Les Crimes



Son mari est un violeur, elle le conduit en prison


Lundi 28 août 1978, Sophie R. regarde venir vers elle la monitrice de cette colonie de vacances aux environs de Troyes : " Vous êtes Anne  ? " demande-t-elle. " Oui "." Je suis l’épouse de l’homme qui vous a prise en stop, jeudi dernier. Vous devez me dire ce qu’il s’est passé exactement, puisque vous prétendez qu’il vous a violée. Je viens vous supplier de retirer votre plainte ". " Quelle audace ! Si vous êtes la femme de ce personnage immonde, vous pouvez vous en aller tout de suite ! ". "Je vous en prie, insiste-t-elle J’essaie de comprendre ! Vous étiez d’accord ? Il ne vous a pas violée ?". " Partez tout de suite ".

Pour Sophie, le cauchemar a commencé le jeudi soir 24 août, à cause d’un retard de son mari :" Tu en as mis un temps pour apporter des pellicules à développer, lui lance-t-elle ! Tu es parti depuis 2 heures  ! ". " Il y avait du monde dans le magasin. Et puis, sur la route, un embouteillage monstre à cause d’un accident. Ce n’est pas de ma faute ! ". " En attendant, le dîner est froid et j’ai brûlé le rôti ! ". Robert. sourit, la prend dans ses bras, l’embrasse tendrement. Sophie oublie vite cette contrariété.

Depuis leur mariage en 1976, il n’y a jamais eu un seul nuage. Robert est mécanicien auto. Sophie, travaille en supermarché. Ils habitent un F3 dans le quartier des Vassaules à Troyes. Ils n’ont pas encore d’enfants.

Le lendemain, elle décide d’accompagner Robert à son travail afin de garder la voiture pour la journée : une Simca, rouge vif. Elle s’installe au volant, et pousse une exclamation de surprise : le compteur de l’auto a fait un sacré bond depuis la veille. Il marque au moins 30 kilomètres de plus. Robert doit lui cacher quelque chose. " Ne me dis pas que tu es seulement allé chez le photographe hier soir. Apparemment, tu as fait une petite balade ". Robert ne se trouble pas : " Qu’est-ce que tu racontes ? Tu as dû mal lire la dernière fois ". Dans le doute, Sophie admet s’être trompée. Mais Robert rentre bien avant midi, le visage décomposé. " Que t’arrive-t-il ? " lui demande Sophie. " Tu vas me quitter, après ce que j’ai fait ! s’écrie-t-il en éclatant en sanglot. J’ai commis une bêtise, c’est horrible ! ". Et il lui tend trois journaux : "Regarde, tu comprendras ! ". " Le violeur à la Simca rouge court toujours… ". La description de la voiture, celle de l’agresseur, tout y est. " Je te jure qu’elle était d’accord ! ". " Tu as fait ça ? ". " Mon seul tort, c’est de t’avoir trompée ! Mais je te le jure, je ne l’ai pas violée ! Ils vont me retrouver, je vais être arrêté et je n’ai rien fait ! ".Sophie comprend la gravité de la situation. " Je ne vois qu’une solution : aller trouver cette fille. Sais-tu où nous pouvons la rencontrer ? A-t-elle parlé ? ". " Je sais qu’elle s’appelle Anne  et qu’elle est monitrice de colonie de vacances à R..,.elle faisait du stop, et, en route, je lui ai demandé si elle voulait… passer un moment avec moi. Elle a répondu oui ! ". Sophie répond : " Je te crois Robert. Je vais aller parler à cette fille ! ". Moins d’une heure après, la tentative échoue. Anne refuse de retirer sa plainte. " Il te reste à aller voir les gendarmes, décide Sophie. Je vais t’y accompagner, tu leur diras ce qui s’est passé. Il vaut mieux aller à eux de ton propre gré. Ce sera la preuve de ton entière sincérité ! ". " Tu as raison, murmure Robert ". Sophie avec son époux, arrête la R 12 devant la brigade de gendarmerie de Rosières. Robert est gardé à vue, malgré ses dénégations : " Mais je ne l’ai pas violée ! Je lui ai tout simplement demandé si elle voulait faire l’amour, et elle m’a répondu oui ! ". La version de Anne, la jeune monitrice, est tout autre.

Originaire de l’Aisne, elle s’est rendue à Troyes en train pour rencontrer une amie de Saint-Phal, mais elle a raté le dernier autocar. " Pourquoi ne ferais-je pas de l’auto-stop ?"» s’était-elle demandé. Presque tout de suite, un automobiliste s’est arrêté : " Vous allez où ? ". " A Saint-Phal, monsieur, j’ai manqué mon autobus ". " Je ne vais pas jusque là, mais je peux vous déposer à l’embranchement de la route qui conduit à Bouilly,, c’est à 5 kilomètres, cela vous avancera ! ". " Merci beaucoup ! ", déclare la jeune fille en s’installant à ses côtés. " Ce n’est pas très prudent de faire du stop pour quelqu’un de votre âge ". " C’est la première fois, dit-elle. Je ne pouvais pas rester à Troyes, je ne connais personne ! ". " Votre amie vous attend ? ". " Oui, je suis monitrice dans une colonie de vacances, à R… ". Le conducteur, au lieu de prendre la direction de Bouilly, s’engage sur la route qui conduit à Sens. " Ne t’inquiète pas, ma belle, mais il y a un tout petit changement de programme ! On va se payer du bon temps tous les deux ! ". " Vous êtes fou ! Arrêtez immédiatement ! ". L’homme roule à tombeau ouvert. Quand il s’arrête, ils sont au cœur d’une forêt. " Allez, sors, déshabille-toi ! . Elle hurle, se débat. " A quoi ça te sert ? Il n’y a personne ici ". Anne subit l’outrage qu’il lui impose. Il remonte dans sa voiture et démarre. Il lui faut une demi-heure pour trouver du secours auprès d’une ferme isolée. Elle raconte l’agression aux gendarmes, et donne un signalement précis de l’individu qui l’a violée ainsi qu’une description de la voiture : " Une Simca rouge vif immatriculée 10. Cet homme, je le reconnaîtrais n’importe où ! ".

Robert, conduit par son épouse à la gendarmerie de Bréviandes, soutient que Anne ne l’a pas repoussé, bien au contraire…

Pourquoi, si la jeune fille était consentante, l’a-t-il abandonnée à demi-nue en plein bois ?

Le juge Ovaert du parquet de Troyes inculpe Robert de viol.

 

 

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