Ordres religieux

Religion


L’Ordre Teutonique



C’est d’après des documents inédits, conservés aux Archives de l’Aube, que nous pouvons parler de l’Ordre Teutonique en France.

         L’institution de l’Ordre Teutonique remonte à la troisième croisade et à l’année 1190. Il fut initialement un hôpital fondé en Terre Sainte, devant les murs de Saint-Jean-d’Acre, pour soigner les pèlerins germaniques, originaires de Brême et de Lübeck. L’Ordre est reconnu comme ordre hospitalier, en 1191, par le pape Clément III, et réorganisé en ordre militaire en 1197-1198, reconnu officiellement par le pape Innocent III en février 1199.

C’est de la cinquième croisade, des années 1218 et 1219, et des relations établies alors sur les bords du Nil, entre cet ordre et quelques chevaliers français, que paraissent dater les actes les plus anciens par lesquels des biens situés en France aient été donnés à cet Ordre. Les auteurs de ces libéralités furent : Milon III, comte de Bar-sur-Seine, et Gauthier son fils, Erard, seigneur de Chassenay, André de Montbard seigneur d’Epoisses, Eudes de Chatillon et Jean d’Arcis. Ces hauts barons faisaient partie d’une armée chrétienne qui, sous le commandement de Jean de Brienne, assiégea Damiette et le prit après de longs efforts, pour le perdre presque aussitôt. Le débarquement sur les côtes d’Egypte eut lieu le 12 mai 1218. Le 24 août les croisés s’emparèrent d’un ouvrage avancé et d’une tour. Le légat arriva avec des renforts à Pâques suivant, le 7 avril 1219. Le 29 août, les chrétiens allèrent attaquer les Sarrasins dans leur camp et se firent battre. Damiette se rendit au début novembre. Cette ville retomba au pouvoir des Musulmans en 1221. Milon III, comte de Bar-sur-Seine, André de Montbard, seigneur d’Epoisses et Jean d’Arcis, furent du nombre des chevaliers qui débarquèrent sous les murs de Damiette à Pâques suivant, en avril 1219. Dans la bataille du 29 août, André de Montbard, Eudes de Chatillon et Jean d’Arcis, restèrent prisonniers aux mains des Sarrasins. Jean d’Arcis est mort en captivité, peu de temps après. André de Montbard et Erard de Chassenay furent plus heureux et revinrent en France. Milon III, comte de Bar-sur-Seine, était en même temps seigneur du Puiset (Eure-et-Loir). Devant Damiette, peu de temps avant de mourir, avant le 17 août 1218, il donna des biens, de concert avec son fils, à l’Ordre Teutonique, ou, comme on disait alors, à « la maison de l’Hôpital des Teutoniques dans Jérusalem ». Sa veuve y ajouta des biens à Saint-Maur. En échange de tous ces biens, Simon, seigneur de Rochefort et du Pariset, céda, en 1225, à l’Ordre Teutonique ce qu’il possédait à Neuvy-en-Beauce. La même année, Marguerite dame d’Apremont et Hugues, son fils, approuvaient cet échange. En même temps, l’Ordre Teutonique acquérait dans une paroisse voisine de Neuvy-en-Beauce, l’ermitage de Saint-Michel. Cet ermitage avait été fondé par Milon III, comte de Bar-sur-Seine, au commencement du XIII° siècle. Une confirmation de Regnauld de Bar, évêque de Chartres, date de mars 1201. Sévin, premier et denrier supérieur des ermites de Saint-Michel, fit en 1225, abandon à l’Ordre Teutonique de ses droits sur cette maison. La donation faite par Erard, seigneur de Chassenay, à l’Ordre Teutonique, suivit celle du comte de Bar-sur-Seine à près d’un an d’intervalle. Elle eut lieu en juillet 1219. Erard donnait 20 livres de rente à prendre sur ses biens. Prisonnier des Sarrasins à la désastreuse bataille devant Damiette, le 29 août 1219, André de Montbard donna à l’Ordre Teutonique 20 livres de rente à prélever sur les revenus de ses terres. La charte originale, écrite et scellée au camp des Musulmans, existe encore aux Archives de l’Aube. Dans le diocèse de Troyes, une donation de Jean d’Arcis fut le point de départ des acquisitions de l’Ordre. Jean d’Arcis, beau-père d’André de Montbard, fait comme lui prisonnier dans la même bataille, donna comme lui 20 livres de rente à l’Ordre Teutonique. Cela est confirmé dans une charte donnée par Marie, dame de Turny, veuve de Jean d’Arcis, le 6 décembre 1222. Les rentes données par Jean d’Arcis, lui étaient dues sur les foires de Troyes. Le second bienfaiteur de l’Ordre teutonique dans le diocèse de Troyes, fut Gautier IV, comte de Brienne, neveu de Jean de Brienne, roi de Jérusalem. Il donna à l’Ordre Teutonique, en 1224, la grange de Boiennès (aujourd’hui Bugney), près de Brienne-la-Vieille, en 1231, l’Hôtel-Dieu de Brienne-le-Château et 300 arpents de terre à défricher dans son bois de Chaumesnil. L’Ordre Teutonique défricha  une partie de ces terrains et y fit bâtir la commanderie de Beauvoir, qui fut longtemps le chef-lieu de ses possessions en France. Beauvoir, dans le diocèse de Troyes, était 1 des 4 points centraux de l’Ordre Teutonique en France. Beauvoir est situé dans l’Aube, arrondissement de Bar-sur-Aube, canton de Soulaines, commune de Chaumesnil. Sa fondation date des donations faites par Gautier IV, comte de Brienne en 1231. En 1255, frère Barthélemy était « maître de l’hôpital de la bienheureuse Vierge des Teutoniques dans le royaume de France », et donna une vigne située près de Brienne et dépendant de la commanderie de Beauvoir. En 1270, le comte Hugues de Brienne affranchit du droit de moulin banal, le moulin à vent construit par les religieux de l’Ordre Teutonique. Au XIII° et au commencement du XIV° siècle, cette maison posséda une communauté de frères ou religieux de l’Ordre Teutonique. En 1390, un acte dit « qu’il n’y a pas dans la maison un nombre de religieux suffisant pour faire le service divin, et l’église tombe en ruines ». La commanderie de Beauvoir est la seule que l’Ordre Teutonique possédait en France, et « les maisons qui en dépendent, sont séparées d’elle, par des distances considérables ». De là des frais d’administration beaucoup trop considérables, eu égard à la modicité des revenus. D’ailleurs, la guerre a détruit une partie des bâtiments, et les autres tombent en ruine. Le 23 avril 1501, il est dit que « L’Ordre Teutonique a intérêt à se défaire de propriétés onéreuses », et le nom de « France » ne paraît plus dans les titres portés par les supérieurs dans les actes de l’Ordre Teutonique.      


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