Métiers anciens




Privilège des bourreaux troyens au XVII° siècle



L'histoire de la fonction d'exécuteur demeure mystérieuse. C'est en tout cas une longue histoire, le XVIII° siècle marquant une cassure symbolisée par l'invention de la guillotine.

C'est au XIII° et au XIV° siècle que l'on commence à charger un habitant de la ville, toujours le même, des exécutions. Dès qu'il devient professionnel, il est haï et méprisé. 

 

L’exécuteur des hautes œuvres est un des rouages nécessaires de cette machine judiciaire qui commence par la question et finit par la roue, le bûcher, la croix de Saint-André, ou par la potence.

 

L’exécution, son grand rôle, a pour intermèdes les pendaisons, le carcan, le fouet, les langues des blasphémateurs à percer d’un fer rouge, les poignets à trancher…

 

Sa besogne est immense dans les siècles qui nous ont précédés, car, que d’aliments lui fournissent les luttes politiques et les luttes religieuses, les mesures de police et surtout le code barbare qui frappe d’un grave châtiment les plus légers délits !

 

Redouté par le peuple comme un être qu’il croit sorti d’un autre monde, le bourreau, dès le XV° siècle, obtient de nombreux privilèges.

 

Chaque semaine, l’exécuteur prélève une chopine de blé de chaque marchand de grains.

Qu’un char de bois à 4 roues se présente aux portes de Troyes, depuis Pâques jusqu’à la Saint-Remi, il prend une bûche pour se chauffer gratuitement l’hiver.

Les paniers contenant des comestibles sont visités par ses hommes qui, sur 10 œufs, ne vous en laissent que 9. Fromages, noix, pommes, oignons, pelles de bois, pots de fer, pots de terre, balais même, rien n’échappe à sa juridiction.

Ses collecteurs sont là, recevant de beaux deniers, tant pour une charrette, et les mettent sournoisement dans leur escarcelle.

 

Il est vrai que les habitants de la ville et ceux de la banlieue ne lui donnent qu’un œuf à Pâques, mais il a de temps en temps, pour le dédommager, des cuillerées de pois, de fèves et des fruits nouveaux.

De plus, les pâtissiers dont les étals sont placés rue aux Changes et au marché de Notre-Dame, lui fournissent chaque samedi de carême 2 maillées (monnaie de cuivre, valant la moitié d’un denier) d’échaudés.

Les revendeurs, moins opulents sans doute, se cotisent pour lui donner des étrennes.

 

Les filles mal famées sont inscrites sur ses registres et lui doivent 5 sous ainsi que les ladres (lépreux) qui sont en ville.

 

Ces belles aubaines n’empêchent pas l’exécuteur des hautes œuvres de percevoir des droits sur les châtiments qu’il inflige.

Voici le tarif de 1619 :

- pour battre de verges et fouetter sur les carrefours : 40 sous

- pour percer la langue ou fendre les lèvres : 20 sous

- pour donner la question ordinaire ou extraordinaire : 40 sous

- pour pendre, étrangler, brûler le corps et le réduire en cendres : 8 livres

- pour trancher la tête, puis transporter le corps au gibet : 8 livres

- pour pendre, étrangler, trancher la tête et mettre le corps en 4 quartiers pour les mettre aux portes de la ville : 8 livres

- pour exécuter sur la roue et rompre le délinquant sur un échafaud : 8 livres.

 

Les peines sont barbares. Le supplice de la roue institué par François Ier en 1534 pour lutter contre les bandits de grands chemins, en est un exemple éloquent : " Les bras leur seront brisés et rompus en deux endroits, tant en haut qu'en bas, avec les reins, jambes et cuisses, et mis sur une roue plantée et élevée, le visage contre le ciel, où ils demeureront vivants pour y faire pénitence, tant et si longtemps qu'il plaira à Notre Seigneur les y laisser, et morts jusqu'à ce qu'il soit ordonné par justice ".

Malgré ses nombreux privilèges, les fonctions d’exécuteur ne furent jamais recherchées.

En image, la maison du dernier bourreau de Troyes.

   



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