Les Evêques influents



Waimer

Abbon-L’heureux est le XXI° évêque de Troyes, de 666 à 677.

Son successeur, Waimer (ou Vaymer) est d’abord duc de Champagne, en 674.

Waimer est belliqueux et intrigant. Comme beaucoup de ses semblables, c’est un barbare sans littérature, qui se croit « l’évêque le plus régulier du monde », parce qu’il a coupé en rond sur son crâne ses cheveux roux et jeté une chasuble sur sa jasque de fer.

Avant de prendre la mitre et la crosse, Waimer a, comme duc de Champagne, porté le casque et l’épée.

Il entre en 675, dans le complot d’Ebroin, maire du Palais, qui a rejoint les rangs de l’Austrasie, contre Léger, évêque d’Autun, qu’Ebroin veut forcer de reconnaître pour roi, à la place de Thierry I, prétendu fils de Clotaire III.

Ils font couronner Clovis III roi d’Austrasie, et mettent en déroute l’armée de Thierry III, roi de Neustrie, qui est capturé peu après. 

De nouveau intronisé maire du palais, Ebroin écarte Clovis III du pouvoir.

En 675, suite à l'assassinat du roi Childéric II, les Neustriens et les Burgondes  remettent le royaume à Thierry III (675-676).

Waimer décide avec Diddon et Bobbon, de s’allier au duc d’Alsace Adaleric. La Ville d’Autun est assiégée. Saint Léger ne voulant pas exposer son troupeau, va lui-même se livrer à Waimer qui, sur le champ lui fait arracher les yeux, couper les joues et la langue (sans doute pas lui-même, mais par ses soldats). Il l’abandonne dans la vallée de la Voire, parsemée de fosses caverneuses et couverte d’épaisses forêts, espérant qu’on allait lui apprendre qu’il est mort de faim, noyé ou dévoré par des bêtes féroces.Il est trompé dans son attente. Léger est recueilli par les moines de Montier-en-Der.

Le riche évêché de Troyes étant venu à vaquer, Waimer est élu (peut-être à titre de récompense) pour conduire spirituellement cette ville qu’il a gouvernée pour le temporel en qualité de duc de Champagne.

 

Est-ce qu’il se repend de son crime ? Est-ce qu’il croit, grâce à son caractère sacerdotal dont il est revêtu, pouvoir braver le terrible maire du Palais Ebroin ?

Il converse plusieurs fois avec saint Léger, qui, enfin, « amollit la dureté de son cœur », le convertit et le persuade de restituer ce qu’il a pris dans le sac d’Autun.

Ebroin, irrité du changement de Waimer, commence à le redouter. Il l’attaque avec une armée et le contraint, ainsi qu’Adaleric, de fuir en Austrasie.

Waimer, connaissant alors la fragilité des grandeurs humaines, confie sa conduite à saint Berchaire, fondateur de l’abbaye de Montier-en-der, qui lui fait faire par pénitence, le voyage de Jérusalem avec lui.

A leur retour, Waimer efface, par sa piété les mauvaises impressions que sa conduite passée avait laissées dans les esprits.

Il n‘est donc point, comme l’ont pensé plusieurs historiens, un intrus qu’Ebroin a installé par violence. Waimer étant devenu son ennemi, et il n’eut pas manqué alors de le faire mourir, s’il fût tombé entre ses mains.

Le cruel Ebroin n’en perd pas le dessein depuis qu’il le voit sur le siège de Troyes. Sous prétexte de venger la mort de saint Léger et d’en punir les auteurs, il fait assembler, dans le Lyonnais, un concile, où il mande plusieurs évêques qui lui sont attachés. Waimer y est condamné et des historiens disent qu’il périt par la corde en 678.

Mais ce concile était composé d’esclaves des volontés d’Ebroin, et une assemblée d’évêques peut-elle prononcer de telles peines ?

La vie de saint Léger nous apprend que Diddon de Châlons et Waimer furent déposés, dégradés et condamnés par le roi à l’exil.

Quoiqu’il en soit, Waimer fut assimilé à saint Amat de Sens et à saint Lambert de Tongres, et il est toujours honorable pour un évêque, d’avoir péri par la cruauté du perfide Ebroin, injustement et sans forme juridique !  

 

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