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Société des Amis des Arts de l'Aube


La Société des Amis des Arts est une association fondée en mars 1790 par de Charles de Wailly, membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture, afin d'encourager les artistes.

 

        Pendant l’été 1841, quelques jeunes gens que réunissait un même culte pour les arts, les uns artistes d’un talent assez sûr de lui-même pour ne redouter aucune comparaison, les autres, amateurs en état de tenir sans désavantage leur place au milieu des artistes, eurent l’idée de faire à Troyes une exposition de peinture.

 

         Ils envisagent de prendre le nom de « Société des Amis des Arts de l’Aube ».

 

         « Ce projet fut accueilli avec transport, on menaça son auteur des honneurs d’un triomphe », mais on consentit à les ajourner, afin de travailler sans relâche à l’exposition.

 

         Cependant, l’ardeur de nos jeunes artistes se calma vite, en calculant qu’il leur faudrait 3 choses indispensables à une exposition de peinture, et auxquelles ils n’avaient pas assez pensé : des tableaux, une salle d’exposition, de l’argent.

 

         Des tableaux : en passant en revue les murs de leur atelier, les artistes trouvaient bien çà et là quelques tableaux capables de figurer dans une exposition improvisée, mais un grand nombre étaient inachevés, et il leur manquait du temps pour les terminer.

 

         Quant à une salle pour installer leur exposition, ils n’en connaissaient qu’une seule : celle de l’Hôtel-de-Ville. Mais, l’autorité consultée ne paraissait pas vouloir leur livrer, à cause des assemblées auxquelles elle était nécessaire, principalement pour leurs fanfares.

 

         Ils ne s’étaient guère occupés de l’argent, l’amour trop exclusif de leur art leur avait fait regarder cette question comme secondaire.

 

         Ils n’avaient que peu ou pas songé aux tentures de la salle, au placement des tableaux, aux gardiens du salon, aux livrets, au vestiaire…

 

         S’ils vendaient leurs tableaux, ils pourraient facilement subvenir aux frais ! Mais, pour les vendre, il fallait les faire voir, et c’était au début que l’argent était nécessaire : or, sans exposition, pas de vente, donc pas d’argent.

 

         Comment sortir de là ?

 

         Les exposants se réunirent à nouveau, et s’aperçurent que « tout est difficile dans ce monde, les petites choses comme les grandes ». Ils étaient pleins de courage et décidèrent : « On ne veut pas nous prêter la grande salle de l’Hôtel-de-Ville ? Installons-nous y d’abord, nous verrons ensuite si on aura le courage de nous en chasser. Quant à de l’argent, puisque nous ne pouvons pas nous payer des employés, faisons nous-mêmes notre besogne ».

 

         Quelques jours après, les jeunes artistes, la scie et le marteau à la main, accrochèrent leurs tableaux. En quelques jours, tout fut prêt.

 

         Cette exposition commença le 20 juillet 1841 et fut un succès. Une dame consentit à détacher de ses salons quelques toiles remarquables qui furent admirées et « furent le plus bel ornement de cette exposition ».

 

         122 tableaux modernes figurèrent dans cette exposition, dont une magnifique sépia représentant l’église Sainte-Madeleine de Troyes, avec son riche jubé en dentelle.

 

         Cette première exposition qui réussit au-delà des espérances de ses auteurs, leur valut les éloges les plus mérités, et fut le berceau de la « Société des Amis-des-Arts de l’Aube ».

 

         Deux ans plus tard, le 4 Juillet 1843, une réunion se tint dans les salons de la Préfecture, sous la présidence du Préfet, de M. Vauthier, maire de Troyes, et de nombres « hommes considérables et éclairés ».

 

         M. le baron Doyen en raison de la culture de son esprit et de ses connaissances, fut nommé président. M. Corrard de Breban, le savant auteur d’un grand nombre  de mémoires, fut élu vice-président.

 

         En quelques jours, l’exposition fut prête, et le 1er août 1843, les portes du salon s’ouvrirent à une foule impatiente de juger par elle-même des nombreuses merveilles qu’on avait si rapidement rassemblées.

 

         Les éloges furent mérités, le succès dépassa de beaucoup les espérances. La Société avait pu, avec le concours des artistes de Paris, réunir 200 tableaux.

 

         Cette exposition dura 6 semaines, et fut constamment suivie par une foule nombreuse et sans cesse renouvelée.

 

         Les souscriptions avaient produit 3.490 frs, le conseil municipal de Troyes avait alloué une somme de 400 frs, et il en résulta qu’avec le produit des livrets, les recettes s’élevèrent à 4.162 frs, qui furent consacrés à l’acquisition de 23 tableaux que l’on tira au sort le 11 novembre 1843.

 

         Outre les 23 tableaux acquis par la Société des Amis-des-Arts, 2 furent achetés par des amateurs,  en sorte que le département et la ville s’enrichirent de 25 tableaux « distingués ».

 

         D’un commun accord la Société prévit une nouvelle exposition pour l’année 1845. Il y eut 302 tableaux à placer, et le salon ouvrit le 1er août 1845. Le public se montra aussi empressé, certains tableaux  étaient « d’un grand mérite », et il y eut même plusieurs sculptures et quelques spécimens de 2 peintres verriers, enfants du pays, qui avaient fait assaut de talent.

 

         La Société des Amis-des-Arts avait vendu 8 tableaux soit 7.000 frs de tableaux de plus pour le département de l’Aube.

 

         Rendez-vous fut pris pour 1847. Les tableaux présentés y furent encore plus nombreux que pour les expositions précédentes, environ 400, pour l’ouverture le 15 août 1847. « L’aspect de la salle était vraiment magnifique. Ce n’était, du haut en bas, en longueur et en largeur, que cadres et peintures pressées, qui ne laissait pas soupçonner le fond ».

 

         La ville  donna une subvention de 600 frs, le conseil général de 1.000 frs, les recettes se montèrent à 5.000 frs.

 

         La commission consacra cette somme à l’acquisition de 27 tableaux, qui furent, comme les années précédentes, distribués par la voix du sort, dans la séance de clôture qui eut lieu le 11 janvier 1848.

 

         Depuis cette époque il était survenu des événements tels, que la Société des Amis-des-Arts avait pensé prudent, pour ne pas succomber sans retour, de vivre seulement d’une vie latente qui laissait tout espoir. Par suite, l’exposition qui devait avoir lieu en 1849, après avoir été forcément ajournée à 1851, ne fut possible qu’en 1852.

 

         Pendant 4 années, les arts avaient été obligés de s’effacer devant  les préoccupations générales. Ce fut donc avec une sorte de fièvre qu’on s’empressa de tous côtés à des fêtes en leur honneur. La calme et fière énergie de l’Empereur, en rouvrant les sources de la prospérité nationale, avait permis au pays de rentrer en possession de lui-même et de son génie.

 

         La Société des Amis-des-Arts de l’Aube, faute d’un choix suffisant de tableaux, ne put avoir le même succès qu’aux précédentes expositions. Quoi qu’il en soit, le trésorier de la Société ayant pu réunir, au moyen du don de l’Empereur, des subventions du Conseil général de l’Aube et de la ville de Troyes, près de 5.500 frs, on fit l’acquisition de 35 tableaux. 

 

         En 1854, la Société a de nouveau des problèmes de trésorerie, mais tant bien que mal, elle subsistera encore en 1910.

 

         Lors de son Assemblée générale de 2018, les Amis des Musées d’Art et d’Histoire de Troyes, qui sont les successeurs de la Société des Amis-des-Arts de l’Aube, annonce que depuis sa création, l’association a acheté ou participé à l’achat de 500 œuvres destinées aux musées.  

 

 


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