Troyes et l'Aube précurseurs

Inventions troyennes



Linard Hubert


Linard Hubert nait dans l’Aube, à Ossey-les-Trois-Maisons, le 9 juillet 1847, enfant naturel dont la naissance devait être légitimée ultérieurement par le mariage de ses parents, le 23 janvier1851. Son père Alphonse Hubert, ancien pupille de l’Assistance publique, était « faiseur de bas » à Ossey-les-Trois-maisons. De là vient sans doute, la vocation de son fils.

Est-ce en le regardant pédaler sur un métier à bâti de bois que le petit Linard se sentit attiré par la mécanique ?

Le jeune Linard se fait embaucher à l’usine Poron à 13 ans, avec un bagage ne dépassant pas le niveau du certificat d’études primaire. Il est aussitôt placé dans l’atelier de mécanique en qualité d‘apprenti. Malgré son jeune âge et son manque de formation de base, il ne tarde pas à se faire remarquer par son ingéniosité et son esprit inventif, ce qui va l’amener à apporter des perfectionnements à certaines des machines construites dans l’atelier, pour lesquelles il va déposer des brevets !

Ces machines étaient de grandes inventions technologiques qui bientôt allaient faire rentrer la maille, jusqu’alors limitée à l’artisanat, dans la grande ère industrielle et faire de Troyes la capitale mondiale de la Bonneterie !

C’est au métier Paget qui venait d’être importé d’Angleterre par les frères Poron, et dont le brevet avait été acquis par ceux-ci en 1862, merveille technique déjà à l’extrême pointe du progrès, que Linard Hubert prétend apporter des améliorations ! Et avec un succès qui fut immédiat.

Dès 1868, il dépose un brevet de perfectionnement pour la mécanique à diminution, obtient même de la maison Poron, que les initiales H.L. soient inscrites sur le métier.

Le 19 août 1872, Linard se marie à Saint-Martin-de-Bossenay avec Zénaïde Rézia Percollet. 3 filles naîtront de cette union.

En 1875, il va construire une mécanique permettant de produire des bas d’une seule pièce, sans report sur un autre métier. De 1880 à 1884, les brevets se succèdent et les plus récents sont exécutés par Léon Couturat, ancien chef d’atelier de la firme Poron. Le but de tant de recherches était de faciliter le travail à domicile par la création de petites machines à 1 ou 2 têtes pour les « longs » et les pieds des bas et chaussettes en toutes jauges. Ces métiers pouvaient aussi être appliqués à la production de talons, doigts de gants et même à des vêtements, tels que pantalons et gilets. Ces métiers étaient très appréciés pour la haute qualité de leur travail à mailles régulières et à lisières parfaites, et surtout réservés aux articles très fins en petites quantités.

Les brevets auraient dû profiter à Hubert, mais ils profitèrent surtout à Couturat. Pour compléter la liste des inventions de Linard, il faut ajouter une rebrousseuse.

Linard Hubert, médiocre homme d’affaires, ne sut tirer parti, à son profit, ni de ses machines textiles, ni de ses engins agricoles, et même, ceux-ci devaient l’amener à dépenser le reste de sa fortune. Et pourtant, sa carrière de constructeur d’engins avait commencé sous les meilleurs auspices et s’était poursuivie de façon très satisfaisante jusqu’à la veille de la première mondiale, et de nombreux articles de journaux, renseignent sur les progrès de l’entreprise jusqu’en 1912.

Pourquoi, Linard Hubert, après s’être tant intéressé aux machines à tricoter, en vint-il à inventer la charrue automobile, qui devait devenir la « Champenoise » ? En 1907, on trouve la description de l’engin, avec un brevet du 12 juillet. Le modèle comporte des outils qui effectuent la distribution des engrais et celle de la semence. Un système permettait de délimiter les propriétés par la formation d’un sillon. Enfin, on pouvait fixer sur le châssis une caisse de tombereau et de fourrage. Le moteur faisait tourner l’outil en même temps qu’il permettait au véhicule d’avancer. Le nombre et la forme des outils pouvaient varier suivant le genre de travail et la nature du sol.

Après avoir pris son brevet, Hubert entrepris de l’exploiter en fondant la Société anonyme de Motoculture, dite la « Champenoise », qui apparut pour la première fois au Comice Agricole de Paris en 1911. Le constructeur ne cessa de perfectionner sa machine : 1,20 m x 4,50 m, avec 4 socs, puissance 16/20 HP, marchant 5 à 16 km/heure, pouvant labourer de 3 à 7 hectares par jour. L’engin pouvait aussi, en plus du labourage, herser, semer, passer le rouleau, désherber. Il laboure les petites aussi bien que les grandes surfaces, et 1 seul homme suffit pour la conduire ! Grâce à l’économie qu’elle procure, la charrue automobile peut être amortie en 6 ans. Dans la notice on peut lire : « Les pays de grande culture, tels que l’Algérie, la Tunisie, toutes les colonies françaises et anglaises en Afrique, la Hongrie, la Roumanie, et bien au-delà, offriront des débouchés encore plus considérables : que dire de toute l’Amérique du Sud, en particulier l’Argentine où, sur 95 millions d’hectares, 16 millions seulement sont cultivés à l’heure actuelle ? L’un des spécialistes les plus éminents estime à 740.000 le nombre des engins susceptibles d’être vendus dans ce seul pays. La charrue automobile « la Champenoise » sera la plus formidable invention des temps modernes ».

Hélas, l’inventeur ne profita pas plus de son brevet agricole que de ceux qui avaient permis d’amener au plus haut degré de perfectionnement, comme on l’a vu plus haut, qui était déjà  le plus remarquable de son temps. La guerre de 1914 a sans doute été la cause de cet échec.

Linard Hubert, après avoir dépensé le reste de sa fortune, mourut presque ruiné, en 1919.    

Vous pouvez voir au Musée de la Bonneterie les 2 métiers Hubert-Couturat qui y sont présentés.

Le Conseil municipal du 8 juillet 1966 donne à une rue de Troyes le nom de Linard Hubert.


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