Les Evêques influents



Odard Hennequin


La famille d’Hennequin est originaire du comté d’Artois, d’où, vers l’an 1196, un de ses membres vint s’établir à Troyes. « Elle s’est toujours distinguée par les talents, par les places, les dignités et les offices qu’on l’a vu occuper dans toutes les compagnies souveraines de Paris. Elle a eu des alliances avec de très grandes et  considérables familles : celles des de Balzac-d’Entragues, de Brichabreau-Nongis, de la Bourdairière, de Nicolaï, de le Maître, de Bruslart, de Moslé de Blancmesnil, de Mesmes, de Reffuge, de Luillier, de Mauroy…».

 

         Il naquit à Troyes en 1484.

 

Il fut d’abord chanoine de la cathédrale, ensuite archidiacre de Puisaye, diocèse d’Auxerre, et il est nommé en cette qualité dans la publication de la coutume de Troyes.

 

          Son mérite perça à la cour et  le fit connaître de François 1er qui l’aima, le fit son aumônier et lui donna les abbayes de Vertus (diocèse de Châlons), de Saint-Loup et de Saint-Martin-ès-Aires de Troyes. Il eut en outre le prieuré du Saint-Sépulcre et celui de la Celle-sous-Chantemerle.

 

Enfin il fut nommé évêque de Senlis en 1526, et le 28 mars 1527, il fit son entrée solennelle dans l’évêché de Troyes avec les cérémonies usitées.

 

Dès qu’il fut sur le siège de notre ville, il visita son diocèse pour connaître l’état de ses ouailles, pour réformer les abus et pour empêcher que les nouvelles erreurs ne se répandissent dans sa patrie, dont il était devenu le père spirituel.

 

Il assista à l’assemblée du clergé, qui se tint vers la fin de 1527, à l’effet de supplier le roi d’employer son autorité souveraine pour remédier au mal que commençait à causer dans le royaume la nouvelle secte des partisans de Luther.

 

Il se trouva aussi au Concile de Paris, au mois de février de l’année suivante, où furent promulgués plusieurs décrets dogmatiques contre la doctrine de cet hérésiarque. Convaincu de la nécessité de maintenir la discipline, il eut soin de tenir les synodes, et il fit imprimer tous les statuts de ses prédécesseurs avec les siens. Il employa à cet ouvrage son official et grand vicaire Jean Colet, natif de Rumilly-les-Vaudes, personnage fort savant et surtout versé dans la connaissance du droit (voir le chapitre : Statuts synodaux de Jean Colet).

 

Sur le baptême, il est défendu de ne rien exiger, mais il est permis de recevoir ce que les fidèles ont coutume d’offrir, et il est dit que 2 ou 3 parrains suffisent. On doit ouvrir les femmes mortes, lorsque l’on est certain que l’enfant est encore vivant dans leur sein, pour le baptiser ensuite.

 

Un statut dit qu’il y a des prêtres qui, dans le temps de Pâques, défendent à leurs paroissiens, sous peine d’excommunication de communier s’ils ne se sont pas confessés à eux, ou à des prêtres à qui ils ont donné permission. Cette défense est regardée comme téméraire, parce que d’autres prêtres ou des religieux ont, du pape et des évêques, le pouvoir de confesser et d’absoudre ceux qui auraient confiance en eux.

 

Un statut enjoint aux prêtres de se confesser, au moins une fois l’an, à leur évêque ou à son pénitencier… Un statut indique que les prêtres ne doivent pas se confesser réciproquement, à moins que l’un ne soit curé de l’autre…

 

         L’article du mariage condamne un jeu appelé « Charivari » (voir le chapitre Carnaval), qui se pratiquait aux secondes noces. On y entendait des cris horribles, des blasphèmes, des obscénités et les acteurs portaient des masques injurieux et se répandaient en outrages contre les épousés.

 

         A cette époque, le décanat de Saint-Urbain était occupé par Jean Hennequin, archidiacre d’Arcis-sur-Auibe et de Saint-Léger-sous-Margerie, abbé de l’abbaye de Basse-Fontaine (Brienne-la-Vieille), et frère de notre évêque. Il mourut le 23 juillet 1531, et l’évêque Odard fut élu par le chapitre pour remplir cette dignité. Il ne la garda pas longtemps et demanda au roi la permission de la résigner en faveur de son neveu Nicolas Hennequin, se réservant néanmoins la collation des bénéfices qui y sont attachés, ce qui fut approuvé par le pape Paul III en 1534.

 

         « M. Hennequin se rendit recommandable par ses vertus épiscopales, par son zèle apostolique et par le sage emploi de ses revenus. Il en distribua une partie aux pauvres et en fit servir une autre à réparer son palais épiscopal, son château de Saint-Lyé, et à mettre en bon état les églises et les monastères dont il était titulaire ».

 

         En 1535, il fit imprimer un missel à l’usage de son diocèse, et quelques années après un rituel pour l’administration des sacrements et les différentes bénédictions de l’église.

 

         « Le bien qu’il faisait au diocèse rendit sa mort prématurée ».

 

         Il termina sa vie le 13 novembre 1544, après 17 ans d’épiscopat, âgé de 60 ans, et fut inhumé au milieu de la nef de la cathédrale sous un tombeau d’airain, sur lequel sa figure est représentée en habits pontificaux.

 

         Malgré la vigilance et les soins continuels de M. Hennequin, l’hérésie continuait de faire des progrès dans le diocèse. Jean Dubec, prêtre, natif des Essarts, embrassa les erreurs de Luther et les répandit dans notre diocèse. Il se maria et déclama contre le célibat des prêtres. En vain lui présenta-t-on l’abîme où il se précipitait, il persista et soutint cette doctrine avec tant d’opiniâtreté, qu’il fut arrêté et mis dans les prisons de Troyes. Rien ne put lui dessiller les yeux et lui faire connaître ses erreurs. On instruisit son procès, il fut dégradé de la prêtrise et livré au bras séculier le 9 juin 1543. Enfin, il fut condamné à mort, étranglé et brûlé dans l’Etape-au-Vin. Certains prétendent qu’il se convertit avant de mourir.

 


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