Autres célébrités



Alexandre-Claude Payn


Le choléra
Le choléra

Avocat-avoué à Troyes, Chevalier de la Légion d’honneur, il naît à Moussey en 1760, et est maire de Troyes de 1830 à 1835.

Avant d’être nommé maire, Alexandre-Claude Payn est premier adjoint de 1809 à 1816, de Nicolas Piot de Courcelles.

A l’époque, il est qualifié : "... homme de caractère et plein de fermeté, nullement susceptible de s’en laisser imposer, possédant en outre l’inappréciable avantage de conserver le plus grand sang-froid, même au milieu du plus imminent danger... pendant ces temps malheureux des deux invasions de notre ville par l’étranger, qui lui occasionna des maux horribles, il demeura constamment à son poste, courant à chaque instant de si grands dangers, ne craignant point, bravant les plus fortes menaces, de s’exposer pour la conservation de cette ville et la défense des intérêts de ses nombreux concitoyens, qui les sauva des horreurs de l’incendie, qui força plus d’une fois, par son inébranlable fermeté, les sbires de la coalition, non seulement au silence, mais encore à réduire leurs odieuses prétentions... ".

 

La santé du maire Nicolas Piot de Courcelles l’empêche d’aller à son bureau. Alexandre-Claude Payn, alors son premier adjoint, se trouve presque toujours seul au bureau, obligé de faire face et de répondre à tout.

Voici un exemple qui confirme " l’élévation de son caractère ".

Le 18 juin 1815 a lieu la défaite de Waterloo. Le 9 juillet, les premiers éléments de la Garde Impériale russe entrent à Troyes, et le 12 , les Autrichiens y pénètrent à leur tour.

" ... Dans les jours qui suivent, un officier autrichien se présente à la mairie, demandant une chaise de poste. L’embarras était grand, tout avait été enlevé depuis longtemps, voitures et chevaux, et l’administration ne pouvait contraindre les loueurs à fournir ce qu’ils ne possédaient pas. Malgré que cette voiture ne fût pas due à celui qui en fait la demande, l’adjoint se contente de lui faire observer qu’il y a impossibilité de le satisfaire, que toutes les voitures sont prises, qu’il ne s’en trouve point dans la ville. L’officier, que cette réponse ne satisfait point, insiste. On réitère la même observation.

Alors, entrant en colère et plein de fureur, il se répand en menaces contre le magistrat, qui, dans ce moment, se trouve seul au bureau avec l’interprète. Il tire son épée, et déclare à ce dernier qu’il va de suite en traverser le corps de l’administrateur, si sur le champ on obtempére pas à sa demande. Le danger devient imminent. Plusieurs eussent tremblé, eussent été hors d’eux-mêmes, fussent descendus à de basses et suppliantes observations, à de dégradantes excuses. M. Payn ne pâlit point, au contraire, il montre à l’étranger qu’il se trompe sur l’effet de sa menace, et qu’il n’a point devant lui l’homme que peut-être il a pensé trouver. A peine l’interprète lui eut-il rendu le propos, que, sans temporiser ni chercher à apaiser l’insolent Autrichien, mais seulement appuyé sur la force de son caractère, sur le courage qui l’anime, il se saisit de son écharpe tricolore et de son chapeau, dont il se revêt aussitôt, puis, avec une fermeté à la fois courageuse et imposante, présentant sa poitrine au lâche qui ose le menacer, il lui dit avec une assurance stoïque et le plus grand sang-froid : " Frappes, si tu l’oses ", et le sbire rengaine son sabre dans le fourreau, et se retire honteux et plein de rage... ".

 

Pendant son mandat de Maire, une importante épidémie de choléra sévit à Troyes en 1832. A cette occasion, Alexandre-Claude Payn se dévoue sans compter.

Le nombre de sujets atteints et de décès devient de plus en plus important : 4.600 en 2 mois, dont 1.834 morts !!

Payn prend de nombreuses mesures qu’il fait afficher : "…  Le Choléra-morbus nous envahit, ... mais ne vous alarmez pas. Certains ne veulent pas y croire : cette incrédulité pourrait leur faire négliger les précautions nécessaires pour éviter les suites d’une sécurité fatale, ou de l’excès de vin, de l’eau-de-vie et des liqueurs. Calmez vos esprits. Vivez avec sobriété... Les hospices sont disposés pour recevoir les malades qui veulent s’y rendre. Personne n’est conduit aux hôpitaux contre son gré... il existe des préventions, des bruits malveillants... cependant le dévouement de votre Maire est le même que celui qui l’animait en 1814 et 1815 ... attention à l’eau, qui doit être filtrée, limpide. Au lieu de la boire pure, il vaut mieux y ajouter deux cuillerées par pinte d’eau-de-vie ordinaire ou d’absinthe, eau rougie ... l’abus des liqueurs fortes est très pernicieux. Il en est de même de l’usage de l’eau-de-vie, prise seule et à jeun. Les personnes qui en ont contracté l’habitude doivent manger au moins un morceau de pain, avant de boire de l’eau-de-vie; la même observation s’applique à l’usage du vin blanc pris à jeun. Il est admis que l’absinthe est un mal inéluctable, à corriger simplement par l’adjonction d’un quignon de pain ...".

Il fait la désinfection des maisons où sont décédés des cholériques.

Il annonce que le cimetière Saint-Jacques est rempli.

Il affiche : " notre ville a toujours été signalée par sa bienfaisance dans toutes les circonstances. Le Choléra-morbus nous menace de près, c’en est assez pour éveiller la bienfaisance des Troyens aisés. La classe indigente a besoin de ceintures de flanelles et de chaussures. Empressez-vous de porter vos dons aux bureaux de Charité...".

Arrêté du Maire : "... les teinturiers se permettent d’arrêter l’eau des canaux au moyen de grilles, soit de charnières, soit avec des planches ou de toute autre manière, de sorte qu’en divers endroits il n’y a plus d’eau. Les Commissaires de police et garde-champêtres sont chargés d’une surveillance particulièrement vigilante... des teinturiers se servent de colle de poisson pour donner un apprêt luisant aux étoffes teintes susceptibles de provoquer des émanations infectes... fumiers dans les cours, eaux stagnantes ... eaux croupies... beaucoup de maisons malpropres et insalubres... ".

 

Emile Socard a dit de lui : " …consacrant tous ses instants au service de ses concitoyens, malgré son âge avancé. Les habitants de la ville lui offrirent solennellement une épée d’honneur...".

 

On a d’Alexandre-Payn : La Promenade en ville, L’Homme et la Femme (pièce en vers), le Dictionnaires des pensées, maximes, sentences et réflexions.

 

Il décède en 1842, mais aucun nom de rue ne lui est décerné !!

 

 

Rechercher sur le site :



Sur le bandeau du  bas de chaque page, vous cliquez sur "Plan du site", qui est la table des matières, et vous choisissez le chapitre qui vous intéresse. 

Cliquez sur "Nouveaux chapitres"  vous accédez aux dernières pages mises en ligne.