Archéologie



Nécropole d'Ailleville


      La première mention de cette nécropole figure dans le « Dictionnaire archéologique » d’Arbois de Jubainville (voir ce chapitre) qui cite « la chaussée romaine » et indique que « plusieurs cercueils de pierre y ont été levés, chacun contenant 1 vase de terre et 1 arme offensive, poignard, sabre et son épée », vers 1855.

 

        En 1918 ou 1919, Maurice Collot trouva en plantant un cerisier « les ossements parfaitement conservés d’un squelette de guerrier, avec près de lui son bouclier et sa lance. Aucune trace de poterie ».

 

                 Vers la même époque un jeune instituteur découvre une tombe sans mobilier.

 

          En 1921 sont mis à jour 3 sarcophages de pierre contenant 7 squelettes. « Quant aux bijoux et armes, ils ont disparu au fil du temps, donnés à des amis ou à des cousins. Il n’en reste absolument rien. Il y avait une framée (arme favorite des guerriers francs), quelques bijoux et des grains de collier en céramique ».

 

                 En janvier 1965, est trouvé 1 sarcophage du VII° siècle, avec 4 squelettes, dont la cuve et le couvercle sont décorés.

On trouve en bronze : 1 anneau de 64 mm, des petites pointes, des petits rivets, 1 rouelle (rondelle de fer qu’on ajoutait à certaines armures, pour couvrir les articulations de l’épaule, du coude, du genou) à 4 rayons de 37 mm, 1 belle boucle de ceinture massive bien décorée, 1 plaque-boucle de soulier, 2 tenons de boucle de ceinture ornée…

En fer : 1 grande clef laconienne (région de la Grèce antique), 1 fiche à bélière (tige carrée ou torsadée, l’extrémité à la pointe étant un anneau), 1 poignard, 1 briquet et son silex.

Céramique : 2 vases mérovingiens burgondes, 1 tasse à 7 moulures.

Divers : défense de sanglier, escargot de bourgogne.

Monnaies : petit bronze de Valentinien (364-375) ou Gratien (367-383), 1 de Tetricus père (271-274), pourvues d’un œillet, donc devait être montées en pendeloque.

Perles : nombreuses perles de collier en pâte de verre, d’ambre ou de céramique, ornées de couleurs très vives

 

                   En juillet 1973 : 1 sarcophage du VII° siècle de 1,98 x 0.65, décoré.

 

                En juillet 1978, lors d’importants travaux de terrassement pour la construction d’un pavillon, 2 sarcophages sont brisés. Un premier examen révèle divers sujets d’intérêt archéologique :

 

                   Sarcophage A : comme toutes les sépultures reconnues, la tête est au sud-ouest et le pied au nord-ouest. La cuve est trapézoïdale, d’une longueur de 2,06 m. Le couvercle arrondi est taillé régulièrement dans un beau calcaire fin. 2 bandes lisses, en bas du couvercle et en haut de la cuve sont décorées de rainures parallèles. La tête du sarcophage a été smillée (un smille est un marteau à 2 pointes, avec lequel on pique la pierre). Il contenait  une partie des os d’un squelette, avec des dents, des os et 2 morceaux de fer oxydé. Il s’agit d’un individu de petite taille ayant plus de 60 ans, d’après l’abrasion dentaire (usure dentaire). Les os étant graciles, c’est donc un squelette féminin de 1,55 m. Selon la forme du couvercle et son décor, le sarcophage date de la seconde moitié du VII° siècle.

 

                       Sarcophage B : cuve de 1,85 m sur 0,45 m de largeur. Le couvercle et la cuve sont façonnés dans un bloc calcaire. Un adulte en position dorsale y reposait, les bras allongés le long du corps, les jambes et les chevilles jointes. Près du thorax se trouvaient 2 perles d’ambre jaune, en forme de prisme droit triangulaire, à 5 facettes de 9 mm sur 7. D’après la dentition, il devait avoir environ 65 ans. Sous le pied de cette cuve étaient des pierres rougies par le feu, et à côté gisaient des petites plaquettes de nacre. Sur le fond extérieur de la cuve ont été gravés des serpents entrelacés. Cela signifiait à cette époque que l’inhumé trouverait un sort meilleur dans l’au-delà.

Dans ce sarcophage, quelques morceaux de charbon de bois étaient déposés. Il n’y a pas eu de feu purificatoire car aucune pierre n’était rougie, c’était donc une offrande prophylactique (offrande pour la santé). Ont été trouvé 1 anneau de bronze coulé, de diamètre 0,015 m, un tesson de panse de pot d’époque mérovingienne et un petit fourreau de fer très oxydé, enrobant un os du défunt.

 

              Exploration de l’excavation : trace de 15 sépultures, certaines doubles et même triples, des ossements humains, 6 rangées de tombes. La nécropole d’Ailleville est un cimetière par rangées, les tombes correctement alignées.

 

               Mobilier funéraire extrait des déblais : du matériel du VI° au VIII° siècle, des  armes : 1 Seramasaxe (arme blanche franque) de 0,630 m, 1 de 0,440 m avec son pommeau en amande, 1 poignard à un seul tranchant, 1 talon de javeline (arme de jet légère, semblable à une lance ou à un javelot) en fer, 1 framée de 0.40 m, flamme en feuille de saule de 0,19 m, effilée des 2 côtés, douille cylindrique et 2 clous de fixation du début du VIII° siècle.

 

               En bronze : plaque-boucle avec moulure horizontale sur la plaque, boucle de ceinture et son ardillon, tenon scutiforme (qui a la forme d’un écusson) d’une boucle de ceinture.

 

 

               En fer : 1 couteau de 0,036 x 0,17, 1 couteau, lame de 0,01 x 0,05, 2 autres couteaux à dos droit, 1 fragment d’un manche de couteau, 1 chaîne aux maillons ovalaires qui a pu servir de ceinture, de nombreux anneaux de fer, 2 briquets à silex, des débris de 2 autres briquets à silex, clous de cercueil, 2 plaques-boucles décorées, 1 boucle de ceinture rectangulaire, 1 fiche à bélière (objet énigmatique).

 

                  En céramique : vases noirs, gris, bruns ou beiges, tessons de gobelets, de vase caréné (vase ovoïde à anses tubulaires et décor), de cruche, de pichet. Tous les vases sont d’époque mérovingienne.

 

                 Objets en os et molaires d’animaux : 2 peignes en os, 1 molaire de mâchoire supérieure d’un cheval adulte, 2 molaires de bovin de 2 ans.

 

               Verrerie : beau fragment  d’ampoule de verre verdâtre, ornée de fines stries.

 

         Fibule cloisonnée : la plus belle découverte est celle d’une fibule (agrafe en métal qui sert à fixer les extrémités d’un vêtement) circulaire cloisonnée, à contour festonné, avec 11 gemmes (grenats taillés) de 24 mm, cloisonné d’argent doré, du début du VI° siècle. Par sa valeur artistique, sa richesse, et sa destination, elle témoigne du rang de la défunte et de son inhumation habillée.

 

          Monnaies : montées en pendentif d’oreille ou de collier : Follis (pièce de bronze) de Galere frappée par l’atelier de Trèves (303-305), Antonianus frappée à Rome sous Philippe I (244-246).    

         Le mobilier et les sarcophages recueillis permettent de dater la période des inhumations dans cette nécropole aux VII° et VIII° siècles. Il n'est pas possible de déterminer le nombre de squelettes exhumés de l'excavation par le bulldozer, celui-ci ayant brisé les crânes et les os longs. En outre, il n'a pas été remarqué d'ossements d'enfants (à l'exception du crâne trouvé en tête de la cuve dans le sauvetage du 7 février 1965), ni de pierres rougies par le feu purificatoire des fosses (sauf toutefois les pierres rougies par le feu remarquées sous la cuve B). 

 



Rechercher sur le site :