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Henry d’Arbois de Jubainville


Un nom chargé d’histoire : en 1852, la ville de Troyes inaugure une construction de style gréco-romain, destinée à mettre fin au vagabondage des Archives départementales.

 

Fils d’un avocat, Henry naît à Nancy le 5 décembre 1827. Boursier à l’Ecole des Chartes, puis avocat, il entre au Grand Séminaire de Nancy, mais il n’a pas la vocation sacerdotale, et fait ses études de droit.

 

En 1847, il entre à l’Ecole des chartes, et sort 1er de sa promotion en 1850, avec une thèse intitulée «Recherches sur la minorité et ses effets dans la France coutumière au Moyen Âge ».    

 

Devenu archiviste paléographe, il est directeur des archives de l'Aube de 1852 jusqu'à sa retraite en 1880. A Troyes Henry se voit confier le soin de mettre en ordre les Archives départementales, et, au prix d’une carrière laborieuse, il y acquiert de haute lutte une renommée universelle qui s’affirmera par 422 publications, par son « Histoire des Comtes de Champagne » et ses 12 volumes formant son cours de littérature celtique.

 

Il s’incorpore si bien à Troyes, qu’il se marie avec une Champenoise, Charlotte de Pinteville de Cernon, et qu’il continue sa lignée.

 

         Henry d’Arbois-de-Jubainville n’est pas seulement un savant éclairé. Il se double d’un critique ferme et assuré.

 

C’est lui qui, contre les interprétations répandues, signale Moirey (c’est-à-dire Dierrey et Estissac), comme étant le lieu de la défaite d’Attila.

 

         Il va plus loin, affirmant une vérité historique selon lui, mal interprétée.

 

 On lui doit en effet un ouvrage pour justifier les horreurs de l’inquisition, apparemment injustifiables.

 

         D’Arbois pénètre au plus profond du Moyen Age, il ne se contente pas de voir les faits, il en analyse les causes. Cet historien déclare que l’inquisition ne peut pas être séparée de son contexte, elle est le miroir de son temps. Or, ce temps pratiquait des mœurs rudes. Il relevait des Mérovingiens, dont les dirigeants, pour se maintenir, assassinaient jusque sur les marches de leurs palais.

 

         La féodalité rassemblait non seulement les descendants des Gaulois, mais encore les héritiers des hordes barbares qui nous envahirent. Les seigneurs puisaient leur autorité dans la force. Ils se battaient entre eux, par convoitise ou jalousie. Leurs justices accrochaient des pendus aux arbres des carrefours.

 

Devant eux, la royauté qui assurait la tâche de construire la France, avait besoin de s’appuyer sur l’Eglise.

 

Les moyens violents primaient et à vrai dire, on n’en connaissait pas d’autres. Le sang coulait sur tout le territoire. Quand un château fort avait succombé sous les coups des assaillants, ceux-ci, ignorant la moindre pitié, passaient la garnison vaincue « au fil de l’épée », c’est-à-dire la transperçaient à mort.

 

Ces scènes horrifiques, l’Eglise ne pouvait les empêcher. Elle arrivait au plus, à réglementer les jours de combat, avec la Trêve de Dieu.

 

L’avenir du pays reposait, au Haut-Moyen Age, sur une sévère répression. D’où l’inquisition pour mater toute rébellion, schisme ou dissidence. Alors, sacrifiant aux procédés admis, les bûchers s’allumaient à la grande approbation du menu peuple, pour lesquels ils constituaient un spectacle. Henry dresse la liste des émigrés aubois qui, ne voulant pas passer sous les fourches caudines de la Révolution qui les dépossédait, ont préféré fuir à l’étranger. Leur liste se présente comme un véritable nobiliaire aubois. On y trouve non seulement leur état civil, mais aussi leurs titres, leurs biens et comment leur triste aventure s’est terminée. Ils étaient 219 émigrés, plus les prévenus d’émigration, au nombre de 36, ainsi que les 19 amnistiés.

 

Pendant ses 28 ans passés à Troyes, il publie de nombreux et importants travaux, qui ne tardent pas à lui donner le premier rang dans l’érudition française et lui valoir célébrité et honneurs.

 

En 1880, le laborieux archiviste quitte notre ville pour prendre une retraite anticipée et poursuivre sa carrière d’historien, en 1882, comme premier titulaire de la chaire de langue et littérature celtiques au Collège de France, et membre résidant de la Société nationale des antiquaires de France, ce qui lui vaut son élection, en 1884, à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, qui le désigne en 1896 pour faire partie du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole des chartes.

 

Henry d’Arbois-de-Jubainville décède en 1910, et compte parmi les membres les plus éminents de la Société Académique de l’Aube..

 

Son fils, Paul d’Arbois de Jubainville naît à Troyes en 1865, et embrasse aussi la carrière d’archiviste, écrivant sa thèse sur la Champagne agricole. Son fils, le docteur Bernard d’Arbois reste Troyen et son petit fils Bernard vient y travailler à la Sécurité sociale, fréquentant la Société Académique.

 

Lors du Conseil municipal de Troyes en date du 30 octobre 1964, je vote pour que le nom d’Henry d’Arbois-de-Jubainville soit donné à une rue voisine des anciennes Archives qui sont déménagées aux Tauxelles.

 

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