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Docteur Cartereau



Le 19 mai 1882, à l’occasion du décès du docteur Cartereau, le président de la Société Académique dit : « Nous venons de perdre l’un de nos membres les plus savants et les plus distingués, un de ces hommes d’élite qui, profondément dévoués à la science, ont la bonne fortune de pouvoir s’y adonner tout entier. La meilleure partie de sa vie a été consacrée à l’étude de l’entomologie, pour laquelle il avait une véritable passion… Un esprit d’observation toujours en éveil, une patience infatigable, une rare habileté de chasseur, il avait toutes les qualités qui font l’entomologiste et le collectionneur… ».

Quoique plus spécialement entomologiste, M. Cartereau s’occupe d’abord de botanique et cultive cette science avec succès. En 1837, il publie le « Catalogue des plantes cryptogames recueillies dans les environs de Bar-sur-Seine ». Il donne au Musée de Troyes un herbier très intéressant.

Mais l’entomologie est bientôt toutes ses prédilections. M. Cartereau appartient à la grande école. Non content de capturer les insectes que le hasard fait tomber dans son filet, il rapporte de ses excursions de nombreuses larves dont il surveille l’éducation avec un soin infini. Quelle joie c’est pour lui quand, après de longs mois d’attente, il voit tout-à-coup apparaître un insecte rare, ou dont les premiers états sont inconnus !

Il enrichit ainsi la science de précieuses découvertes. Son nom figure fréquemment et avec honneur dans les annales de la Société entomologique de France, dont il est un des membres les plus appréciés. Souvent même, on trouve à côté de l’insecte la plante qui l’a nourri et la coque d’où il est sorti. Des étiquettes exactes et détaillées indiquent l’époque de la capture ou de l’éclosion, ainsi que la localité où a été trouvée la larve et la plante sur laquelle elle vit : « il y a là, pour l’étude, des matériaux du plus grand prix ».

M. Cartereau fait quelques voyages avec la Société entomologique, et il en rapporte des espèces intéressantes, mais sa collection est avant tout locale, principalement les environs de Bar-sur-Seine qu’il étudie avec prédilection. Pas un ravin qu’il n’interroge, pas un sentier qu’il ne suive, pas une prairie où il ne butine. La faune de Bar-sur-Seine se trouve tout entière dans ses riches cartons.

Presque tous les ordres des insectes sont l’objet de ses études. Il s’attache d’abord aux lépidoptères, dont les brillantes couleurs attirent et captivent l’ami de la nature., et les micro lépidoptères, encore si peu étudiés, lui fournissent de nombreux sujets d’observation. Mais il délaisse bientôt cette branche de l’entomologie pour étudier les coléoptères, et, plus tard, presque exclusivement, les hémiptères et les hyménoptères. Ce dernier ordre surtout, si difficile et si peu connu, a pour lui un charme particulier. Il aime à élever les larves que recèlent les galles que l’on observe sur différents arbustes, et il n’est pas jusqu’à son jardin qui n’est pour lui un champ d’observations et de curieuses découvertes.

M. Cartereau étudie la plume à la main, analyse, comparait les divers auteurs et les complète en ajoutant à leur travail ses propres observations ou des dessins faits de sa main, car il dessine avec une grande habileté.

Connu et apprécié à Paris, il y compte de nombreux amis parmi les princes de la science qu’il reçoit chez lui, où ils viennent « explorer avec intérêt les nombreuses boîtes de sa collection ».

On ne saura jamais tout le bien qu’a fait M. Cartereau, dont la charité inépuisable est devenue proverbiale, car il le fait avec modestie et discrétion. Combien de misères il a soulagées, « combien d’aumônes il a versées dans le sein des pauvres ? ». Dans la dernière période de sa vie, la médecine n’est plus pour lui qu’une occasion de répandre des bienfaits. Non seulement il visite les pauvres gratuitement, il leur donne encore des médicaments et « tout ce qui peut contribuer à relever leurs forces défaillantes ». Les malades de l’Hospice, qu’il soigne jusqu’à la fin de sa carrière, se réjouissent d’avance quand ils voient revenir son mois d’exercice, car il est pour eux, non seulement un médecin habile, mais encore « un ami et un père ».

La ville de Bar-sur-Seine, qu’il aime tant, lui doit une institution de bienfaisance appelée à rendre les plus grands services.

Le docteur Cartereau décède à 80 ans. Il était chrétien du fond du cœur, l’étude des œuvres de Dieu lui ayant appris à connaître et à admirer le divin Créateur de tant de merveilles.

Une foule émue se presse à ses funérailles, on y voit des hommes de toute nuance, et de toute opinion « qui ont cru remplir un devoir en rendant ce dernier hommage à celui qui a passé en faisant le bien ».

Madame Cartereau, généreusement, donne sa précieuse collection et sa riche bibliothèque, au Musée de Troyes.      

 

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