Religion



Paysage dans les vitraux


 

La représentation de la nature pour elle-même n’a pas été recherchée par les peintres, à part de rares exceptions, avant le XVII° siècle.

            Si une place grandissante a été faite au paysage dans l’œuvre des verriers, elle a eu moins d’importance que pour les peintres.

            Les vitraux les plus anciens (ils sont du XIII° siècle) se trouvent à la Cathédrale. Nous n’avons pu y découvrir aucun paysage !

            Il faut attendre jusqu’au courant du XV° siècle, pour que l’on commence à voir du paysage dans les verrières, et cela va aller désormais en s’accroissant.

            A la fin du XV° siècle, l’exclusion de toute représentation de la nature dans les scènes de l’Ancien et du Nouveau testament devient impossible. La Bible est le plus souvent un drame de plein air. L’histoire de l’humanité prend naissance au pied de l’arbre du paradis terrestre.

            D’après une tradition, cet arbre est celui qui fournira le bois de la croix. Des verrières nous content son histoire. A Ervy-le-Chatel, le Christ est crucifié directement sur l’arbre de la Science.

            L’arbre, composera bien souvent à lui seul, le paysage. N’est-il pas au surplus le compagnon obligé de ces pasteurs, de ces bergers, de ce peuple agricole et campagnard de nos églises ?

            Avant l’apogée de la Renaissance française, l’arbre du vitrail ne connait que l’été. On vit sous un ciel toujours éclatant, d’un bleu profond.

            Les arbres, que nous les examinions dans les œuvres de cette époque, à Sainte-Madeleine, à Saint-Nizier ou à Saint-Jean, semblent établis suivant la même formule. Sur un tronc, assez droit, dès la fourche, se groupe un feuillage en boule, assez semblable à celui de nos pommiers. Les fruits sont également traités avec soin. Avec une colline rustique, l’arbre compose la plupart du temps, le décor.

            Mais il y a aussi de petits paysages : à Sainte-Madeleine, la verdure, le ciel et l’eau tiennent leur place dans les tableaux de la Création.

            Dans la chapelle, à droite du chevet, dans le vitrail du triomphe de la Croix, une barque se voit au premier plan, 2 rivières poursuivent leur cours, les champs sont parsemés  d’arbres.

            Le sol représente le plus souvent une prairie, constituée de plantes juxtaposées, au milieu desquelles se dégagent nettement certaines espèces, qui sont représentées avec l’exactitude des planches des herbiers. Ce sont les humbles fleurs des champs dont l’Evangile a dit la gloire.

            La flore des cathédrales n’est pas empruntée aux espèces les plus rares : la vigne, le chou, la salade en constituent le fond. Les plantes des vitraux continuent les exemples de la sculpture. Dans ceux de la grande nef de Saint-Pierre où l’on trouve les mêmes fleurs qu’à Sainte-Madeleine, nous voyons, dans le songe de Joseph, des gerbes de blé, juxtaposées, composant un décor éblouissant du vitrail dont elles constituent le fond.

            Signalons également les nombreux arbres de Jessé de nos églises, qui appartiennent à l’espèce généalogique et qui portent, comme fruits, des rois.

            Quelques vitraux montrent  certains décors identiques. C’est ainsi que l’apparition du Christ en jardinier a pour fond à Sainte-Madeleine, à Saint-Jean et à Sainte-Savine les mêmes arbres et la même palissade en épaisses fascines (fagot de menus branchages maintenus étroitement serrés par des liens), modèle courant qui devait alors limiter les jardins.

            Au cours du XVI° siècle, l’art de la Champagne connaît un splendide épanouissement. Les vitraux offrent alors matière au chercheur de paysages.

            Au moyen-âge l’arbre était vert. Voici que l’or le gagne. Il resplendit derrière les toits des monuments, des frondaisons illuminent l’horizon.

            A Saint-Nicolas, sur l’une des 2 grandes verrières en grisaille, dans une scène de l’histoire de Tobie, voici un toit en pigeonnier, la place villageoise, le puits, l’abreuvoir, dans un coin une charrette, des maisons à poutres apparentes nous parlent de la Champagne.

            De même, à Saint-Pantaléon, à Saint-Martin, des perspectives s’ouvrent sur des paysages champêtres. Le vitrail de l’apocalypse de Saint-Martin offre un paysage d’or, que traverse une rivière.

            Nous retrouvons avec Linard Gonthier (voir le chapitre) et ses vitraux des Arquebusiers (aux fenêtres de l’ancienne Bibliothèque), des vues de Paris, de Troyes… dans une verrière de la vie de Sainte-Anne, nous contemplons une véritable scène champêtre, des arbres verts bleus ou jaunes verts, une chaumière, des collines, un chemin, un berger, des troupeaux, sous un ciel bleu.

            A Saint-Martin également, des arbres d’or se profilent sur un coteau, cependant que des paysans paraissent avec leurs instruments de travail.

            A Saint-Jean, le vitrail de Sainte-Agathe et celui de la Vierge montrent à l’horizon des troupeaux avec leurs bergers.


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