Coutumes et traditions



Fête décadaire aux Croûtes


A l’époque de la Révolution, la semaine était de 10 jours. Pour remplacer le dimanche et les fêtes religieuses, on s’efforça de faire célébrer cette fête du 10° jour ou fête décadaire. Celle-ci et les différentes nationales ainsi instituées, n’eurent en province que de rares et courts succès. En effet, le calendrier révolutionnaire s’est arrêté en 1806.

           Voici le compte-rendu de l’une de ces fêtes :

           « Ce trente Ventôse An III de la République Française et indivisible, heure de neuf du matin, la Commune des Croûtes, Canton d’Ervy, Département de l’Aube, en exécution de la Loi du 13 Pluviôse dernier, et de l’Arrêté du Directoire exécutif du 28 du même mois, a célébré la Fête de la Souveraineté du peuple français ainsi qu’il suit : 12 vieillards choisis par l’agent municipal de la dite Commune se sont réunis à la maison commune et, de là, ayant chacun une baguette blanche à la main, se sont rendus sur la place publique de la dite Commune des Croûtes, puis 4 jeunes gens  marchant devant eux, portant chacun une bannière destinée à cette fête. Sur la première : « Le Roi est mort, la souveraineté réside dans l’université des citoyens ». Sur la seconde : « L’universalité des Citoyens Français est le Souverain ». Sur la troisième : « Nul ne peut sans une délégation légale exercer aucune autorité ni remplir aucune fonction publique ». Sur la quatrième : « Les Citoyens se rappelleront sans cesse que c’est la sagesse des choix dans les Assemblées primaires et électorales que dépendent principalement la durée, la conservation et la prospérité de la République Française ».

           Après, les 4 jeunes gens, marchent l’agent et l’adjoint communaux, l’instituteur public et les élèves marchent ensuite, des détachements de la Garde Nationale de cette commune précédèrent et suivirent le cortège qui, étant arrivé sur la place publique de ladite Commune, où sous « l’arbre de la Liberté » y est dressé un « autel de la Patrie », surmonté de drapeaux tricolores : les 4 jeunes gens ont planté les bannières qu’ils portaient des 2 côtés de l’autel de la Patrie. Les 12 vieillards se sont rangés ensuite des 2 côtés devant cet autel. Immédiatement après eux se sont placés les agents, adjoints et ensuite l’instituteur public et ses élèves. La Garde Nationale a occupé l’extérieur de l’enceinte et là, le citoyen Pautrat, instituteur de cette commune a chanté, avec applaudissements, des chansons et hymnes patriotiques. Les 12 vieillards se sont avancés ensuite au milieu de l’autel et ils ont réuni leurs baguettes et en ont formé un faisceau. Le citoyen J.-B. Chailley prononce les paroles suivantes : « La Souveraineté du Peuple Français est inaliénable. Comme il ne peut exercer par lui-même tous les droits qu’elle lui donne, il délègue une partie de sa puissance à des représentants et à des magistrats choisis par lui-même ou par des électeurs qu’il va nommer. C’est pour se pénétrer de l’importance de ce choix que le peuple se rassemble aujourd’hui ». Le Citoyen Charlemagne Truchy, agent de cette commune, a répondu : « Le Peuple Français a su par son courage reconquérir ses droits trop longtemps méconnus. Il saura les conserver pour l’usage qu’il en fera. Il se souviendra de ce précepte qu’il conservera lui-même pour sa charte constitutionnelle de l’An III qu’il a acceptée et juré de la maintenir de tout son pouvoir. C’est la sagesse du choix dans les Assemblées primaires et électorales que dépendent principalement la durée, la conservation et la prospérité de la République Française ». Ensuite, il a fait la lecture de l’acte constitutionnel de la proclamation du Directoire exécutif au Peuple Français relative aux élections du 28 pluviôse du dit An III. Après cette lecture, Paitrat a recommencé à chanter des hymnes patriotiques, toujours avec beaucoup d’applaudissements et des cris au bout de chaque couplet de « Vive la République Française » ont succédé à ces chants et ensuite des danses.  Ce fait, le cortège est retourné à la Maison Commune et on a marché en ordre.

           De tout ce que dessus, nous, agents et adjoints municipaux de cette Commune, avons rédigé le présent procès-verbal que nous attestons sincère et véritable. En foi de quoi nous l’avons signé avec l’instituteur public, le Sieur Chailley et ceux de l’Assemblée qui sachent signer, les dits jour, mois et an que dessus ».   


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