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Colonne départementale, place du Préau


Place du Préau
Place du Préau

Dans le chapitre « Place du Préau », j’ai parlé succinctement de ce sujet. En voici le détail.

 

A la suite du coup d’Etat du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799), les consuls demandèrent qu’une colonne soit érigée dans chaque département.

 

Le 29 ventôse an VIII (20 mars 1800), sur la proposition du Ministre de l’Intérieur, Lucien Bonaparte, les consuls avaient ordonné qu’une colonne soit élevée sur la plus grande place de chaque chef-lieu de département en l’honneur des braves morts pour la patrie et la liberté. Le nom d’aucun homme vivant n’y pouvait être inscrit, à l’exception de ceux qui, en vertu d’un récent décret, auraient obtenu des sabres, des fusils, des baguettes et des trompettes d’honneur.

 

Sous les gouvernements précédents, on avait souvent annoncé, à la tribune des assemblées, que des monuments du même genre allaient s’élever sur tous les points. Mais « au milieu des secousses révolutionnaires, disait Lucien Bonaparte, l’intention du bien demeura presque toujours sans effets ».

 

Il s’agissait donc d’acquitter une dette sacrée, en élevant les colonnes, dont les dépenses devaient être prises sur les centimes additionnels des départements. Leur forme et leurs dimensions devaient être arrêtées par un jury d’artistes et approuvées par le Ministre de l’Intérieur.

 

A Troyes, le Préfet s’empressa de donner un commencement d’exécution au décret des consuls, en procédant à la pose de la première pierre de la colonne, comme l’atteste le procès-verbal, conservé aux Archives de l’Aube : « L’an 8 de la République française, le 25 messidor (15 juillet 1800), heure de midi, première année du Consulat de Bonaparte, Cambacérès et Lebrun, second et troisième Consuls, Lucien Bonaparte, Ministre de l’Intérieur, Nous, Bruslé, Préfet du département de l’Aube, assisté du citoyen Gayot, secrétaire général de la Préfecture, des citoyens Loiselet, Ruotte et Oudan, conseillers de Préfecture, des autorités judiciaires, civiles et militaires de la ville de Troyes, de la force armée et d’un grand concours de citoyens, en exécution de l’arrêté des Consuls du 29 ventôse dernier, portant qu’il serait élevé des colonnes à la mémoire des braves morts pour la défense de la Patrie et de la Liberté, de celui du 23 prairial suivant (12 juin), relatif à la célébration des fêtes du 14 juillet et de la Concorde, et de notre arrêté du 22 messidor présent mois (11 juillet), qui charge le citoyen Descolins, ingénieur en chef des ponts et chaussées de ce département, de désigner la place publique qui convient le mieux pour l’érection de la colonne départementale et de faire prendre toutes les dispositions nécessaires pour la position de la première pierre de ladite colonne, nous nous sommes rendus sur place dite le Préau-Saint-Etienne, par nous désignée, d’après l’avis du citoyen Descolins, où étant, nous y avons posé la première pierre de ladite colonne, après avoir placé dans la feuillure (entaille), qui y avait été pratiquée à cet effet, une boîte de plomb dans laquelle sont renfermées une médaille en cuivre portant d’un côté l’effigie du premier Consul Bonaparte, et de l’autre l’inscription suivante pour exergue : << Le peuple français à ses défenseurs >>, et dans le milieu : Première pierre de la colonne nationale posée par Lucien Bonaparte, Ministre de l’Intérieur, 25 messidor an 8, 14 juillet 1800, une planche en cuivre rouge portant cette inscription : << La première pierre de la colonne départementale de l’Aube, élevée en l’honneur des défenseurs de la Patrie, en exécution de l’arrêté des Consuls du 28 ventôse an 8, a été posée par Bruslé, préfet du département, le 14 juillet 1800, 25 messidor an 8 de la République française, première année du consulat de Bonaparte >>. Cambacérès et Lebrun, second et troisième Consuls, Lucien Bonaparte, Ministre de l’Intérieur ».

 

Furent ajoutées plusieurs pièces d’argent et de cuivre du type républicain et enfin un tube en verre, hermétiquement fermé, contenant le présent procès-verbal que nous avons signé :

 

Bruslé, Gayot, Loiselet, Ruotte, Descolins, Parisot président du Tribunal civil ».

 

La première pierre posée, le Préfet ne se pressa pas de faire achever la colonne. Dans son « Mémoire sur la statistique du département », qu’il publia en l’an IX, il rappelle que l’Aube a fourni de vaillants soldats dans les guerres récentes, et que les noms de ceux qui sont morts au champ d’honneur seront inscrits sur la colonne. En tête, il fera placer celui du général Dampierre (son cœur est inhumé dans l’église de Dampierre).

 

La même année, le « Journal du département » du 9 Floréal an IX (29 avril 1801) parle des projets auxquels donna lieu l’érection de la colonne : « Un autre citoyen, dit-il, a proposé le plan d’un hermès qui doit être élevé sur le préau. Son projet se distingue parmi ceux des colonnes départementales, il est recommandable par le suffrage des meilleurs artistes. Son dessin et ses plans ne peuvent manquer d’inspirer un grand intérêt ». L’auteur de l’article, qui signe Cadet Jacquelin, regrette de ne pas connaître le nom de l’auteur du plan, pour le désigner à l’estime publique.

 

Qu’est-il devenu de ce plan, et des autres qui, probablement, ont été présentés à la même époque ?

 

Quatre ans après, en 1805, lorsque Napoléon 1er vint à Troyes ainsi que le pape Pie VII (voir ce chapitre), il est question de la place du Préau, mais non de la colonne départementale : « L’Empereur, désirant contribuer à la prospérité de la ville, décida la construction d’un canal de la Haute-Seine ».

 

Si le canal ordonné par Napoléon finit par être creusé, il ne le fût pas rapidement, il fallut plus de 40 ans pour qu’il fût ouvert jusqu’à Troyes, malgré les 1.500 prisonniers espagnols internés à Troyes, qui y furent employés. Et la place du Préau qui devait voir s’élever la colonne départementale, devint un dépôt pour les bois de charpente et autres, qui devaient être transportés sur le canal.

 

En 1846, une fontaine fut installée au milieu de cette place.

 



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