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Vincent Malot


Vincent Malot est né le 21 Août 1780, « sur la paroisse Saint-Pierre de Troyes », d’un humble compagnon tisserand.

 

         Son éducation fut courte, car, le 21 mars 1793, à 12 ans, le gamin s’enrôlait comme volontaire au dépôt du 1er bataillon du Pas-de-Calais, stationné à Cambrai. Il fallait des hommes, on prenait tous ceux qui se présentaient : « ceux qui ne l’étaient pas le deviendraient ».

 

         En l’an VII il était fourrier surnuméraire et le demeura jusqu’au 1er nivôse an VIII (22 décembre1799), où il devint titulaire de ce premier grade. Le 1er germinal suivant (22 mars 1800), il était nommé sergent, puis sergent-major le 2 germinal an X (23 mars 1802), en récompense de travaux exécutés dans les bureaux du Ministère de la Guerre.

 

         En thermidor an XI (juillet-août 1803) il était à Saint-Domingue où il fut fait prisonnier. Conduit sur les pontons anglais (prison flottante de douloureuse renommée), il demeura près de 11 ans au dépôt de Normann-Cross, en butte avec ses camarades d’infortune aux pires traitements physiques et moraux.

 

         M. Malot s’était montré vaillant dans ses campagnes guerrières de Belgique, de Hollande, de Suisse, d’Allemagne et d’outre-mer, mais alors, il était soutenu par le patriotisme, entraîné par ses compagnons d’armes. Il ne fut pas moins courageux devant les souffrances d’une captivité déprimante, démoralisante, où l’inaction, le désespoir, la maladie terrassaient autant d’hommes que les batailles les plus meurtrières.

 

         M. Malot était réconforté par un idéal, il s’était donné un but : frappé de l’ignorance de beaucoup de ses malheureux camarades, il se fit pendant plus de 5 ans, de 1806 à 1811, leur instituteur bénévole, et patiemment leur inculqua les connaissances élémentaires qui devaient les aider à trouver les moyens de vivre quand ils rentreraient dans leurs foyers, malades, épuisés, incapables pour la plupart de reprendre avant longtemps leurs travaux manuels.

 

         L’abdication de Fontainebleau ouvrit enfin les portes de la France aux prisonniers d’Albion. M. Malot rentra le 27 juin 1814 à son ancien corps, devenu le 26° de ligne. Nommé adjudant le 21 mai 1815, pendant les Cent jours (20 mars-8 juillet), il faisait partie  de l’armée de la Loire et fut licencié avec elle le 15 octobre.

 

         A l’issue de ce licenciement, les troupes coalisées occupant encore le département de l’Aube, d’où elles ne partirent qu’à la fin du mois d’octobre, les débris de l’armée appartenant à ce département, furent dirigés sur Bergerac et formèrent un dépôt de 6 compagnies. L’administration et la comptabilité de 2 d’entre elles furent confiées à M. Malot.

 

         Ces compagnies arrivèrent à Troyes vers la fin du mois de novembre 1815, et formèrent le noyau de la Légion de l’Aube. Le commandement, l’administration et la comptabilité des hommes formant le dépôt de cette légion, furent confiés pendant 4 ans à M. Malot jusqu’au 1er mars 1820, fin de ce dépôt.

 

         M. Malot décida alors qu’il serait maître d’école et continuerait dans la vie civile, pour les enfants des ouvriers, l’apostolat qu’il avait si bien commencé au temps de sa captivité, s’étant constamment occupé d’instruction primaire, rendant de signalés services à ses camarades d’infortune, militaires et marins.

 

         Le 11 septembre 1818, il débuta dans l’enseignement régulier comme adjoint au directeur de l’Ecole modèle dite de Saint-Loup, occupant un petit pavillon dans le jardin de l’ancienne abbaye. Cette école, substituée en 1792 à celle des Frères de la Doctrine chrétienne, avait tout d’abord été installée rue de Grand-Cloître-Saint-Pierre, laquelle portait alors le nom de la rue des Cochons, à cause d’un bas-relief d’origine gallo-romaine, qui était encastré dans le mur de la propriété.

 

         Les « Ecoles Mutuelles » furent adoptées par la ville de Troyes le 1er janvier 1819, et M. Malot continua ses fonctions dans ces établissements devenus officiels.

 

         Il fut nommé le 1er novembre 1821, directeur de l’Ecole de Saint-Loup. On l’appelait « Ecole Modèle », parce qu’elle était une sorte de pépinière pour préparer des moniteurs, qui ensuite allaient répandre leur savoir dans les autres écoles ou formaient des sujets d’élite.

 

         De nombreux élèves, préparés par lui figurèrent honorablement dans toutes les classes de la société et occupèrent des situations que la condition modeste de leurs  familles ne leur aurait jamais permis d’espérer ni d’atteindre.

 

         Une médaille d’argent du Comité royal de l’Instruction publique de Paris récompensait dès 1829 les efforts du zélé directeur. En 1832, le Conseil général de l’Aube lui votait une médaille d’or, et le 28 mai 1837, le Conseil d’administration de la Société pour l’Instruction élémentaire à Paris, décernait une médaille d’argent à M. Malot.

 

         De 1833 à 1836, M. Malot fait en plus, un cours gratuit d’enseignement pour les adultes, une innovation à l’époque.

 

         De 1838 à 1846, son épouse et sa fille Estelle dirigeaient un semblable cours à l’usage des jeunes filles ayant dépassé l’âge normal de scolarité.

 

         Educateur autant qu’instructeur, il étudiait ses élèves, les observait, s’enquérait de leur situation morale, pécuniaire, de leurs besoins et de leurs goûts, puis agissait avec eux comme un père attentif fait avec ses enfants… Il obtenait par là des résultats que l’éducation en bloc ne donne pas. Il s’attachait surtout à ceux envers qui le sort s’était montré avare. Quand il avait dans sa classe un enfant pauvre dont l’aptitude lui était révélée, il le soignait de préférence, puis, à sa sortie de l’école, il le plaçait dans la carrière qu’il lui semblait en état de parcourir, l’y soutenait, « lui continuait les leçons de son expérience après lui avoir donné celles de son savoir ».

 

         M. Malot mourut dans l’exercice de ses fonctions, le 5 février 1851, dans son école de la rue du Grand-Cloître-Saint-Pierre.

 

         Sa mort a été considérée comme un malheur, et tout le Quartier-Bas, le quartier des plus pauvres, s’est associé aux regrets exprimés par ses anciens protégés.

 

         A la distribution des prix qui suivit, le 2 août, le Maire de Troyes, M. Ferrand-Lamotte, évoquant la mémoire de M. Malot, le proposa pour modèle aux instituteurs communaux. Il leur signala son dévouement infatigable et son zèle pour l’éducation des enfants du peuple.

 

 


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