C'est notre histoire



Pierre Boilletot capitaine de la 2° compagnie de Croncels


On peut voir à Carnavalet, dans la salle de la Révolution, une fort gracieuse aquarelle qui serait certainement mieux à sa place au musée de Troyes que dans le musée du vieux Paris, quartier du Marais, car elle est spécifiquement troyenne.

 

                       Malgré la mention « Hommage à un Garde française » dont elle a été bien à tort décorée, sa dédicace montre en effet qu’il s’agit d’un officier du bataillon de Croncels. Si ce nom ne suffisait pas à lui seul à identifier ce Corps, la vue de nos vieux monuments troyens, qui forment l’arrière plan de la composition, viendrait enlever toute chance d’erreur.

 

                       Pierre Boilletot était bien un Troyen, né le 22-12-1748, négociant et juge-consul. Son père Pierre-François Boilletot (1721/1778) était échevin, juge consul et capitaine de la milice bourgeoise, sa mère Marie-Anne Serqueil était la fille d’Antoine Serqueil marchand orfèvre à Troyes.  

 

                       C’est bien à Pierre Boilletot qu’est dédiée l’aquarelle avec ce texte : « A Monsieur Boilletot, capitaine de la 2° compagnie de Croncels par les bas-officiers et volontaires de sa compagnie la veille de Saint-Pierre, 28 juin 1790 ».

 

                       Sa compagnie était à Troyes et l’un comme l’autre n’avait aucun rapport avec le régiment des Gardes françaises. Cet officier aimait à conserver par l’image le souvenir des fonctions auxquelles l’avaient appelé ses concitoyens.

 

                       Dans l’annuaire de l’Aube de 1890, on voit la reproduction d’une autre aquarelle, représentant le même Boilletot, devant la porte de sa maison, à l’angle de la rue de Croncels et de la rue du Temple (Général Saussier), saluant de l’épée sa compagnie qui va entrer chez lui prendre place à un repas que l’on voit dressé dans l’intérieur. Cette aquarelle a été donnée à la Bibliothèque municipale de Troyes.

 

                       Pierre Boilletot, âgé d’une quarantaine d’années en 1789, était le représentant d’une vieille famille de négociants troyens pour qui les charges d’officiers de la milice bourgeoise étaient quasiment un patrimoine et celle-ci cédant la place à une milice nouvelle, adaptée aux temps nouveaux que devaient vivre les Français, il y prit tout naturellement le poste qui lui revenait et se trouva  capitaine dans la garde nationale.

 

                       Lors des troubles qui suivirent, par toute la France, la prise de la Bastille, la ville de Troyes eut sa part de mouvements populaires et, l’antique milice bourgeoise s’étant mise sous les armes, ses officiers ne se trouvèrent pas en nombre suffisant pour occuper tous les postes. Ils durent demander de l’aide aux Maire et Echevins, à l’appel desquels « tout ce qu’il y a d’honnête dans la bourgeoisie est accouru, s’est armé et a formé des compagnies de volontaires. Sur le champ, sous les ordres du commandant pour le Roi, il a été établi des corps de garde et des patrouilles tant de MM. les Gardes du Corps que d’un détachement de dragons du régiment d’Artois et des compagnies de volontaires ».

 

                       La municipalité assembla les 16 districts, le 16 Août, pour reformer les compagnies et nommer les officiers : Pierre Boilletot fut élu capitaine de la seconde compagnie de Croncels. Il donna sa démission le 25, en même temps que ses collègues de la milice citoyenne et provisoire de la Ville de Troyes, réunis ce jour à l’Hôtel-de-Ville, pour demander la convocation de tous les citoyens afin de procéder définitivement à la formation de la Garde nationale.

 

                      Le 28 août, à 7 heures du matin, les officiers municipaux invitaient en conséquence la population à se réunir à 2 heures, dans chaque district, pour nommer les officiers et désigner également des commissaires pour concourir à la rédaction d’un code militaire. Pierre Boilletot fut de nouveau nommé capitaine de la 2° compagnie du 2° bataillon, le bataillon de Croncels, et, cette fois le demeura. C’était celle dont son père possédait l’office de capitaine dans la milice bourgeoise. Il se trouvait donc capitaine électif d’une compagnie dont il aurait pu être capitaine héréditaire et c’est ce qui explique le plaisir évident qu’il avait à en perpétuer le souvenir.           

 

                       Après l’assassinat du maire Claude Huez, victime d’une émeute populaire (voir ce chapitre) le 9 septembre 1789, peu à peu, la Garde Nationale s’organisait et le règlement de ce corps était publié à Troyes sous le titre : « Règlement pour la formation d’une garde nationale volontaire en la Ville de Troyes… sanctionné par MM. les officiers municipaux de l’Hôtel de Ville, le 17 octobre 1789 ». Elle se composait de 14 compagnies de 40 volontaires, plus une de grenadiers et une de chasseurs.

 

                       L’uniforme était coquet : habit de drap bleu céleste à revers écarlates, avec boutons blancs aux armes de la Ville et fleurs de lys aux retroussis (revers), chapeau bordé en poil de chèvre, orné de la cocarde tricolore, queue garnie d’une rosette de ruban noir. C’est exactement celui que portent les soldats de Boilletot sur les 2 aquarelles.

 

                       La discipline n’était pas sévère : comment demander grand-chose à des volontaires si gracieusement habillés ! Le service n’était pas obligatoire et les absences n’étaient punies que d’amendes variant de 12 à 14 sols (1 sol = 1/20 ° de livre ou 12 deniers), selon les grades.       

 

                       Le 18 octobre 1789, la Garde Nationale prêtait serment dans la cour de l’Hôtel de Ville puis, elle se rendait à la cathédrale où elle entendait la messe.

 

                       Pierre Boilletot, à la tête de sa compagnie, faisait de son mieux pour remplir ses devoirs d’officier citoyen. C’est chez lui que se tenaient les réunions de ses volontaires.

 

                       Lorsqu’en 1792 on réorganise la Garde Nationale à Troyes, conformément à la Loi du 14 octobre 1791, il n’y a plus de bataillon de Croncels, mais une section de la Trinité qui se divise en 3 compagnies. C’est la dernière, celle du Temple, comprenant 85 citoyens inscrits, qui renferme la demeure de l’ancien capitaine Boilletot.

 

                      L’institution s’amoindrit : en 1796, on élit encore des officiers, mais on ne trouve plus d’hommes de troupe, et, en 1798, la Garde Nationale n’existe virtuellement plus.

 

                Pierre Boilletot décède le 30-11-1827Il s’était marié avec Jeanne-Nicole Bourgeois dont il eut 5 enfants :

 

                   Pierre en 10-1779 qui sera négociant,

 

               Julie-Elisabeth en 03-1781, qui se mariera le 19 avril 1803 avec        Charles-Nicolas Gutot notaire à Troyes,

 

                 Marie-Anne en 07-1783, mariée en 04-1803 à Pierre-Cyprien Dupont, négociant, président de la Chambre de Commerce de Troyes,

 

                 Nicolas en 06-1787, négociant,

 

                Mériadec le 02-12-1789, qui décèdera le 11-12-1789.

 


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