer toute la nuit. L’heure où ils doivent être éteints est réglée par le lever et le coucher de lune.

Le 28 Brumaire an 11 (19-11-1802), le Commissaire de police écrit au maire de Troyes : " Depuis que les réverbères sont allumés, j’ai remarqué qu’ils sont pour la plupart éteints vers les 9 heures, que ceux qui restent allumés ne donnent presque point de clarté… la mauvaise qualité de l’huile, ou la négligence (pour ne pas me servir d’un autre terme) des allumeurs vient de m’être de nouveau confirmé par le rapport des agents de police…".

Le 3 nivôse an 11 (24-12 1805), le Commissaire de Police écrit au maire : " les fidèles catholiques se réunissant dans les églises pour y célébrer l’office divin il serait nécessaire que les réverbères soient allumés au moins jusqu’à 3 heures du matin. La provision habituelle ne pouvant durer jusqu’à cette heure, je vous prie de donner des ordres pour qu’il soit donné de l’huile suffisamment… ".

En 1806, soumissions pour 6 ans, pour 534 feux à entretenir.

En 1812, adjudication pour 9 ans de l’éclairage urbain pour 230 lanternes, dont 102 à 2 becs, 108 à 3 becs et 20 à 4.

En 1822, il y a 250 réverbères, dont 26 allumés toute la nuit réglés sur le coucher et le lever du soleil. Il faut que la ville soit toujours éclairée, depuis le coucher du soleil jusqu’à 1 heure du matin, soit par la lune, soit par les réverbères.

Ordonnance du Roi de 1824, art XII : "  Les salles de spectacles et les théâtres publics éclairés par le Gaz seront en outre garnis de lampes d’Argent à double courant d’air, et contenues dans des manchons de verre. Ces lampes seront tenues allumées pendant tout le cours des représentations… art XIII les contraventions seront constatées et poursuivies devant les Tribunaux, indépendamment des mesures de police administrative auxquelles il serait nécessaire de recourir… "

En 1831 nouvelle adjudication pour 9 ans : 258 réverbères, dont 109 à 2 becs, 132 à 3 et 17 à 4, soit 682 becs à entretenir.

En 1862, soumission pour l’éclairage à l’huile de Troyes, pendant 6 ans, pour 151 becs brûlant 1.350 heures, et 42 becs permanents, 3.500 heures.

Ainsi, en 1874, ce sont 465 becs de gaz et 132 réverbères qui éclairent la ville (jusque dans les années 1950, il y avait encore un réverbère à l’angle de la maison de mes parents).

Le 1er janvier 1888, proposition de transformation de la partie de l’éclairage qui est à l’huile en éclairage au pétrole.

Dans "Le Petit Républicain de l’Aube " du 22 septembre 1888, je lis : "Hier, au Café de la Paix, deux bons bourgeois de notre ville parlaient : - Enfin !! – Eh bien, qu’y a-t-il donc ? - Une chose étonnante, parole d’honneur ! Notre sympathique municipalité s’est décidée à exécuter la 3ième tranche du leg Brissonnet. – Est-ce possible ? – Si vous voulez vous en convaincre, allez vous promener sur les boulevards, du cirque à la Porte de Paris. Il y aura 50 becs de gaz, une vraie débauche. De quoi faire damner les amoureux qui aimaient à roucouler le soir, à la faveur de l’ombre, sous le feuillage, voire les branches dépouillées des vieux tilleuls ".

En 1948, à Saint-André-les-Vergers, Daniel et Colette Petitjean ouvrent une manufacture de garde-boue, puis rapidement y adjoignent la fabrication de roues de voitures d’enfants. En 1956, ils mettent au point la fabrication de candélabres pour l’éclairage public, et deviennent les spécialistes mondiaux des lampadaires, depuis 1963. Leurs productions ont illuminé entre autres : le Pont de Normandie, les ponts de Vasco-de-Gama, de l’Ile de Ré, Erosmus à Rotterdam, ceux sur le Bosphore en Turquie… les aéroports d’Orly… ou l’artère principale de Singapour…

Au nom des Troyens, merci à mon amie Colette Petitjean d’avoir eu le courage avec son mari, d’avoir monté cette énorme entreprise fleuron de l’industrie Auboise, qui a fait connaître Troyes dans le monde entier.

En 2012, l’entreprise, est rachetée par les Saoudiens qui investissent 30 millions d’€uros pour innover moderniser et gagner de nouveaux marchés.

En septembre 2013 est inauguré l'atelier de galvanisation le plus moderne d'Europe.

 

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