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Le chanoine J-B. Coffinet


Jean-Baptiste Coffinet est né à Troyes le 27 mars 1810. Ses parents étaient de modestes artisans. Son père exerçait le métier de plafonneur.

 

Il fit ses études au Petit et au Grand Séminaire de Troyes. Il y manifesta une intelligence précoce, puisqu’il avait 22 ans seulement lorsqu’elles furent achevées. Il devait attendre 2 ans encore avant d’être ordonné prêtre. L’évêque d’alors, Mgs Séguin des Hons, qui laissa la réputation d’un homme « de bonté souriante et de zèle pastoral », le nomma pro-secrétaire de l’Evêché. Prêtre en 1834, il devenait Secrétaire en titre et, chose inouïe, chanoine honoraire au soir de son ordination. Le vieil évêque le tenait certainement en particulière estime : 6 ans après, en effet, il en faisait un chanoine titulaire, ce qui à l’époque était une flatteuse promotion, car il n’avait que 30 ans !

 

En 1841, le jeune chanoine fait paraître pour la première fois un « Annuaire du Clergé du Diocèse de Troyes ». Coffinet y recommandait la sauvegarde des « vieux objets d’art ».

 

Il se produisit un évènement qui devait bouleverser complètement la vie de notre chanoine. En 1848, Mgr Cœur « notoirement féru des maximes de l’Eglise gallicane », succédait à Mgr Debelay. Qui dira ce qui s’est passé entre les 2 hommes ? Toujours est-il que le 23 février 1854, Mgr Cœur mettait brusquement fin aux fonctions de Secrétaire de l’Evêché du chanoine Coffinet. Il conservait cependant son titre de Vicaire Général honoraire et sa stalle de chanoine titulaire à la Cathédrale. Ce limogeage eut l’avantage de le libérer pour se livrer presque entièrement aux recherches archéologiques et à ses publications.

 

Il était entré à la Société Académique en 1849 et en fut membre résidant jusqu’à sa mort. En 1863, sa compétence l’avait fait choisir par ses collègues pour être Conservateur du Musée d’Archéologie et lui avait valu d’être décoré de la Légion d’Honneur. Il était aussi Président du Comité de la Bibliothèque. Il appartenait à plusieurs sociétés savantes : les Antiquaires de France, la Société française pour la Conservation des Monuments Historiques, la Société de Sphragistique. Par les dons qu’il leur fit, il figure parmi les bienfaiteurs du Musée, de la Bibliothèque municipale, du Trésor de la cathédrale.

 

Son œuvre se résume en 2 mots : ses collections, ses publications. Le chanoine Coffinet fut un collectionneur passionné d’objets anciens d’art religieux. Une vaste pièce au premier étage de son appartement était consacrée à son musée personnel. On y trouvait des émaux, des calices, des ciboires, des encensoirs anciens, des bronzes, des ivoires, dont un diptyque du XIV° siècle, des sculptures, des tableaux, un nombre considérable de sceaux… Certains de ces objets, tels les émaux, étaient particulièrement précieux. Comment ce collectionneur avait-il pu se les procurer ? C’est qu’il savait pratiquer l’art de la « chine ». Bien des objets d’art religieux qui provenaient des pillages des trésors des églises à la Révolution avaient abouti chez les brocanteurs (une pièce d’émail du XIII° siècle, parmi les plus belles de notre Trésor, avait été achetée dans la boutique d’un de ces marchands). Mais les brocanteurs n’étaient pas ses seuls fournisseurs. Lorsqu’il accompagnait son évêque dans les tournées pastorales, son œil perspicace découvrait au fond d’un placard de sacristie, un baiser de paix, voire une pyxide (boîte où l’on conserve l’eucharistie), trop vieux pour être encore en usage et que le curé lui abandonnait volontiers. Dans le diocèse, on connaissait sa marotte. Pour lui être agréable, les curés lui signalaient qu’ils détenaient un parchemin susceptible de l’intéresser, qu’un paroissien avait découvert dans son jardin une pièce de monnaie, une bague. On le lui offrait ou il les achetait. Il était aussi servi par le hasard. Un jour, il arracha des mains d’une cuisinière inconsciente un parchemin qui enveloppait une côtelette. C’était un fragment du Cartulaire de l’abbaye du Paraclet datant du XIV° siècle. Les autres feuillets auraient suivi le même sort s’il n’y avait mis bon ordre.

 

Il aimait faire les honneurs de sa collection à ses visiteurs. Mais animé d’une grande générosité, il ne s’en montrait pas un possesseur jaloux, et durant sa vie, il fit de nombreux dons au Musée, au Trésor de la Cathédrale et à la Bibliothèque. Il compléta son œuvre de bienfaiteur par des legs importants en faveur de ces 3 établissements. Par exemple sa collection sigillographique (la sigillographie est une science auxiliaire dont l’objet est l’étude des sceaux) au Musée, l’Evangéliaire de l’Abbaye Saint-Loup à la Bibliothèque, des émaux au Trésor… Après sa mort, le reste de cette remarquable collection fut malheureusement dispersé par une vente aux enchères publiques, qui atteignit une somme considérable. Le Musée put se porter acquéreur d’une magnifique collection d’émaux.

 

L’œuvre de Coffinet auteur se résume en une vingtaine d’opuscules parus dans les « Mémoires de la Société Académique de l’Aube », l’« Annuaire de l’Aube », les « Annales Archéologiques » (article sur « Les peintres-verriers de Troyes de 1375 à 1690 », l’inventaire du « Trésor de la Collégiale Saint-Etienne), les « Mémoires de la Société de Numismatique » (dans lequel il publia son « Armorial des Evêques de Troyes » en 1869). A la Société Académique, il fit part de ses « Recherches sur les restes mortels du Pape Urbain IV », sur « Les attributs de Saint-Antoine », sur « La description d’un ancien instrument de sauvetage » (magnifique seringue en bronze qui servait à éteindre les incendies)…

 

Jean-Baptiste Coffinet est mort le 19  mars 1882.

 

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