C'est notre histoire



La talon de Voltaire


«  Le Républicain de l’Aube » des 6, 7, 8, 9, 15 et 16 avril 1886, relate un article inséré en 1885 dans l’« Intermédiaire des chercheurs et curieux ».

 

Voici cet article :

 

« Le Talon de Voltaire. D’après une pièce signée Mignot et Dompierre d’Hornoy, le premier, neveu, le second, petit neveu de Voltaire, le cœur du célèbre écrivain n’aurait jamais été séparé du cadavre. Il n’en a pas été de même du talon, qui fit défaut à son propriétaire pour entrer au Panthéon.

 

Quand l’Assemblée nationale décréta que les restes de cet homme illustre seraient transportés dans le temple des Grands Hommes, le 10 mai 1791, on les exhuma de l’abbaye de Scellières, près de Romilly-sur-Seine, où l’abbé Mignot les avait fait enterrer furtivement.

 

Un des témoins oculaires de cette exhumation, l’abbé Bouillerot, curé de Romilly, adressa à M. Patris-Debreuil, avocat à Troyes une lettre : « Lors de l’exhumation de Voltaire, on trouva un cadavre décharné, desséché, mais entier, et dont toutes les parties étaient jointes. On l’éleva de la fosse  et il ne se détacha que le calcanéum qu’une personne emporta… Le corps fut exposé pendant 2 jours aux regards du public… ».

 

D’après l’avocat, le talon de Voltaire aurait été pendant de longues années en la possession de M. Mandonnet, propriétaire à Chicherey, près Troyes, formant une des principales curiosités du Musée d’histoire naturelle de cet amateur.

 

Evidemment, il n’y a pas lieu de douter de l’authenticité du fait rapporté par le curé Bouillerot de Romilly-sur-Seine, plus que tout autre en situation de raconter exactement les circonstances de l’exhumation. Le calcanéum se détacha, dit-il, et une personne l’emporta.

 

En 1813, M. Mandonnet dit qu’il tenait ce calcanéum du particulier qui avait été chargé de l’exécution du char sur lequel furent placés les restes de Voltaire lorsqu’ils furent transportés de Romilly-sur-Seine au Panthéon, et qu’il avait profité de cette circonstance pour se procurer une portion de la dépouille de cet homme unique, pour le placer sur le modèle en petit du char triomphal de la translation, qu’il avait exécuté.

 

Le 3 thermidor an X (22 juillet 1802), 3 membres du Musée d’Auxerre assistèrent à la séance publique de la Société Académique de l’Aube. L’un d’eux en profita pour voir M. Mandonnet, membre de la Société Académique de l’Aube, dans sa propriété de Chicherey, et vit un reliquaire où il aperçut couché, un fragment osseux détaché du calcanéum de Voltaire. M. Mandonnet lui donna la même version de son trésor, et il fit voir l’original du procès-verbal qui constatait l’identité.

 

En 1857, M. Amédée Aufauvre a publié dans l’« Annuaire de l’Aube » l’acte d’inhumation délivré au greffe du tribunal civil de Nogent-sur-Seine, où il est signalé que le corps de Voltaire fut porté au Panthéon sauf un fragment du talon qui se trouvait en la possession de M.Mandonnet, propriétaire à Chicherey, reproduisant l’affirmation exprimée par M. Patris-Debreuil en 1813.

 

Quelques jours après la publication du numéro précité de l’ « Intermédiaire des chercheurs et curieux », une lettre était adressée par M. Jacques Sombre de Troyes, au « Petit Journal », qui passait également dans divers journaux de Paris : « Indépendamment de sa propriété de Chicherey, près Troyes, M. Mandonnet habitait 96, rue du Bois (rue Thiers). Pendant longtemps je fus son voisin, et bien des fois j’ai été admis à admirer sa collection. Cet amateur, mort depuis 7 ou 8 ans, laissa toute sa fortune à son neveu, M. Ratat, alors percepteur à la Préfecture de l’Aube. Ce dernier est décédé il y a quelques mois. Il avait pour unique héritier un cousin qui demeure à Troyes, M. le baron de C… L’admirable collection n’a pas été dispersée, et le calcanéum de Voltaire se trouve dans cette famille… ».

 

En 1875, M. Albert Babeau a fait paraître dans l’« Annuaire de l’Aube », « L’exhumation de Voltaire », composée avec les pièces originales conservées aux Archives de l’Aube. Il écrit : « Les chirurgiens ont visité le corps, ont déclaré qu’il était entier, à cela près de parties de ses pieds dont il n’est aucun aucun vestige ».

 

On y apprend que le docteur Bouquot de Troyes, présent à l’exhumation a recueilli ce fragment d’os, donné au Musée de Troyes en 1847, par son neveu M. Bouquot, imprimeur. L’authenticité de ce reste a été constatée, après enquête, par une Commission de la Société Académique de l’Aube, dont le rapport est daté du 17 mars 1847.

 

Mais, le « calcanéum » possédé autrefois par M. Mandonnet, et l’os « du métatarse », conservé au Musée de Troyes, seraient-elles les seules parties qui manquaient au squelette de Voltaire ?

 

On peut en douter lorsque l’on voit que de simples spectateurs de l’exhumation, cités au procès-verbal, purent facilement s’approprier l’un ceci, l’autre cela, pendant ou après la cérémonie.

 

Ainsi, 2 dents furent enlevées à Voltaire. L’une a été longtemps conservée par Charron. Ce dernier, membre de la municipalité de Paris, avait été  chargé de présider le transport.

 

L’autre fut donnée à Ant.-Fr. Lemaire, rédacteur du « Citoyen français ». Ce dernier portait cette relique dans un médaillon sur lequel étaient gravés ces 2 vers : « Les prêtres ont causé tant de mal à la terre, que je garde contre eux une dent de Voltaire ». A la mort de Lemaire (devenu fou), la dent passa à l’un de ses cousins, du même nom, dentiste à Paris.        

 


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