Visites importantes


LOUIS XII


Louis XII, père du peuple
Louis XII, père du peuple

 

Les fêtes données par la Ville au XVI° siècle pour honorer l’entrée des rois de France ont eu un incontestable éclat. Elles témoignent de l’accroissement de leur pouvoir et du respect qu’il inspire. En voici un exemple.

Le 21 juillet 1500, le trompette de l’échevinage appelle les habitants. Le sergent crieur l’accompagne. De toutes parts, les passants accourent : il est annoncé la convocation immédiate d’une assemblée des habitants, pour entendre la lecture d’une lettre de Louis XII que les fourriers viennent d’apporter. Tous les chefs de famille, soit nobles, soit artisans, le bailli, le maire et les échevins, tous les notables, entourés d’environ 500 habitants, s’empressent de se rendre au couvent des Jacobins, pour apprendre que Louis XII annonce sa prochaine arrivée. Il attend des ambassadeurs d’Allemagne qui doivent venir en grand nombre, et pour les recevoir, il leur a donné rendez-vous à Troyes.

La lettre lue, il est décidé que les préparatifs pour le recevoir commenceront le jour même. A midi, des notables se rendent dans toutes les maisons pour marquer celles où l’on pourra loger les princes et autres personnages qui accompagnent le roi.

Avant tout, l’on s’assure de l’état sanitaire, précaution non superflue, en ces temps de peste. Un certificat affirmant que depuis un an, il n’y a eu à Troyes aucun malade de la peste ou d’autre maladie contagieuse, est signé des curés, des médecins et des chirurgiens. Mais, la peste sévissant à l’entour, une garde est mise aux portes, avec la mission d’empêcher d’entrer en ville les hommes qui viennent " des lieux où l’on meurt. "

Vient ensuite la question des approvisionnements. Les boulangers doivent se fournir de bonne et blanche farine en quantité double. On interdit de pêcher dans les rivières à deux lieues de distance. On invite à son de trompe tous ceux qui ont " oisons, cochons, chapons, poulets et autres volailles, et aussi foin, avoine, paille fruits et autres vivres, de les apporter incontinent en ville pour les vendre. On leur promet de les bien payer et contenter ." Quant aux marchands, on leur interdit de renchérir leurs vivres, sous peine de confiscation ou d’amende. On expulse les bouches inutiles, les vagabonds, les mendiants : " Que tout homme qui n’a maison, soit vagabonds, bélîtres, malades… et autres de petit état non natif de cette ville, vident incontinent icelle ville, à peine d’être fouettés par les carrefours et après, s’ils sont trouvés faisant le contraire, d’être pendus et étranglés. "

De nombreuses ordonnances sont prises, concernant l’entretien des rues. La plupart renferment des immondices… on ordonne aux habitants de les mener à un quart de lieue de la ville, de curer les ruisseaux, on ne veut plus que les teinturiers y jettent les débris de leur industrie, on interdit à toutes personnes et même aux enfants l’usage qui existait encore de faire ses besoins dans la rue du Bois, il faut supprimer les obstacles dans les rues où le roi doit passer… Une ordonnance veut que l’on enlève sans délai les " vieilles galeries, saillies, bancs et avancées sur rues ", car les habitants vont s’entasser sur les galeries chancelantes et " en voie de choir ou de tomber " pour voir passer le roi et son cortège. On fait " relever le pavé dans les endroits défectueux ".

Un des premiers bienfaits de cette visite royale, permettait à la ville d’être nettoyée.

Il y avait en ce moment, une admirable activité artistique à Troyes. " Un Hector, de taille gigantesque fut construit à l’entrée de la porte du Beffroy, ainsi qu’un Samson. Des poulies sont installées en haut, pour " faire dévaler une jeune fille chargée de souhaiter la bienvenue au roi. "

On prévoit une fontaine où doit couler du vin blanc, place du Marché au Blé (Jean Jaurès), plus deux place de l’Hôtel de Ville. Près de la porte de l’Hôtel-Dieu, trois grandes tours en bois avec des peintures. Enfin, une surprise pour frapper le roi : un énorme porc-épic (son emblème), taillé dans un bloc " de pierre de Troyes ", son corps couvert de soies de pourceau et de plumes. Le tout est accompagné d’écriteaux destinés à recevoir des vers et des dictons….

Malheureusement, tous ces travaux, toutes ces dépenses furent inutiles, car au mois d’août, on apprit que l’arrivée du roi était retardée, puis le 19 septembre, annulée : " je sais bon gré aux habitants de leurs préparatifs comme si j’avait eu l’occasion d’en profiter "écrit Louis XII aux notables troyens. Cela n’empêche pas l’échevinage et la population d’éprouver une déception réelle. Il fallut démolir les fontaines, les charpentes, enlever les pieux des rues, démonter Hector et Samson… il y avait eu des dépenses considérables : achat des présents et notamment les vins que, suivant l’antique usage, on devait présenter au roi et aux seigneurs de sa suite. On en donna à quelques grands personnages (chancelier, gouverneur de la Champagne…) qui passèrent à Troyes à cette époque, plusieurs notables en achetèrent, le reste fut vendu au public, mais en subissant des pertes sensibles ! La ville avait en outre acheté du foin, de la paille et de l’avoine. L’échevinage avait aussi commandé à l’un de nos réputés orfèvres, une coupe en or, destinée au roi.

Le roi ne vint à Troyes qu’en avril 1510. Ce fut à nouveau un branle-bas général. " 80 jeunes bourgeois, vêtus très magnifiquement de soie, la tête couverte de toques rouges montés sur de chevaux bien harnachés s’avancèrent jusqu’à St-Martin-ès-Vignes à la rencontre de Louis XII. Dans les faubourgs, les habitants avaient dressé devant leurs maisons des tables, sur lesquelles ils avaient placé du pain, du vin et des fruits. " Le roi était accompagné d’une suite nombreuses de seigneurs, d’officiers et de serviteurs. Quatre échevins portaient le dais qui devait l’abriter. A la porte du Beffroy, on offrit au roi, un cœur d’or qui s’ouvrait pour laisser apparaître une fleur de lys, plus un porc-épic en or écrasant un serpent. Le roi fut flatté de ces présents, " mais surtout touché plus vivement par l’enthousiaste accueil qui lui fut fait. "

Des fontaines, des emblèmes, des statues avaient été dressées dans les carrefours comme en 1500. Toutes les rues qui conduisaient à la cathédrale étaient tendues " de la plus belle tapisserie qu’on avait trouvé ". Le peuple se pressait sur les galeries, aux fenêtres, aux lucarnes, une foule émerveillée, enthousiaste se montrait, parée de ses plus beaux habits de fête. Sur les gradins, plusieurs milliers d’enfants habillés à la livrée du roi chantaient des vers à son honneur.

Louis XII s’avançait au son des cloches, au milieu des cris de "Vive le roi " !

Les échevins " se multipliaient pour que les approvisionnement ne vinssent point à manquer… engageant les boulangers à faire du bon pain blanc, les bouchers à ne point renchérir leur chair, stimulant les pêcheurs… " L’affluence ne diminua pas pendant les 15 jours du séjour du roi.

La présence du roi était l’occasion pour faire connaître les besoins de la ville, obtenir la confirmation de ses privilèges, en demander de nouveaux : création d’une novelle foire (elle fut accordée du 7 au 22 mai), abolition de l’impôt de 12 deniers

Louis XII laissa un souvenir durable de son passage, contribuant à la construction de la tour de la cathédrale, en renouvelant un droit d’un denier sur le minot de sel…

Le nom de " Père du Peuple " lui fut donné.

 

 

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