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Les Carel de Troyes


Etienne-Louis Carel (1759-1833)

 

        Vers 1787, s’établirent à Troyes 2 jeunes israélites qui venaient de se marier à Leipzig. Jacob Nephtali, le mari exerçait la profession d’opticien. Il était à Presbourg (Hongrie), le 15 mars 1759. Selsen Selgen, sa femme, était née en 1767 à Bayreuth, principauté d’Ansbach, en Bavière.

 

         Les époux Nephtali furent amenés à répudier les croyances de leurs pères, pour adopter la religion catholique. Ils avaient fait la connaissance de François-Joseph Schumacher, chanoine de la collégiale Saint-Etienne de Troyes, qui entreprit de les convertir. Le mercredi 9 mai 1787, la vieille collégiale des comtes de Champagne était en fête : on procéda au baptême des 2 époux, en présence d’une assistance nombreuse et choisie, attirée par la rareté du fait. Le nouveau baptisé, rejetant complètement ses anciens noms, fut appelé Etienne-Louis Carel, et son épouse Marie-Louise-Charlotte-Mélanie, gardant son nom de Selgen. Ils furent bientôt admis à communier. Trois enfants naquirent à Troyes : Eustache-Auguste le 28 janvier 1788, Philibert-Flore le 7 mai 1789 et le 12 août 1790, François-Joseph.

 

Etienne-Louis Carel, fut victime d’un attentat. Le 18 février 1788, à l’ouverture de la foire, un jeune homme lui apporta une boite « remplie d’artifice », le feu prit et tout fut brisé dans sa boutique. Il faillit être tué, mais ne fut que blessé. On a soupçonné que c’était des juifs qui avaient fait cela pour le tuer et se venger de ce qu’il avait embrassé la religion catholique.

 

Carel prit une part active au maintien du bon ordre dans les émeutes qui marquèrent à Troyes, le début de la Révolution (voir assassinat de Claude Huez).

 

Il sortit de France le 21 septembre 1792, pour suivre sa clientèle aristocratique. Il se rendit à Tirlemont en Belgique et s’enrôla comme volontaire, en avril 1793, dans la légion de Carneville, et y fut nommé maréchal des Logis en octobre. En avril 1794, un éclat d’obus lui faisait au crâne une blessure grave. L’armée des princes ayant été licenciée, Carel passa le Rhin à Düsseldorf, à la suite du maréchal de Broglie, et obtint le poste de conducteur général de l’artillerie à l’armée Condé, en septembre 1794. Il « s’est trouvé et distingué » aux batailles de Louchen (5 juillet 1796), de Rastadt (7 juillet 1796), de Nurenheim, de Henbach, de Bibrach (3 octobre 1796). A cette dernière, il eut la malchance de perdre ses papiers. Il sauva plusieurs fois l’artillerie et reçut diverses blessures. Il cessa de servir en septembre 1799. Rentré en France après la chute de Napoléon, il y occupa d’abord un emploi auprès de comte Beugnot (originaire de Bar-sur-Aube), ministre, directeur général de la police. En novembre 1814, Louis Carel sollicitait une pension « afin de vivre avec honneur et de se reposer de ses longues fatigues ».

 

Sans fortune, vieux, infirme et blessé, il avait alors 5 enfants. Une décision royale de mars 1815 lui accorde une retraite de 200 francs. C’était trop peu pour lui permettre de « se reposer » comme il le souhaitait. Aussi, rentra-t-il dans la police, à la Préfecture en 1817.

 

Il décède le 26 décembre 1833.

 

   Eustache-Auguste Carel (1788-1836)

 

        Né à Troyes le 28 janvier 1788, il commence sa carrière militaire par un stage d’une année au Prytanée français de Saint-Cyr, puis il entre en décembre 1805 à l’Ecole militaire de Fontainebleau, où il reçoit le grade de caporal en septembre 1806. Le 10 octobre, il débute comme sous-lieutenant au 79° de ligne, passe au 120° en qualité de lieutenant en octobre 1808 et devient capitaine en octobre 1811. En avril 1814, le maréchal Soult le nomme chef de bataillon au 69°. Durant cette période, il fait les campagnes de 1806 en Italie, 1807-1808 en Dalmatie, 1809 à 1813 en Espagne et en Portugal, en 1814 dans le midi de la France. La guerre d’Espagne lui donne plusieurs fois l’occasion de se signaler : en mai 1810, à Luarca (Espagne) il résiste à une troupe beaucoup plus nombreuse d’ennemis, auxquels il prend 2 canons et fait 300 prisonniers. En juillet 1812, à la prise du mamelon des Arapiles (Espagne occidentale), un coup de feu lui traverse l’aisselle gauche. En juin 1813, commandant une compagnie de voltigeurs, ayant déjà perdu son lieutenant et 80 hommes, quoique blessé par une balle qui lui casse le bras gauche, il peut se retirer avec l’arrière-garde de l’armée. Lorsque les Cent jours viennent, Carel est nommé adjudant à la 1ère division militaire en avril 1815. En mars 1816, il obtient le poste de major de la légion départementale de l’Yonne.

 

Il songe alors à se créer une famille. Il se marie en juillet 1818 et a un enfant en 1819, mais qui décède en 1820.

 

En 1819, il reçoit la croix de Saint-Louis, et en novembre, il prend le commandement d’un bataillon de la légion du Cantal.

 

Auguste Carel était aussi écrivain. Il commence par des vers publiés dans l’« Almanach des Muses », publie 4 pièces qu’il signe « M. Nephtali de Troyes », rappelant ainsi l’ancien nom israélite de la famille Carel. Il écrit un « Précis historique de la guerre d’Espagne et de Portugal de 1808 à 1814 ». Il prend part à la rédaction du journal ministériel « Le Fureteur ou l’Anti-Minerve », dont paraissent 4 numéros en mars et avril 1818. Dans « La France ancienne et moderne », Carel montre que la liberté en France est plus vieille que les constitutions de 1791 et 1814. Son « Budget d’un sous-lieutenant d’infanterie » est plus original, comme tableau de mœurs. En 1821, Carel publie une autre pièce en vers inspirée des événements d’Orient : « Aux Grecs, un officier français, dithyrambe », et l’« Ode sur la Mort de Napoléon ». Il fait un travail sur l’organisation des milices des colonies, écrit une « Ode sur la naissance du duc de Bordeaux », et une sur « Le Sacre de Charles X ». Avec la Révolution de juillet 1830, il se rallie au nouveau gouvernement, « il prend le commandement du poste des Tuileries, ferme les grilles et forme avec des gardes nationaux 16 pelotons qu’il fait commander par des élèves de l’Ecole polytechnique ». Le 30, il va proclamer place de la Bourse, entouré de 6.000 personnes, le duc d’Orléans, roi des Français. Rentré aux Tuileries, il fait rétablir l’ordre et « rester dans les caisses de l’Etat des sommes considérables et quantité d’argenterie ». En récompense, le 3 août, il est nommé gouverneur du Louvre, mais pour peu de temps, car le ministre de la Guerre indique que le Louvre et les Tuileries, étant des châteaux royaux, ne peuvent pas avoir des commandants militaires. En février 1831, une ordonnance du roi le nomme lieutenant-colonel pour être pourvu du commandement de la partie française de l’Île Saint-Martin, aux Antilles, et le met à la disposition du ministre de la Marine.

 

Il est mis à la retraite en janvier 1836. Il n’a que 48 ans, mais sérieusement atteint par la maladie, il décède le 28 juin 1836. 

 


Le Général Philibert-Flore Carel (1789-1859)

 

        Philibert-Flore Carel, cadet d’Eustache-Auguste, était né comme son frère à Troyes, le 7 mai 1789. Moins favorisé que son aîné, il ne passe pas par les écoles et débute en qualité de soldat au 27° régiment d’infanterie légère, le 3 juin 1807. Il est caporal quelques jours après, et fourrier. Il fait en cette qualité la campagne de Prusse en 1807. Sergent en juin 1809 et sous-lieutenant le mois suivant, pendant la campagne d’Autriche, il passe le 3 juillet au 10° d’infanterie légère. L’année 1810 le trouve sur les côtes de Brest, en 1811 en Zélande. Il est nommé lieutenant adjudant-major au 131° de ligne, puis capitaine adjudant-major en novembre 1812, au début de la campagne de Russie. Quelques jours après, il est grièvement blessé au combat de Wolkwiski (Volhynie, Russie orientale). En février 1813, il est envoyé près du général saxon Gablentz, qui, à l’affaire de Kalisch, sur la Wartha (Pologne), avait été coupé et contraint de se retirer à Cracovie. Il réussit, et après 17 jours de marche, il revient à Bautzen rendre compte de sa mission au général en chef Reynier, après avoir couru les plus grands dangers. En octobre 1813, étant à Saifnitz, près de Tarvis (Illyrie), il reçoit l’ordre de placer un poste de 60 à 80 hommes sur la route de Feistritz. A peine entré dans le défilé des montagnes, il est attaqué par 3 compagnies autrichiennes formant l’avant-garde de 8 bataillons. Il prend position, et sait tellement en imposer à l’ennemi, qu’il se bat pendant 1 heure sans reculer, donnant ainsi au renfort le temps d’arriver. A la suite de cet exploit, Carel reçoit la croix. Il est adjoint au Général Grenier en qualité d’aide de camp en mars 1814 et nommé chef de bataillon.

 

         Mais, comme pour son frère aussi, la chute de Napoléon allait interrompre et compromettre la carrière qu’Auguste Carel entrevoyait déjà brillante et rapide. Il est mis en non activité en janvier 1815. Toutefois, aux Cent jours, il est réintégré en juin 1815. Quelques jours après, l’empereur abdique de nouveau, l’armée est dissoute et Carel, cessant ses fonctions, est mis en demi-solde en janvier 1816. En août 1818, il est placé  à la tête du 3° bataillon de la légion des Deux-Sèvres, puis en mars 1819, au 3° bataillon de la légion de Seine-Inférieur, et en mars 1820, aux chasseurs de la légion du Bas-Rhin. En novembre, il est mis en congé illimité. La révolution de juillet 1930 lui fournit l’occasion de reparaître à l’armée. En septembre 1830, Carel est nommé lieutenant-colonel du 41°. Il se faisait alors appeler : « le chevalier Carel de Salisberg », nom qui, selon une tradition de famille, lui serait venu de sa mère ou de sa grand’mère. En mars 1831, il passe au 55° de ligne. A la tête de ce dernier corps, il fait la campagne d’Afrique. En octobre 1832, il est promu colonel et est décoré de la Légion d’honneur. En avril 1846, il est mis en disponibilité avec le titre de maréchal de camp. Suite au décret du 11 avril 1848, il est admis à la retraite. Le 9 janvier 1853 Carel transmet le serment du jour : « Je jure obéissance à la Constitution et fidélité à l’Empereur ».

 

         Il avait épousé en mars 1845, Antoinette-Madeleine-jenny Salmade, fille du docteur Mathieu Salmade, médecin du roi.

 

Le 10 décembre 1859, il meurt.  

 

        En août 1857, il avait été nommé commandeur de la légion d'honneur.


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