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Lorsque Vidocq écrivait au maire de Troyes


Eugène-François Vidocq appartient à l’histoire. Né le 24 juillet 1775, il commet divers larcins lors de son enfance. A 16 ans, il est arrêté et s’engage dans l’armée révolutionnaire. Il se bat à Valmy et à Jemappes, puis déserte l’armée. En 1796, il est condamné à 8 ans de travaux forcés. 8 jours après son arrivée au bagne de Brest, il s’évade. De nouveau arrêté en 1799, il est envoyé au bagne de Toulon, d’où il s’évade en 1800. En 1809, il propose ses services d’indicateur à la police de Paris. En 1811, le préfet le place à la tête de la Brigade de sûreté, un service de police dont les membres sont d’anciens condamnés dont le rôle est de s’infiltrer dans le « milieu ». En 1832, Vidocq quitte ses fonctions de chef de la Sûreté, et en 1833, fonde le Bureau de renseignements pour le commerce, première agence de détectives privés, qui fournit aux commerçants, moyennant finance, des services de renseignement et de surveillance économique, ainsi que des informations sur les conjoints volages.

Le 2 novembre 1836, Vidocq écrit au maire de Troyes : « Je prends la liberté de vous importuner, M. le Maire, pour vous prier d’avoir l’extrême bonté de me faire connaître si le sieur Jacques Rongé est en ce moment en votre ville, ou de me transmettre les renseignements que vous avez sur son compte, et dans la supposition où il n’aurait pas encore paru dans vos murs, j’ose vous prier de prendre note, de ma demande pour me donner avis de son apparition s’il s’y présente un jour ou l’autre… Je suis avec un profond respect, M. le Maire, votre très humble et très obéissant serviteur ». Dès le 7 novembre, le commissaire répond que le 4 novembre, Rongé est passé à « St-Parres les Tertres » le 4 novembre, mais qu’on ne l’a pas vu à Troyes...

A 2 autres reprises, le 2 novembre 1837 et le 19 mai 1838, Vidocq réclame des renseignements sur le même Rongé. Dans cette dernière demande, l’expéditeur écrit : « Je profite de cette occasion pour vous faire l’offre de mes services pour tout ce dont vous pourriez avoir besoin, soit dans la Capitale, soit ailleurs, enchanté si je pouvais vous être agréable en quelque chose ». Le 28 juillet 1838 écrit à nouveau au Maire. Il lui expose qu’à la date du 15 juin, un sieur Simon Joly était monté dans la diligence allant de Mulhouse à Paris, après avoir fait placer sur l’impériale un coffret contenant des objets de valeur et des souvenirs de famille. En arrivant dans la capitale, Simon Joly s’était aperçu qu’on avait fracturé sa cassette pour en subtiliser le contenu. Alors Vidocq demande au maire de se renseigner afin de savoir si les objets volés, dont la liste était scrupuleusement établie, avaient été offerts ou vendus dans la ville de Troyes, depuis le 25 juin. Il mentionne la récompense promise par son client puis renouvelle ses offres de service. Dès le 4 août, le maire informe Vidocq que sa lettre avait été vainement présentée « à Messieurs les orfèvres de la ville …».

Le 24 décembre 1839, Vidocq écrit à nouveau au maire de Troyes. Voici l’en tête de son courrier, en lettres capitales, artistement décorées : « Breveté du Roi. Ex-Chef de la police particulière de sûreté qu’il a dirigée pendant 20 ans avec un succès incontesté ».

En 1840, Eugène-François Vidocq correspond plusieurs fois avec le maire de Troyes. Par lettre du 2 août, il demande ce qu’est devenu un certain François Martin, natif de Valloire, lequel ferait le commerce de foires et se trouvait à Troyes en novembre 1839. Dès le 5 août, le commissaire expose au Maire que le sieur Martin a fait « dans le temps » des achats en ville, principalement chez M. Barthélemy, passage Neveu, auquel il doit 2.143 F, mais qu’il n’est plus revenu à Troyes depuis. Le 13 septembre, Vidocq réclame des informations sur la résidence du sieur Auguet, âgé de 50 à 55 ans, ancien commerçant à Troyes, sur sa famille, sur sa fortune, sur la cause de son départ 6 mois plus tôt environ. Le commissaire ne connaît pas d’Auguet, mais un sieur Augu, fabricant de couvertures dans la rue du temple (Général Saussier), parti pour Paris 6 mois plus tôt, lequel ne possédait aucun bien. Le 31 décembre 1840, Vidocq s’adresse au maire de Troyes : «… Pour 20 F par an, on est garanti de toute escroquerie commerciale… Dans l’intérêt du commerce et des familles, on peut obtenir, sous le sceau du plus inviolable secret, les renseignements les plus délicats et les plus positifs sur les antécédents, la moralité, la solvabilité, les démarches, les habitudes et la fréquentation journalière des personnes qu’on a intérêt à bien connaître ou qu’on emploie… ». Il demande si le sieur Tronchon-Combes, marchand, habite la ville de Troyes et, dans ce cas, ce qu’il y fait, quels sont ses moyens d’existence, sa position sociale, sa position financière, ses espérances, sa moralité et sa solvabilité. Le 7 janvier 1841, le commissaire indique que le sieur Tronchon-Combes, marchand de rouennerie et draperie, dispose d’un pied à terre rue Moyenne (rue Urbain IV), que sa femme fait le même genre de commerce et parcourt les foires, qu’il jouit d’une bonne réputation et qu’on n'a rien entendu dire sur sa situation financière, sur ses espérances et sa solvabilité.

Le 10 avril 1841, Vidocq s’intéresse à une israélite de 17 ans, Caroline Lévi, qui prend le nom de Caroline Jacob : « elle est marchande parfumeuse ambulante et vend dans les cafés et maisons publiques avec une boite en acajou…». Vidocq pense que la demoiselle se trouvait à Troyes le 15 mars ainsi qu’un nommé Isaac Mayer qu’on dit être son parent et qui a une voiture. Le commissaire répond le 16 avril que Caroline Lévi est arrivée dans sa ville le 10 mars pour en repartir le 14 mars avec Mayer et un autre individu qui déclarait être son frère, après avoir logé chez un nommé Jeanson, aubergiste au Marché à Blé (place Jean-Jaurès). Le 30 septembre, Vidocq demande au maire quelle est la position d’un sieur Peltier, lorsqu’il quitta Troyes où il était fileur ou constructeur de machines de 1827 à 1830. Vidocq pose des questions sur la cause du départ et l’état de faillite… Le 6 octobre, le commissaire indique que Peltier a quitté Troyes pour se rendre à Paris, qu’il doit plus de 40.000 F, qu’on a fait une vente de ses biens et que les créanciers ont reçu 30 à 40 %.

Une dernière fois, Vidocq écrit au maire de Troyes, le29 mars 1842. Il demande de vérifier si M. Corthier est décédé depuis environ 5 ans. Le Commissaire répond dès le 30 mars, que M. Corthier-Truelle, père d’un ancien magistrat au Tribunal de la Seine, existe et demeure toujours à Troyes, rue du Bourg neuf (rue du Palais de Justice)…                                                                                                                             

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