En 1957, André 25 ans, est séduit par sa jeune voisine. Le père de Janine ne veut pas de mariage entre les deux jeunes gens. « Il dit que tu as un penchant pour la bouteille », déclare la jeune fille. Oui, souvent il boit un coup de trop et devient bagarreur. « Je trouverai les mots pour les convaincre, dit Janine amoureusement. Tu es courageux au travail ».
Un mois plus tard, elle dit :« Tu es invité chez nous dimanche prochain. N’aie pas peur de mes parents, je les ai convaincus ». En juin 1958, ils se marient. Ils habitent rue Romain-Rolland. André puise dans son amour pour sa femme la volonté de résister au désir d’entrer dans les cafés, et pendant plusieurs années, il tient le coup. Ils ont déjà trois enfants, un quatrième est attendu. Il doit se consacrer à Janine. Pour elle, il veut un intérieur confortable, une voiture rapide, et lui offrir de belles vacances avec toute la petite famille. Les années s’écoulent ainsi. Mais André ne s’aperçoit pas que sa femme a davantage besoin d’attention que d’une existence douillette. Entre eux, l’amour s’est terni, usé. Pour la jeune épouse, c’est l’ennui. Son mari ne se rend compte de rien, jusqu’au 10 septembre 1974. Il vient d’éteindre la lumière dans leur chambre à coucher quand il entend Janine murmurer :« J’ai envie de faire l’amour ». « Ma chérie, je suis vraiment fatigué ». « J’en ai assez ! Tu n’es pas un homme ! Je n’ai pas encore 35 ans et je vis comme une vieille ! Un jour tu me perdras ! ». Le fossé se creuse entre eux, elle se détache de lui. Le 10 mai 1975, un camarade de travail lui dit :« Cet après-midi, j’ai aperçu ta femme à l’arrêt d’autobus de Sainte-Savine. Un homme était avec elle, ils s’embrassaient ». André a l’impression d’être trahi après 17 ans de mariage. Il s’empare d’une bouteille de cognac. Quand Janine revient :« Qu’as-tu fait aujourd’hui ? ». « J’ai fait un tour dans les magasins ». Les jours passent. Quand il arrive, le dîner est prêt, les enfants couchés. Tout est impeccable. Le 15 juin, André n’y tient plus, il veut une explication, car d’autres camarades de travail l’ont informé de son infortune.
Ce soir là, il l’apostrophe durement : « Qui est-ce ? Depuis quand ? Tu as un amant, la comédie a assez duré ». « C’est aussi mon avis ». « Qu’est-ce que tu dis ? ». « Oui, j’ai un amant, oui, je te trompe Je vais te dire comment je l’ai connu. Tu comprendras alors de quoi est capable une femme délaissée. Je n’en pouvais plus de la vie que tu me faisais mener, j’ai décidé de connaître un autre homme. J’ai répondu à une annonce matrimoniale. C’était il y a trois mois. Jacques m’a plu tout de suite, et je suis devenue sa maîtresse dès notre deuxième rencontre. J’ai besoin d’amour, et toi, tu t’es contenté de me faire 6 enfants, puis d’oublier jusqu’à mon existence ». ».
André abat violemment son poing sur le visage de Janine. Elle crie, se débat et lance :« Je vais le rejoindre ». Une semaine plus tard, elle revient. André lui dit :« Je t’aime ! Tu es toute ma vie. J’ai eu tort de te frapper. Oublions tout ». Il tente de l’enlacer, brusquement elle le repousse. « Ne m’aimes-tu pas encore un peu ? ». « Non ! ». « Tu es revenue, il y a bien une raison ? ». « Oui, pour m’assurer que les enfants allaient bien ». Il l’agrippe par les épaules. « Ne me pousse pas trop à bout ! fais attention ! ». « Tu as bu. Tu n’es qu’un sale ivrogne, je pars retrouver Jacques ».
Il recommence à s’adonner à la boisson. Le 30 août, il donne sa démission au directeur de l’usine qui l’emploie, et s’enivre au point d’être retrouvé inconscient sur la voie publique par les gendarmes de Saint-André-les-Vergers. Il reprend le circuit des cafés de Troyes. Le 15 janvier 1976, après avoir vendu peu à peu les meubles de la maison pour subvenir aux besoins des enfants, il se décide à tenter le tout pour le tout. Il sait depuis la veille que Janine est chez son amant, Jacques Calivas, 3, rue du 11 Novembre à Sainte-Savine. Il s’y rend après avoir absorbé force alcool. C’est d’une voix mal assurée qu’il interpelle sa femme :« Je sais que vous êtes là ! Ouvrez-moi !». Il martèle la porte :« Je reviendrai ! ».
La jeune femme a-t-elle voulu éviter à tout prix un scandale au domicile de Jacques Calivas ? A-t-elle été bouleversée en entendant raconter que son mari perdait la tête ? Toujours est-il que le 18 janvier, elle réintègre le domicile conjugal. Le 20 janvier André demande :« Tu es heureuse ? ». « Tais-toi ! Ne comprends-tu pas que j’ai besoin de Jacques, qu’il m’est indispensable ? Je reste avec toi, mais c’est lui que j’aime ».
Les doigts d’André se referment autour de l’un de ses outils.
Trois jours plus tard, les voisins de palier d’André Burg, trouvent devant leur porte une enveloppe à leur nom. Le mari dit à sa femme :« Lis, je cours prévenir la police ». « J’ai tué ma femme. Et maintenant je vais me suicider ». Dix minutes plus tard, des officiers de police sont sur les lieux. Le spectacle est horrible. Sauvagement mutilée, Janine gît en travers du lit. André n’a pas eu le courage de se donner la mort. Le lendemain, il se constitue prisonnier. « Je l’aimais, elle m’a rendu fou ! » sanglote-t-il. Du mardi 20 au vendredi matin 23, il est resté auprès du cadavre de Janine, traçant au crayon à bille, des paroles d’amour sur la poitrine et les mains de sa victime. « Ma pauvre chérie, je t’ai trop aimée ».
Le 13 décembre 1976, André Burg passe aux Assises de Troyes.
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