Histoires d'eau



Les Bains à Troyes


Il y avait plusieurs sortes de bains :

- les étuves, terme le plus ancien, conçues pour se laver et se rencontrer,

- les bains dits de santé avec l’apparition du terme d’hydrothérapie,

- les établissements de bains-douches destinés à la simple hygiène du corps,

        

Dès l’occupation romaine, Troyes possède des bains publics, le long du canal. Ce n’est pas l’eau qui manque : bras de Seine, petits rus sillonnent la ville. Le comte de Champagne Hugues 1er s’efforce de les relier entre eux par des canaux.

Un bain s’appelle en 1101 " Canal des étuves au bain du Comte ", près de l’Hôtel-Dieu-le-Comte, où l’on vient s’étuver. Ces thermes sont un des premiers objets de luxe public que les Romains ont laissé dans notre cité.

En 840, le roi Charles le Chauve qui vient à Troyes rencontrer Louis de Bavière, se baigne dans ces bains.

Au milieu du XII° s. Henri 1er le Libéral autorise les chanoines de St Etienne, à gérer ces bains publics et à en percevoir les bénéfices.

Les bains des femmes sont construits " à une portée de fusil de distance ".

Ces édifices ont un double usage, pour des étuves et pour des bains. Ils sont très fréquentés. On y est attiré pour des raisons de propreté, de santé, mais plus encore par le besoin de société entre des gens qui vivent peu ensemble, et qui ne se voient que dans ces lieux. Les uns y prennent le bain d’eau, d’autres celui de simple vapeur, d’autres n’y viennent que " pour causer chaudement pendant la froide saison ".

L’entrée des étuves destinées aux femmes est interdite aux hommes par les lois ecclésiastiques, mais la séparation n’empêche pas les hommes d’aller à celles des femmes, et réciproquement. En 1416, on trouve une femme, en habits d’hommes, aux bains du lundi réservés aux hommes. Elle a une amende et on la met en prison.

Malgré des règlements sévères, les étuves deviennent des lieux de dissipation où "  il s’y commet publiquement et ouvertement des actes de débauche ".

En 1426, pour augmenter leur revenu et pour " garder honneur et acceptation de personnes ", le Chapitre se décide à construire de nouvelles étuves. Mais, malgré la division des sexes, " ces établissements n’en sont pas moins, fort souvent, le théâtre de scènes ou violentes ou immorales ".

         Des statuts synodaux, publiés en 1441, interdisent "aux ecclésiastiques et même aux clercs mariés, l’entrée des étuves publiques, parce que ce sont des lieux de prostitution, et qu’on s’y livre ouvertement à toutes sortes de débauches… ".

Les excès dont ces lieux sont le théâtre, reviennent souvent dans la bouche des prédicateurs de ces temps. Pour cette cause, mais aussi avec l’usage du linge et la disparition de certaines maladies, ces établissements sont peu à peu abandonnés.

En 1696, les Etuves-aux-femmes disparaissent dans un incendie. Après un autre incendie en 1733, les dernières étuves ne sont pas reconstruites, et c’est pour cela que sont créés des offices royaux de baigneurs-étuvistes. Ils portent à domicile la baignoire, en bois, en laiton ou en cuivre, font chauffer de l’eau, vous savonnent, massent, rincent, sèchent.

En 1765, le Docteur Rousselet aménage un bâtiment rue Neuve des Bains, et fait savoir " qu’il fait construire des bains de santé pour les deux sexes, qu’ils viennent en malades ou pour leur simple plaisir, qu’on y trouvera des baignoires, des douches, du lait de vache, de chèvre et d’ânesse, que les malades infirmes y pourront être promenés en chaises à porteurs, que les bains sont ouverts jour et nuit et que les sexes seront séparés. Simplement, ils seront interdits aux sujets ayant des maladies suspectes ".

En 1808, existent rue de la Petite Tannerie, les Bains de la Petite Tannerie, aux " eaux épurées… ses cabinets sont agréablement décorés de peintures murales, le jardin planté d’arbres d’agrément, d’essences exotiques qui se mirent dans un bassin doté d’un jet d’eau…" Ils demeurent jusqu’en 1855.

De 1821 à 1831, un ancien pharmacien, major des armées, ouvre "des bains de vapeurs sulfureuses pour le traitement de la gale et des maladies de peau ", rue de l’Epicerie.

A la même époque, un autre pharmacien ouvre à l’Hôtel des Bains, rue Neuve des Bains, "des bains de vapeur aqueuse, sulfureuse… ", destinés à traiter les maladies de la peau, qui dureront jusqu’à son décès en 1838.

En 1829, rue du Cloître Saint-Etienne, sont ouverts les Grands Bains Meusy : hydrothérapie, bains de vapeur et d’air chaud, douches en jet, écossaise, pluie, cercles, bains de siège, douches vaginale, hémorroïdale, dorsale… qui deviennent Bains de l’Arquebuse en 1847.

En 1840, des " Bains publics et Ecole de Natation Hygiénique " ouvre ses portes sur le bras de la Seine, mail de Chaillouet.

De 1856 à 1871, un médecin des hospices transforme l’Hôtel des Chevaliers de l’Arquebuse en maison de santé, avec bains. Ils sont détruits par un incendie en 1930.

En 1855, nous trouvons rue Notre Dame, les Bains Bazins, qui deviendront les Bains-douches du Commerce, et dureront jusqu’en 1977.

Enfin, rue de la Tour Boileau, les bains Saint Jean, qui dureront jusqu’après 1940.

En 1886 s’ouvre une autre maison d’hydrothérapie, rue Ambroise Cottet, dirigée par le pharmacien Etienne Glaize, avec " bains de vapeur et autres… plus de 1.000 malades plus ou moins incurables, y ont été guéris… ". Elle n’existe plus en 1898.

En 1935 est ouverte la piscine municipale du Vouldy, avec des douches et des salles de bains.

 

Comme on vient de le voir, anciennement, le luxe des bains est très grand à Troyes. Ceci est confirmé par le nom donné à deux rues : rue des Bains ou Basse Bains, qui s’est appelée en 1440, rue des Etuves et rue Neuve des bains (qui côtoie le premier bras de Seine).

 

 

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