Coutumes et traditions



Les Mais


 

Quiconque traverse encore aujourd’hui les villages aubois au matin du 1er mai, n’est pas sans remarquer d’imposants baliveaux qui, pendant la nuit, sont attachés  contre grilles et palissades.

Cette coutume est organisée en cachette- par les hommes du village, jeunes et moins jeunes mais obligatoirement célibataires.

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, les jeunes gens du village allaient, dans les bois et cueillaient des rameaux : d’aulne pour les demoiselles, de sapin pour les « putes », de sureau pour les « Marie-torchon » ou « souillons », d’aubépine pour une « maline ». Ils choisissaient des arbres de 3 à 4 mètres de haut, et ils fixaient les « mais » tout au haut de la cheminée des maisons où habitaient une jeune fille non mariée.

La nuit n’est pas complète sans le chahut d’usage. Bien sûr, c’était une nuit entière passée à faire des farces, comme de  dépendre des volets des fenêtres donnant sur la rue, de s’emparer des pots de fleurs ornant les fenêtres et d’aller les exposer sur la place au milieu du village.

Au soir, chacun a repéré dans les champs ou dans le village les instruments aratoires ou autres laissés à l’abandon par un propriétaire mal avisé.

Et, sitôt les « mais » posés, des équipes de déménageurs bénévoles vont transporter le tout sur la place ou dans l’abreuvoir à grand renfort de vacarme.

Les choses les plus saugrenues s’y rencontrent, et les habitants de Pâlis ne s’étonnèrent pas trop de voir ainsi transportée sur la place publique une cabane à usage de water-closets !

Là encore, les choses ne vont pas toujours très bien : les grincheux menacent de porter plainte.

En général, tout se termine par une « roquette » de marc ou par un verre de cidre, les déménageurs rapportant eux-mêmes le lendemain, les objets subtilisés et non encore récupérés par leurs propriétaires !

Le dimanche suivant, nos gaillards allaient « décrocher les mais ». On leur offrait gâteaux et vin blanc, et plus d’un n’était guère en état d’accompagner les filles à la grand’messe en fin de matinée !

En principe, toutes les jeunes filles, parfois même les vieilles, sont servies.

Il était de tradition de poser également un mai devant la maison du maire et des conseillers (arrosage en perspective). Généralement, l’entente règne entre les jeunes gens pour la pose des « mais ». On a cependant vu quelquefois 2 bandes rivales, l’une défaisait ce que l’autre avait édifié. 

Aujourd’hui, cette coutume existe encore, mais les jeunes ne montent plus là-haut, et fixent les « mais » à la porte de la clôture de la cour ou devant la porte de la maison.

Voici une anecdote à ce sujet : Le 1er mai 1892, comme à l’habitude, les jeunes filles de Lhuître avaient été favorisées d’un beau mai d’aunelle. Toutefois, dans la nuit suivante, tous les aunes, subrepticement disparus, furent remplacés par une maigre perche dépourvue de ses branches à laquelle se trouvaient suspendues des choux, des navets, des carottes et autres légumes, attributs ordinaires du vulgaire pot-au-feu et emblèmes significatifs d’une vertu douteuse. L’auteur de ce vilain tour fut rapidement démasqué. Rencontrant un jour leur mystificateur, les jeunes filles se dirent : « Ah ! Le voilà notre marchand de choux. Il faut lui rendre ses légumes ! » Comme elles étaient en force, elles l’assaillirent et lui infligèrent une correction bien sentie, ponctuée par ces mots : « Tu as oublié le sel. Tiens ! Voilà du sel pour mettre dans les choux ». Le champenois salé, s’en alla honteux.

 

 

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