Les Comtes de Champagne



Thibaud I (1037-1089)


Cela fait le bonheur de son frère Thibaud I, qui obtient la tutelle de son neveu, et se trouve ainsi à la tête de l’ensemble bléso-champenois sur lequel régnait son père.

Dès son avènement en Champagne, Thibaud se distingue par le zèle avec lequel il soutient le retour de l’église, vers l’idéal monastique et favorise le regroupement prôné par les Bénédictins.

En 1048, il donne ainsi à l’abbaye de Montier-la-Celle, une église de Provins, puis l’église de Sainte-Savine, tandis que l’évêque de Troyes lui donne l’église de Saint-André.

Avec lui, en Champagne, les Juifs vivent en bonne entente avec leurs voisins chrétiens. Ils ont pour activité le commerce et le crédit, surtout l’usure, et le comte leur fait payer des aides et des taxes plus lourdes qu’aux chrétiens. Les juifs jouent ainsi un rôle essentiel dans le démarrage des échanges économiques qui feront la prospérité du comte de Champagne. C’est au sein de cette communauté que naît en 1040, Salomon Rachi, qui entreprend le commentaire du Talmud et de la Tora et restera le premier, le plus connu des juifs de France et même du monde.

 

Thibaud se rapproche du roi Henri, étant assidu à la cour royale, où il reprend le titre de comte palatin porté par son père.

Thibaud est aussi aux côtés du roi dans sa guerre contre le duc de Normandie.

En guise de son attachement, dès 1047, il donne à son fils le nom du roi : Henri.

 

Thibaud sait que la tutelle qu’il exerce sur Eudes III arrive à sa fin 1058, quand le jeune comte sera en âge de régner. Pour conserver la puissance qu’elle lui confère, il attend de Henri1 qu’il « médiatise les terres champenoises », c’est-à-dire qu’il crée un échelon intermédiaire entre le roi et le comte de Troyes, en faisant de celui-ci le vassal du comte de Blois.

A cette idée, le jeune Eudes III se cabre. Ce dernier s’engage en septembre 1066, sous la bannière de Guillaume de Normandie à la conquête de l’Angleterre.

Après la victoire de Hastings, il épouse une sœur de Guillaume le Conquérant.

Vers la fin des années 50, Thibaud1 a la bonne idée d’épouser en seconde noces Adèle, fille de Raoul de Valois et d’Adélaïde de Bar-sur-Aube. Il commande ainsi la vieille via Agrippa, qui sera bientôt l’une des grandes voies commerciales entre l’Italie et les Flandres.

La sage politique de Thibaud1 lui permet d’atteindre ce qui à l’époque est un grand âge. Il décède, dans sa 70° année en 1089.

Le comte Hugues place un prieuré sous son vocable, au pied du château qu’il possède à Isle-Aumont.

 


Etienne-Henri (1089-1102)


Sceau du comte Etienne-Henri
Sceau du comte Etienne-Henri

Fils de Thibaud I, Etienne-Henri entre dans la carrière bien avant la mort de son père. Les qualités que montre le jeune comte et encore plus l’importance stratégique des terres qui lui sont promises, convainquent Guillaume le Conquérant de lui donner la main d’Adèle, sa fille aînée. C’est de toutes ses filles celle en laquelle le roi d’Angleterre se reconnaît le mieux et a la plus grande confiance. A la suite de ce mariage, les Thibaudiens auront partie liée avec la Couronne d’Angleterre dans leur vieille hostilité contre les Capétiens.

En vertu de son droit d’aînesse, Etienne-Henri succède à son père, et devient maître d’un domaine plus vaste que le domaine du roi, « ayant sous son autorité autant de châteaux que de jours dans l’année, et se considérant comme l’égal du roi ».

Il devient le chef d’une croisade en 1096, et le jour de Pâques 1098, son chapelain lui apporte les têtes de 60 cavaliers turcs que ses hommes on réussi à prendre. Un exploit ! Il repart en 1100. Il se fait tuer en 1101, étant 200 contre 20.000 égyptiens.

Etienne-Henri décède pendant la minorité de ses 3 fils. Son épouse Adèle gouverne alors ses états « avec honneur et noblesse », montrant autant de savoir-faire dans l’organisation de son gouvernement que de sa cour.

 


Hugues, comte de Troyes (1093-1125)


A Troyes, où depuis plus de 100 ans, les comtes sont seuls maîtres, se dresse la grosse tour qui témoigne de leur puissance. C’est là que le comte Hugues gouverne, qu’il réunit son conseil, qu’il rend la justice, qu’il accueille ses vassaux. Parmi les plus puissants, ce sont autour du comté de Troyes : les seigneurs de Traînel, d’Ervy, de Chappes… D’autres, supportent mal leur état de vassalité : celui de Brienne maître de Ramerupt, le comté de Bar-sur-Seine,… Il inféode la petite seigneurie de Vendeuvre,

Hugues ne mène pas de grande politique, comparable à celle qui occupe Etienne-Henri, mais cette politique prudente sans coup d’éclat est efficace. De plus, notre comte est pieux, d’une piété encore plus profonde que celle de son père. Sa piété sert son pouvoir, elle lui permet de l’étendre grâce aux établissements religieux qu’il entretient de ses libéralités et aux fondations dont il acquiert ou inféode la garde.

Il prend la route de la Terre Sainte, en 1104 et en 1113. Avant de partir en Palestine, il fait des donations à nombre d’abbayes. Dans ses deux séjours en Terre sainte, il est accompagné par Hugues de Payns, qui, avec Bernard de Clairvaux, est à l’origine des Templiers. Avant son départ, convaincu de l’infidélité de sa trop jeune épouse, il déshérite l’enfant qu’elle a mis au monde, menaçant même de jeter le petit Eudes au feu. En 1116, le comte Hugues rejoint ces « pauvres chevaliers du Temple ».

Hugues est le premier à porter le titre de comte de Champagne.

La dérivation de la Seine, dans son œuvre principale, est l’œuvre exclusive des Comtes de Champagne, notamment de Thibault II, dit le Grand, et de son fils Henri I le Libéral : « Ce n’est que sous le gouvernement intelligent et fécond des comtes de Champagne que les eaux de la Seine sont distribuées dans la ville et sa banlieue. L’ensemble de ces grands travaux, n’est rien moins qu’un chef d’œuvre… »

 

Les premiers travaux, exécutés pour amener les eaux de la Seine dans la ville de Troyes, datent du règne du comte de Champagne Hugues I.

Les travaux suivants sont attribués à Thibault le Grand, son successeur et neveu, qui continue les travaux, œuvre considérable, digne d’être comparée à celle qui peut s’exécuter de nos jours, et qui ont pour but :

1-) la sûreté de la ville,

2-) son alimentation,

3-) l’industrie de ses habitants.

 

Mais les grands travaux sont surtout dus à Henri 1er le Libéral, qui fait preuve déjà à son époque, de connaissances hygiéniques fort étendues.

La Seine, qui ne fait alors que côtoyer les murs de notre ville, lui paraît mériter une attention toute particulière. Ce comte se préoccupe de l’irrigation à l’intérieur de Troyes. Il fait creuser, à partir de la Seine, entre 1157 et 1174, le canal des Trévois. Grâce aux canaux qui le prolongent, le terrain marécageux de cette partie sud se trouve assaini. Cela permet aussi le dessèchement du marais de Montier-la-Celle, dont les exhalations nuisent à la salubrité de l’air et causent souvent des maladies dangereuses.

Après avoir creusé les premiers canaux, le comte élève les chaussées et construit de grandes usines : de Pétail, le Roy, la Moline, Notre-Dame, la Rave, la Pielle, Jaillard, Meldançon, Brusley, puis après le creusement des canaux du quartier des Tanneries, la construction des moulins de la Tour, de Saint-Quentin, de Croncels et de Sancey.

 


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