Ne les oublions pas !



René NABOUDET


Confession ultime d'un soldat du feu

René Naboudet
René Naboudet

René Naboudet ? une figure qu’aucun ancien Troyen ne peut oublier.

Ce qui suit est un devoir de mémoire. Né en 1925, pompier volontaire dès 1941, l'un des deux premiers hommes grenouille de France, il reste à la caserne des pompiers de Troyes, jusqu’en 1975. Nommé à Bayonne, il y termine sa carrière avec le grade le Lieutenant chef de section, adjoint au Chef de Corps, avant de revenir à Troyes pour sa retraite en 1981. Il y décède à 83 ans.

J’ai demandé à son épouse Anic l’autorisation de parler dans ce site de celui dont elle garde le souvenir, résumé pour elle par cette phrase d’un article du journal Sud-Ouest de Bayonne : « Ce pompier a un large sourire et une grande poignée de main ! ».

Je connaissais bien ce véritable héros. Il m’avait reçu plusieurs fois, peu de temps avant sa mort, me racontant comment sa spécialité de plongeur lui avait donné l'occasion de mettre à son actif un nombre impressionnant de sauvetages, et me rapportant 118 anecdotes. Vous n’en trouverez que quelques unes ci-dessous, certaines pouvant choquer de « chastes oreilles » ( Contactez-moije peux les conter de vive voix, pour ceux qui le désirent !!).

 

Spécialiste des missions dangereuses, accomplies avec un mépris total des difficultés, une abnégation digne d’éloges, un courage sans failles, toujours à l’aise dans les trois éléments : le feu comme sapeur-pompier, l’eau comme homme-grenouille, la terre comme champion sportif, René Naboudet a reçu énormément de récompenses, challenges, médailles pour actes de courage et de dévouement, lettres de félicitations des autorités…

De service au théâtre, il en profite pour s’instruire et côtoie les plus grandes vedettes : il prend dans ses bras Romy Schneider pour la soustraire à ses fans, il permet à Robert Lamoureux qui ne peut s’empêcher de fumer, de le faire à ses côtés…

C’était un bel homme, et que de fois, lors d’interventions, on lui met dans la poche… un mot d’amour avec un n° de téléphone ou un rendez-vous !

Un jour, appelé rue des Quinze-vingts pour mettre une camisole de force et faire enfermer un jeune fille folle que ni ses parents, ni le docteur ne peuvent calmer, la fille lui dit : " que tu es beau ", et elle le suit sans difficulté !

Passons rapidement sur les sauvetages de chats dans les arbres ou sur un poteau électrique, de pigeon pris dans une chanlatte… En 1963, il plonge dans le canal près de la préfecture pour sauver un chien loup de la noyade, celui-ci le mord, mais est sauvé. Il délivre une vingtaine de chats enfermés dans une pièce et devenus fous…

Impossible également de parler des innombrables sauvetages d’incendies.

De part sa qualification de plongeur René est très souvent appelé pour sauver de la noyade de nombreuses personnes, et il fait la une des journaux. En 1957, il retrouve le corps de Philipe Cotel à La sablière, par 8 mètres de fond, sans appareil de respiration.

En 1959 à Lesmont il retrouve les corps d’enfants qui se sont noyés en traversant un gué.

En 1960, trois jeunes évadés volent une voiture. Pris en chasse ils tombent dans la Seine, et s’enfuient à la nage. C’est Naboudet qui attache la voiture sous l’eau pour qu’elle soit relevée par une grue.

A Grange-L’évêque il remonte le corps d’une jeune fille tombée dans un puits de 50 m. et 7 m d’eau.

En 1965, la température est de – 3°, un appel indique que le corps d’un enfant flotte sur la Seine mail des Charmilles. Les pompiers arrivent en moins de 5 minutes, le courant rapide a entraîné le corps cours Jacquin, mais ils n’arrivent pas à accrocher le tissu avec des grappins. Appelé, Naboudet n’a pas le temps de mettre sa tenue d’homme-grenouille, il plonge en slip dans l’eau glacée, pour sauver une jeune fille de 16 ans. Elle avait voulu se suicider, ayant appris qu’elle était enceinte. Il a donc sauvé 2 personnes en un temps record : 18 h 55, le téléphone sonne au poste de garde des pompiers, 19 h 15, la jeune fille arrive à l’hôpital des Hauts-Clos !!!

C’est encore lui qui en 1962 descend à Villeloup dans un puits de 45 m de profondeur et 10 m d’eau, pour remonter le corps d’une jeune mère de 2 fillettes qui s’est suicidée après une altercation avec son mari.

Dans le même pays, il retire M.Jeanson tombé accidentellement dans son  puits de 40 m.

En 1968, il retire du canal de la Haute-Seine à Nogent, 4 jeunes enfants et un adulte, mais morts, la voiture étant tombée dans l’eau.

Il plonge une fois encore dans une eau glacée (-2°) au  lac d’Artouste où vient de tomber une voiture volée…

Un jour suite à un appel d’un vieux pêcheur, il fonce vers le trou d’eau pour un sauvetage. A son arrivée, l’homme lui dit que son dentier vient de tomber à l’eau, et demande qu’on lui retrouve, car cela coûte cher !

En 1959, il empêche des enfants de se noyer dans le canal derrière le cirque, allant lui-même chercher des pièces de monnaie qu’ils avaient laissé tomber !

Au lac de la Forêt d’Orient, il fait un nombre incalculable de sauvetages de bateaux en détresse…

En 1975, il sauve une conductrice coincée 2 heures dans sa voiture encastrée et laminée sous un poids lourd.

Lors de l’attentat à l’hôpital de Bayonne, Naboudet ramasse les débris humains des deux poseurs de bombes sur plus de 100 m et dans les arbres.

Aux Tauxelles il dégage 2 garçons foudroyés dont les entrailles pendent.

Il retrouve dans un arbre le tibia d’un motard accidenté sur la RN19.

Il sort d’une voiture à Charmont 2 filles dont l’une est morte….

Il regrette quand, prévenu trop tard, il ne peut sauver des pendus, des suicidés...

Un jour d'été Naboudet est appelé d'urgence faubourg Croncels par les voisins d'une maison qui a les volets fermés depuis un certain temps, et dont une odeur de cadavre s'échappe. Il défonce la porte, et voit un congélateur le couvercle soulevé et une odeur épouvantable : les locataires partis en vacances, avaient fermé l’électricité !

Plus gai quand il lui faut accoucher une mère, car le verglas empêche l’ambulance d’arriver à temps à l’hôpital, ou après un appel d’urgence, un obus ayant été trouvé au 2ème étage d’une maison place de la Libération, Naboudet arrive pour désamorcer ce qui n’était autre……. qu’un gros radis noir !

A chacune de ses interventions, alors qu’il est félicité, il répond toujours : " Je n’ai fait que mon devoir !"

 

 

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