Coutumes et traditions



Fête des Innocents, Fête de l'Âne


Fête des Innocents

 

Les guerres des XIV° et XV° siècles n’empêchaient pas toujours de remplacer les alarmes et les douleurs par les plaisirs et des fêtes, ne fut-ce qu’à Noël ou à la Circoncision, époque consacrée à la célébration de la fête des Innocents ou des Fous.

 

Dès les premières années du XIV° siècle, on trouve à Troyes la trace de ces fêtes, que généralement on fait remonter au XII° siècle.

 

En dehors de la « Fête des Fous » (voir ce chapitre), il existait à Troyes une deuxième fête, appelée « Fête des Innocents », confondue quelquefois avec la « Fête du Pape des Fous » (voir ce chapitre).

 

Elle était célébrée par les enfants de chœur qui se réunissaient dans l’église, la veille et le jour de la fête des Innocents.

 

L’un d’eux était élu à ce burlesque épiscopat, et le scandale commençait !

 

Les chanoines étaient tributaires de la fête, et, ce qui donne la mesure de la popularité dont elle jouissait, un comte de Champagne avait consenti un impôt gracieux au profit du « pape ».

 

Dès 1308, le chapitre de la cathédrale inscrit dans ses comptes les sommes qu’il donne à ses clercs pour la fête des Innocents. Le domaine royal, héritier des comtes, le paya jusqu’à la Révolution ! La fête avait été supprimée depuis plus de 300 ans, mais on avait conservé l’impôt.

 

 En 1372, le chapitre défend à ses vicaires de célébrer cette fête sans sa permission.

 

En 1439, il autorise ses 4 enfants de chœur à faire la fête des Innocents, sans dérision, et il interdit aux hauts et bas vicaires de faire la fête des Fous dans l’église. Cette décision du chapitre n’était que l’application du dernier décret du concile de Bâle, arrêté dans sa 21° session, ouverte le 9 juin 1435. Ce décret condamne les spectacles qui se donnaient dans les églises, à certaines fêtes, où l’on habillait les enfants en évêques et en rois pour représenter les fonctions. Il condamnait en même temps les mascarades d’hommes et de femmes. La prohibition du concile de Bâle ne s’appliquait qu’au lieu de la fête et non à la fête elle-même.

 

Voici quelques lignes des lettres-patentes du 17 avril 1445 : «… Néanmoins aux fêtes des Innocents et de la Circoncision dernières, sous ombre de ce que quelques-uns disaient et publiaient que la Pragmatique était révoquée et annulée, sur les instances du pape Eugène, les clercs, vicaires et les chanoines firent la fête avec plus d’excès, de moqueries, farces, « rigmeries » (chansons profanes) et folies qu’ils n’avaient fait de mémoire d’homme. Et, spécialement le dimanche qui a suivi la fête, jour auquel ceux des chapitres de Saint-Pierre, de Saint-Etienne et de Saint-Urbain, non contents des excès qu’ils avaient faits la veille, le jour et le lendemain de la fête, firent assembler à son de trompe le peuple de la ville, au lieu le plus fréquenté, et, sur de hauts échafauds, firent un certain personnage vitupérant et injuriant tacitement l’Evêque et les plus notables de la cathédrale, qui avaient, en vertu de la Pragmatique, demandé la suppression de la fête. Il y avait en ce jeu notamment 3 personnages qui se nommaient « Hypocrisie, Feintise (dissimulation) et Faux Semblant », que les assistants jugèrent être l’Evêque et 2 des chanoines qui avaient voulu empêcher la fête et dont les gens d’entendement furent mécontents et scandalisés…».

 

Le Roi donne mandement au Bailli de Troyes de prêter aide et main-forte à l’Evêque de Troyes et à l’Inquisiteur de la foi pour empêcher dorénavant la représentation de cette fête.   

 


Fête de l’Âne

 

Il y avait aussi la « Fête de l’Âne », qui, sans être aussi scandaleuse, n’en est pas moins choquante.

 

Au lieu de l’« Ite missa est », un diacre imite les braiments d’un âne, en mémoire de la fuite en Egypte : deux « hi-han » poussés avec un H très aspiré, puis un troisième et un quatrième « qui produit autant d’allégresse que le chant de l’alléluia ».

 

Le jour des Rameaux, pendant la procession, le clergé, en arrivant au pont de la Girouarde près de l’Hôtel-Dieu, jetait des oublies (pâtisserie du Moyen Age) à l’assistance.

 

Aux matines du jour de Pâques, il y avait la représentation des 3 Maries.

 

Avant les vêpres, l’évêque et les chanoines, à tour de rôle, jouaient à la balle et à la toupie, après quoi les assistants buvaient du vin rouge et du vin blanc en mangeant des pommes et des oublies que bénissait l’évêque.

 

A la Pentecôte, les enfants de chœur lâchaient un pigeon blanc, symbole du Saint-Esprit, des oiseaux dans l’église, et jetaient aussi des fleurs.

 

Il n’en était pas de même de la « Diablerie de la vengeance de Jésus-Christ », et de celle de « saint loup », grossières affabulations dans le goût de la « Fête des Fous ».

 

Cette représentation des scènes bibliques prend des développements spectaculaires et si profanes que l'Église la bannit progressivement de la liturgie, mais elle perdure jusqu'au XVII° siècle. Ces drames sont alors relégués sur les parvis de l'Église où ils sont joués sous la forme de mystères.  []

 

Pour terminer, je citerai une fondation qui se perpétua jusqu’à la Révolution : les ablutions quotidiennes des chanoines pendant le carême. Treize femmes versaient chaque jour de l’eau de rose fournie par le prieur de l’hôpital Saint-Nicolas sur les mains des chanoines assistants.


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