Le département



Beaumont, haut lieu de grande Vènerie



Quand, vers l’an 1100, un quarteron de pauvres moines défricheurs venus de l’Abbaye de Clairvaux arrachèrent près de la Source de Bédan les premiers chênes de l’immense clairière de 200 hectares qu’ils nommèrent Beaumont, ils ne pensaient certainement pas qu’un jour, ce domaine agricole enfoui au cœur de la forêt deviendrait un des plus brillants rendez-vous de chasse des 3 départements  de l’Aube, de la Côte-d’Or et de la Haute-Marne. Ne contrôlaient-ils pas près de 3.000 hectares de forêt ?

 

         Cerfs, sangliers, chevreuils sont ici chez eux. Beaumont « Rallye de chasse », avec l’éclatante fanfare de trompes, n’est plus qu’un souvenir. En feuilletant l’annuaire de la vènerie de 1894, on y lit :

 

« Il y a une vingtaine d’années, M. Paul Bredin veneur consommé avait pour premier équipage, un « vautrait » (spécialisé dans la chasse au sanglier), transformé ensuite en équipage de cerf. Son équipage est installé à Beaumont depuis 12 ans. Depuis cette année, M. Bredin comptait à son actif 445 prises de cerfs.

 

Son équipage se composait de 3 hommes à cheval, 2 hommes à pied, 18 chevaux, 40 chiens français et 50 chiens bâtards. Moyenne annuelle de cerfs capturés : 40. La livrée était rouge avec parements bleus, boutons pied de cerf avec devise.

 

M. Bredin était un soyeux lyonnais, fils d’ouvrier, à qui 2 découvertes sensationnelles dans la soie avaient permis de faire une véritable fortune. Il avait fait construire le château de Saussy en Côte-d’Or, demeure magnifique mais sans eau. Il y construisit également un manège pour entraîner ses chevaux. Pour dresser le manège, il fallait une pièce de bois centrale. En raison de sa longueur, elle se trouva coincée sans espoir dans une rue étroite de Saussy. Impossibilité de tourner et pas d’autre voie possible ! M. Bredin appelé n’y alla pas par 4 chemins. Il alla trouver le propriétaire : combien voulez-vous de votre maison ? Interloqué, celui-ci lui donna un chiffre. Bredin tira son portefeuille. Voilà !  Se tournant ensuite vers son personnel : prenez des pioches et faites-vous de la place. Solution qui laissa les gens ébahis.

 

Le propriétaire suivant, Jean de Sauzy, maître de l’équipage, avait 70 chiens français blanc orange race marquis de Chambray et 12 chevaux de chasse.

 

Année par année, la pièce appelée « la salle des massacres » s’enrichissait de nombreux trophées dont 1 splendide 10 cors, naturalisé, qui, avant de succomber, avait tué 21 chiens, un véritable carnage ».

 

Les chasses de Beaumont attirèrent en plus des meilleurs fusils, les grands de la II° République, qui y côtoyaient la noblesse. Au-dessus de tous, un homme qui attacha son nom à l’océanographie : le prince Albert de Monaco était un assidu de Beaumont, qui pouvait aussi s’honorer d’avoir eu d’autres hôtes illustres, comme le Maréchal Pétain, le sultan du Maroc, alors qu’il n’était que le prince Hassan…

 

Les braconniers : les 3.000 hectares de Beaumont et les réserves de gros gibier qui s’y cachaient, étaient une tentation perpétuelle pour tous les francs-tireurs, bûcherons, charbonniers ou paysans de bordure qui voyaient chaque jour un pas, une bauge, ou entendaient bramer les cerfs à l’époque de septembre, et dans la nuit, au petit jour, un coup de feu claquait… 1 seul pour tuer, car le premier vous surprend et le second vous vend. Les gardes les connaissaient. Les prendre était une autre affaire.

 

On tuait un cerf pour vendre la tête à un naturaliste.  On vendait les 4 cuissots que l’on ramenait à un village nuitamment, et le reste pourrissait là. Abattre une bête en battant les gardes, « c’était le fin du fin du bon affûtier ». On chassait aussi en son temps, la bécasse à la passe.

 

C’est en forêt de Beaumont que les derniers couples de loups furent vus et tirés. 

Le 12 juillet 2020, Eric Paris nous adresse un message de Miami en Floride où il réside, pour rappeler que sa famille a été propriétaire du domaine de Beaumont : " Trois de mes frères sont nés à Beaumont, la propriété privée de notre famille Paris. Personnellement, j'ai commencé mes études à l'école de Cunfin. J'ai vu le domaine de Beaumont vendu par mon père Michel Paris. Notre famille Paris possédait aussi la "Teinturerie des Bas-Trévois", 15, rue des Bas-Trévois à Troyes".

Merci M. Eric Paris de votre témoignage.

 

 

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