Troyes et l'Aube précurseurs



Vitre Incendie-Graphe adaptée à la Tour Communale 8)


Il y a plus de 180 ans, nos maires aubois cherchaient déjà le moyen de se rendre sur le lieu exact d’un incendie, en perdant le moins de temps possible.

 

        M. Jacques, Nicolas Paillot de Montabert (voir ce chapitre), membre résidant de la Société d’Agriculture, Sciences, Arts et Belle Lettres du Département de l’Aube, fait part de son invention, lors de la séance du 28 décembre 1838 :

 

         « Reconnaître précisément le lieu d’un incendie aussitôt que l’oeil en aperçoit la lumière ou la fumée, tel est le premier acte qui détermine la direction du secours, et cette précision ne doit pas se faire attendre.

 

         Mais par combien d’obstacles cette précision n’est-elle pas souvent empêchée ou retardée ?

 

         Les déceptions de la perspective donnent des idées fausses sur les distances : les comparaisons sont inaperçues dans l’ombre de la nuit, et on hésite au milieu d’une confusion préjudiciable.

 

         Les exemples presque incroyables de ces déceptions visuelles ne sont pas rares. On a vu des pompes, parvenues à 2 lieues de leur point de départ, se trouver, à la grande surprise des pompiers, éloignées encore de 2 autres lieues du pays où éclatait l’incendie.

 

         De tels désappointements découragent les porteurs de secours arrivant précipitamment en des lieux souvent trop éloignés des voies faciles de communication.

 

         Mais cette erreur sur l’éloignement véritable du lieu incendié, vers lequel on se dirigeait en effet, n’est pas la seule qui soit à déplorer. Une autre erreur, bien fréquente surtout pendant l’obscurité, est celle qui fait désigner ou beaucoup trop à gauche ou beaucoup trop à droite le lieu qui est à secourir.

 

         Mais que d’embarras souvent insurmontables la bravoure des pompiers ne trouve-t-elle pas à combattre ?

 

         Ce sont des eaux envahissantes, des neiges trompeuses, des ponts  abîmés et délaissés. Il faut rétrograder, tenter une route meilleure, aller à l’aventure.

 

         Les coups de tocsin, en jetant l’alarme, réunissent une population toute prête à porter des secours efficaces. Cependant si l’incertitude sur le vrai point où est situé le lieu qui est à secourir se prolonge pendant les premiers moments de l’émoi général, si des dires contradictoires et absurdes rendent inutiles les vraies, les justes indications, il résulte une confusion dans laquelle on voit bientôt se refroidir le zèle spontané qu’il était important de diriger sans la moindre hésitation.

 

         Au haut d’une tour vigie on doit construire une chambre vitrée circulaire, ayant 9 ou 10 pieds de diamètre. Sur ses parois en vitrage sont tracés des numéros qui, étant aperçus du point central de cette chambre, recouvrent et masquent la vue des différents villages, hameaux, ou lieux habités qu’on aperçoit dans la campagne.

 

         A ce point central est fixé un oculaire prolongé par un tube. Cet oculaire pivote et joue à l’aide d’une articulation glénoïdale (ou par genou), et peut, tout en restant central, être mu par le regardant qui, assis et ayant nécessairement son œil fixé lui-même au centre, dirige le tube vers la lueur ou la fumée de l’incendie. Le chiffre interposé entre l’oculaire et le lieu du sinistre étant reconnu, on cherche aussitôt dans le « Registre d’indication » le même numéro. Sur le feuillet portant ce numéro on lit le nom du pays cherché, sa distance précise, les chemins de voiture et de pied qui y font parvenir, les accidents ou les empêchements qui ont fait prescrire une route particulière, enfin d’autres indications qui se trouvent fournies au registre, en temps utiles, par les Communes intéressées à ces éclaircissements.

 

         Si la nature du terrain ne commandait pas un vitrage circulaire et contigu, et qu’on voulût en placer seulement de partiels dans une tour carrée, par exemple, cette opération n’engagerait aucune difficulté.

 

         Le lieu de l’incendie étant connu, on pourrait aussitôt en exposer le nom à la vue du public, et, à cet effet, on emploierait pendant la nuit le moyen d’un transparent.

 

         On démontrerait pour les pays de plaines et surtout ceux où les communications offrent un aliment particulier aux incendies, l’utilité de tours communales servant de vigies, renfermant à leur base tous les instruments de secours contre le feu, et contenant le local nécessaire pour les pompiers de service.

 


Sur le bandeau du  bas de chaque page, vous cliquez sur "Plan du site", qui est la table des matières, et vous choisissez le chapitre qui vous intéresse. 

Cliquez sur "Nouveaux chapitres"  vous accédez aux dernières pages mises en ligne.


Rechercher sur le site :