Histoires d'eau



Les puits à Troyes



Les besoins d’eau pour l’homme l’ont amené à la rechercher, à creuser des puits, et cela depuis les civilisations de l’Antiquité.

Le creusage d’un puits est une opération coûteuse et tout d’abord, seuls les habitants aisés peuvent s’offrir un puits à l’intérieur de leur propriété, dans la cour ou dans l’habitation même.

Nos maires troyens creusent donc de nombreux puits publics, mais qui le sont aussi pour la construction qui est un domaine qui demande beaucoup d’eau, principalement pour les grands chantiers des églises qui en consomment d’importantes quantités, et surtout pour une raison primordiale, afin de servir à l’extinction des incendies toujours redoutés à Troyes, ville construite et même couverte en bois.

Au X° siècle, boire l’eau douteuse de nos puits fait contracter la maladie de la pierre aux enfants, tandis que les adultes se plaignent des écrouelles ainsi que des goitres, ces difformités qu’on apercevait si fréquemment dans notre ville.

Entre 1419 et 1466, la ville fait creuser de nombreux puits, dont le très beau du Marché-aux-Oignons, qui ne sera fermé qu’en 1853.

De fréquentes ordonnances de police, dès 1473, diffusées à son de trompe aux carrefours de la ville commandent régulièrement leur curage, montrant le rôle important des puits dans la sécurité de la ville. Les négligences sont punies d’amendes sévères et même d’emprisonnement.

En 1524, l’Assemblée de Ville, après le grand incendie qui détruit près de 3.000 maisons, décide la mise en état des puits, qui seront garnis de chaînes ou de bonnes cordes.

En 1530, est décidé le comblement des puits des maisons brûlées et non reconstruites.

En 1550, il a été recensé jusqu'à 80 puits publics.

La plupart des puits publics sont établis dans des conditions particulièrement défavorables. Les eaux sont puisées dans un sol perméable, imprégné depuis des siècles de tous les résidus de la vie, à proximité des fosses d’aisances et des égouts non étanches, des puisards et des ruisseaux. Il est inutile d’insister longuement sur les qualités suspectes de ces eaux, mais, peu importe, " la population rit des avertissements qu’elle ne comprend pas, car ces eaux sont souvent limpides, incolores, sans odeur ni saveur désagréables, et sont en été d’une grande fraîcheur, et cela suffit. "

A partir de 1856, les bornes fontaines publiques étant entrées en fonctionnement, le Conseil municipal vote l’abandon de presque tous les puits.

En 1862, environ 74 puits publics sont encore recensés, mais nous ne pouvons connaître le nombre exact des puits situés à l’intérieur des maisons. Il doit en exister 2.200, soit environ un puits pour deux maisons.

Ceux du Quartier-Haut ont une profondeur de 13 à 40 mètres, ceux du Quartier-Bas, seulement de 6 à 7 mètres.

 En 1929, le maire établit un " Règlement Sanitaire Municipal sur la Santé Publique… Aucun puits ne pourra être utilisé pour l’alimentation publique ou privée à moins d’une autorisation spéciale accordée sur demande et après analyse de l’eau faite par les soins de l’Administration. Il devra être éloigné de toute installation qui puisse le contaminer, tels que cabinets et fosses d’aisances, dépôts de fumier ou d’immondices… Les parois des puits autorisés devront être étanches. Ils seront fermés à leur orifice et protégés contre toute infiltration d’eaux superficielles par l’établissement d’une aire en maçonnerie bétonnée... Il ne pourra y être puisé qu’au moyen d’appareils ne risquant pas de contaminer l’eau… Les puits reconnus dangereux seront fermés et ceux dont l’usage est interdit à titre définitif seront comblés jusqu’au niveau du sol ".

A la suite de la destruction, en août 1944, des dépôts d’essence installés boulevard de Dijon, de nombreux puits situés sur le territoire de Saint-Julien ont été contaminés par infiltration de carburant.

Voici la liste des puits recensés à Troyes :

         XIV° siècle : de Sainte-Jule

XV° s. : Saugette, de derrière Saint-Nicolas, de la Roerie, du Marché-aux Oignons, de Saint-Denis, de la rue de la Clef-de-Bois, du Cygne ou de la Hache près Saint-Pierre, du haut de la rue de la Pierre, d'en bas de la rue de la Pierre, de Vieille Rome, de la rue des Buchettes

XVI° s. : de la rue de la Tête-Noire, devant l’Hôtel-Dieu-le-Comte (rempli en 1696), près de la Belle Croix, de la Folie en la rue du Bois, proche l'église Saint-Remy, situé en la court Chasteau, près de la maison de la Hache, Grande-Rue, de la rue du Cerf en la rue de la Trinité, de la Fenerie vis-à-vis le Grand Sauvage et près de la rue Monnot, devant l’hôtel de l’Homme Sauvage, devant Saint-Esprit, de devant le Dauphin, à l’extrémité de la rue de la Grande-Tannerie, des Morts ou de l’Eau Bénite tenant à l'église Saint-Jean, du Marché des Aulx en la rue de l'Epicerie vis à vis celle de la Beurerie couvert en 1726, de la Samaritaine au-dessus de la Boucherie, près de la maison du Papegay ou des Violettes, de la rue des Forces, de la rue de la Cage, de la rue du Chaperon, du Moulleçon ou de la rue de l'Eau bénite, des Noces en la rue du Cheval rouge, de la Vierge au bas de la rue du Temple (refait à neuf en 1729), du haut de la rue du Temple, au bout de la Montée des Changes, du haut de la rue de la Pierre, d'en bas de la rue de la Pierre, du haut du Marché au Blé comblé en 1726, de la Comédie ou du Théâtre, devant l’Ecu de Bourgogne, près des Trois Têtes, de la rue de la Grande-Tannerie, de la Corderie, près des Trois Maries ou de la Chaîne en la rue du Sauvage, de la Charbonnerie, de l’Etape au Vin, du haut de la Corterie aux Chevaux, du bas de la Corterie aux chevaux, de la rue du Bourg-Neuf, contre la porte de la Madeleine, au coin de la rue des Quinze-Vingts, au coin de la rue de Châlons, de la rue du Bois, de la Chaîne, du Fort Bouy, devant les Etuves aux Femmes, contre l’église Saint-Jean, du Sagittaire ou de la Grenouille en la rue Moyenne, de la Croix Blanche ou du Cornot en la rue Notre-Dame, de Moïse, des places Notre-Dame, de la Petite-Tannerie, devant les Cordeliers, de la rue du Paon, de la rue du Chaudron devant Saint-Loup, du Chapeau Blanc, du Marché aux Trapans de Nervaux, du portail de l’église Saint-Pantaléon, du Petit Cloître, du Four l’Evêque, du Bœuf Renouvelé, de la  rue de la Grande Courtine, de la rue du Breuchet, de Chaillouet ou de la Reyne, de la rue des Trois-Ormes, de la rue de la Hure, près de l’église Saint-Aventin, des Marmotins, de la rue de la Grande Ecole, Velu, Près de Beffroi de la ville, de la rue Surgale, de Saint-Denis, en la rue du Beffroy, derrière les maisons de la Cloche, de la Belle Croix, place des Changes, de Vienne, du Marché aux Légumes, de la cour Doué, du coin de la rue du Domino, près du Palais Royal, de la rue Neuve-des-Ursules, de la rue Saint-Nicolas, du Faubourg Saint-Jacques, de la place des Marronniers, du Ravelin, près du Palais, des Violettes, entre deux Portes, Velu ou de la Grande Tannerie, de la Porte de Croncels devant le Saint-Esprit (comblé en 1728), des Deux Paroisses, des Noces en la rue du Cheval rougedes Ménétriers, de l'Arche de Noé, de Brac ou de la Cour Château, du Chapeau Blanc derrière la Maison de Santé, de Beaulieu…

 

Rappelons que des miracles se produisaient pour ceux qui venaient boire au puits de Sainte Jule à Troyes (près de la rue des Filles Dieu), dans lequel son corps avait été précipité. Voyez son histoire dans le chapitre " Sainte-Jule ". 

Tous ces puits étaient des monuments publics d’une certaine élégance. Aussi notre municipalité profite de la requalification urbaine pour les restaurer et les réinstaller, si possible, à leur emplacement d’origine, il y a 600 ans.

C’est un devoir de mémoire.

   

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