Métiers anciens




Les éperonniers


Sceau de Thibault II
Sceau de Thibault II

            Dans notre histoire, il y a à partir du XI° siècle, l’âge du cheval.

          La nécessité de voyager à dos de cheval amène le développement des industries qui se rattachent à ce mode de locomotion, et elle prend une grande importance.

 

         Lorsque l’homme eut asservi le cheval devenu l’un de ses plus précieux auxiliaires, il lui fallut, en dehors de la houssine et du fouet, trouver un stimulant énergique, permettant au cavalier d’obtenir de sa monture les plus grands efforts de vitesse et d’obéissance passive, et en même temps de conserver, pour le maniement des armes de guerre ou de chasse, l’usage de ses mains dont l’une était employée, au moins en partie, par le tenue des rennes destinées à diriger les mouvements de l’animal. De là vient l’emploi de l’éperon.

 

         Dans l’antiquité grecque on ne porte, d’après quelques antiquaires, qu’un seul éperon que l’on fixe au pied gauche, à la hauteur des chevilles, à l’aide d’une courroie. Cet éperon, en bronze, n’est, dans le principe, qu’une simple lame en forme de feuille de laurier. Avec le temps, il se complique peu à peu et comporte des branches, une tige et une pointe. Sur la tapisserie de Bayeux, les cavaliers portent aux 2 pieds, des éperons à pointes coniques et courbes, en forme d’ergot. Des éperons semblables se voient en 1151, sur les sceaux de Thibault II, comte de Champagne. Ces éperons sont généralement en fer, comme ceux des Romains. C’est seulement à la fin du XII° siècle que commencent à paraître les éperons à tige longue terminés par des roues ou molettes, en forme d’étoile à 6 rais, mobiles sur un axe. Au XIV° siècle, les tiges des éperons, de même que leurs molettes, prennent des dimensions énormes. Sur le sceau d’Erard d’Arcis, sire de Chacenay, en 1331, ainsi que sur la tombe gravée de Jean Le Camus de Tigecourt, conservé en l’église de Barbuise, on voit représentées ces grosses molettes, généralement à 6 rais et qui, plus tard, affectent la forme d’un disque à pointes courtes et nombreuses (voir l'image de la tombe de Barbuise ci-dessous).

 

Les selliers s’occupent de la confection des pièces en cuir ou en étoffe nécessaires pour le harnachement des chevaux de monture, les bourreliers travaillent pour les chevaux de trait, et les lormiers ont pour spécialité la confection des mors de bride, des étriers, des éperons et autres pièces de ferronnerie usitées pour l’emploi des chevaux et s’attachent à l’aide de courroies. Les bourreliers du Moyen-Age forment une communauté à part de celle des selliers et des lormiers. Ces derniers sont communément désignés sous le nom d’éperonniers.

        

A cette époque, la ville de Troyes, centre d’un important commerce d’échanges à cause de ses foires renommées, est fréquentée par une foule de personnes acheteurs ou vendeurs, faisant un usage journalier du cheval, seul moyen de locomotion alors usité. Il est donc tout naturel qu’il se soit établi dans cette cité un assez grand nombre d’éperonniers assurés d’y trouver un débouché pour le placement de leurs produits.

          

         L’association des intérêts similaires, étant basée sur le principe que l’union fait la force, il n’est pas étonnant que l’on voie de tous côtés se former des associations, des syndicats ayant pour but la défense et le développement d’intérêts communs à tous leurs adhérents (les Romains avaient déjà connu ces groupements).

 

Il y a aux Archives municipales de Troyes, une copie des statuts accordés à la corporation des éperonniers de Troyes par le roi Louis XII, en 1510.

 

Jusqu’en 1789, ce corps de métiers composés des éperonniers et des selliers, concourt par ses députés, au nombre de 2, à l’élection du maire et des échevins. Ils prennent part aussi à l’élection du procureur du greffier, du receveur, du voyeur, du concierge, des sergents de ville, du commissaire de police et des autres officiers.

 

Au commencement du règne de louis XVI, une compagnie des Gardes-du-corps tient garnison à Troyes. Voici le texte d’une réclame (imprimée sur une carte à jouer), d’un éperonnier troyen :

« Aux Eperons d’Henri IV, à Troyes, près le Chaudron. Ardent, éperonnier de messieurs les Gardes-du-Roi, tenant la boutique de défunt M. Cabady, fait et vend toutes sortes de Mors garnis en Boslets, de toutes espèces, Mors Anglais et Bridons, Etriers, Cavessons et Mastigadours, Etriers, Eperons et Mors de Poste ; fait toutes sortes de Mors à l’usage des Troupes de France et raccommode les vieux. Le tout à juste prix ».



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