La vie à Troyes



La Médecine à Troyes


Les 10 premiers siècles de la fondation de Troyes, dans ces temps de guerres étrangères et intestines, au milieu de la féodalité naissante, les lettres et les sciences, et avec elles la médecine, avaient périclité.

 

            Toutefois, les monastères possédaient quelques hommes instruits et versés dans l’étude qui parfois exerçaient l’art et science de guérir. Ainsi, l’abbaye de Clairvaux a fourni à cette époque des moines médecins qui trop souvent, ne se contentaient pas de soigner les malades religieux, mais couraient, par amour du lucre, porter leurs soins aux malades laïques. En 1157, le Chapitre général s’en émut et s’y opposa, mais il ne défendit pas l’exercice de la médecine.

 

            L’Université de Paris, la plus ancienne de France, fut fondée en 790, mais la Faculté de Médecine ne prend sa grande prépondérance que vers le XV° siècle.

 

            D’un autre côté, la Faculté de Montpellier n’est fondée qu’en 1289, et il faut encore attendre 200 ans pour constater la présence en notre ville de ses docteurs-régents.

 

            Pendant ces temps, Troyes avait eu à souffrir de la peste et de la lèpre.

 

            Vers la fin du XIV° siècle, nous trouvons un chirurgien émérite, maître Jean de Troyes.

 

            Dans les premières années du XV° siècle, la ville de Troyes ne paraît posséder qu’un seul médecin, encore lui faisait-elle une pension, afin de l’encourager à donner des soins aux habitants. Le plus ancien, dont le nom soit parvenu jusqu’à nous, est maître Dominche d’Alexandrie qui n’est autre que Dominique Taco ou Tacconi, qui était chanoine de Saint-Pierre, chanoine cellerier (religieux chargé de l’intendance) de Saint-Etienne, médecin réputé.

 

            Après sa mort, les Troyens se mirent en relation avec maître Boniface de Sannevières, maître en médecine et médecin du Roi de Sicile, qui accepta leurs offres et vint se fixer dans leur ville. Dès qu’il fut installé, il demanda au clergé, aux bourgeois et aux habitants de lui payer la somme de 100 livres pour l’aider à payer ses frais de déplacement et « en reconnaissance des services qu’il a rendus, qu’il rend et rendra à la population ». Pendant tout le XV° siècle, la ville entretint un médecin « pour l’utilité et les besoins des habitants ».

 

            Les privilèges que le roi Philippe le Bel et ses successeurs avaient accordés aux chirurgiens furent confirmés en 1427, par le roi Charles VIII.

 

            Dans le cours du XV° siècle, l’administration de la cité s’efforce de retenir à Troyes des médecins en leur faisant pension. En 1442, elle paie à Jean, fils de Jean Bouquin, 30 écus d’or pour l’aider à faire ses études médicales. En 1479, elle retient Jean Barras, docteur en médecine à Paris, ainsi qu’un autre médecin de Langres, aux gages de 60 livres tournois par an. En 1486, le Conseil accorde 60 livres par an à Maître Etienne de Villiers, afin de se faire recevoir Docteur en médecine.

 

            En 1496, Charles VIII et en 1498, Louis XII accordent des privilèges à l’Université de médecine de Montpellier. Cette lettre royale est très importante pour nous au point de vue de l’histoire médicale de Troyes : c’est en se basant sur les privilèges qui sont accordés aux docteurs de Montpellier que les médecins de Troyes vont s’agréger, se réunir et constituer leur Collège de Médecine, dont l’existence officielle sera reconnue 40 ans plus tard par lettres patentes de François 1er de 1539.

 

            En 1507, le roi promulgue un Edit sur l’organisation et l’exercice de la médecine.

 

            Les dernières années du XV° siècle sont marquées par un fait très important dans l’histoire de la médecine. En 1569, nous voyons figurer pour la première fois un médecin de l’hôpital, Michel Lardot. Les chirurgiens y étaient plus payés que les médecins.

 

            De toute ancienneté existait dans la ville de Troyes, capitale de Champagne et de Brie, un corps ou collège de médecins dans lequel on ne pouvait être admis sans avoir suivi les études et subi tous les examens particuliers et publics, soutenu les thèses et fait les leçons qu’exigent les 2 plus fameuses universités du royaume (Paris et Montpellier). Pour exercer la médecine à Troyes, il fallait être docteur-régent de l’une ou de l’autre de ces 2 Facultés, ou par elles avoir été trouvé « savant, suffisant, expérimenté ou bien encore être médecin du Roi ou des princes du sang royal ».

 

            Le premier titre authentique de ce collège est donc dû à François 1er, qui par ordonnance du 16 juillet 1539, fit établir un règlement pour la Communauté des Apothicaires de Troyes, qui fixe et rappelle en même temps les droits des médecins qui composaient déjà de temps immémorial le collège de la ville. Ce règlement est une ordonnance générale sur le fait de la médecine dans la ville de Troyes. L’existence du collège est démontrée dès le 1er article : « Les aspirants en l’art et science d’apothicairerie « oiront, 1 an durant 2 leçons chaque semaine, qui leur seront faites par un des médecins du dit Troyes, docteur des Facultés de Paris ou de Montpellier ».

 

            L’article 18 fait défense aux apothicaires de ne faire aucune composition de médecine, « pour bailler aux malades, si ladite composition ne leur est ordonnée par les docteurs médecins reçus à la Faculté de médecine de l’Université de Paris ou de Montpellier, ou des médecins du Roi et du sang royal ».

 

            Article 20 : « … plusieurs étrangers et inconnus ont revendiqué le nom de médecin et sans être savants ni expérimentés, efforcés de pratiquer l’art de médecine en la ville de Troyes… est inhibé et défendu à toutes personne, sur peine de 100 marcs d’argent d’amende, de prison, et de punition corporelle, de pratiquer au dit Troyes l’art et science de médecine, s’ils ne sont docteurs en l’art et science de médecine de la Faculté et Université de Paris ou Montpellier… ».

 

            En 1587 le Collège des médecins de Troyes, obtient du roi Henri III, des lettres patentes confirmatives de François 1er.

 

            En 1595, le roi Henri IV étant à Troyes, accorde au Collège des médecins de nouvelles lettres patentes : « Nous avons reçu l’humble supplication de nos chers et bien aimés les Docteurs en médecine de notre ville et cité de Troyes…Nous confirmons toutes les ordonnances, tous les édits et statuts de nos prédécesseurs… ».

 

            Le Collège des médecins de Troyes exigeait des médecins de Montpellier et de Paris qui venaient s’établir à Troyes et avant que d’être agrégés au Collège de Troyes, la production de certaines pièces : 1 extrait baptistaire parce qu’il faut être Régnicole (habitant du royaume), 1 certificat de vie et de mœurs, 1 certificat de catholicité, à peine de nullité, 1 certificat de 2 ans d’études en philosophie, et la lettre de maître-ès-arts en conséquence, les attestations d’inscriptions et de leçons prises pendant les 3  ans dans l’Université de Paris ou Montpellier, les lettres de baccalauréat, les lettres des 3 cours publics, les lettres de 4 examens sur les maladies tirées au sort, et de 4 autres examens sur les médicaments, les lettres des 6 triduanes (questions médicales)…

 

            Un médecin qui se présentait avec ces titres était sûr d’être admis à Troyes.

 

            Le collège de Troyes a été reconnu dans tous les temps sous cette qualité par la faculté de Paris et par tous les collèges. Il existait régulièrement et s’administrait lui-même par les 2 plus anciens de ses membres qui prenaient les titres de doyen et de syndic.

 

            Tous nos docteurs tenaient fort à leurs privilèges. Et il fallait voir la chasse opiniâtre faites aux médecins étrangers et aux charlatans, ainsi qu’aux chirurgiens-barbiers qui se permettaient d’exercer la médecine. Le collège est inflexible et il dresse procès sur procès.

 

            La peste était venue, en 1583, jeter l’épouvante et la mort. Un arrêt obligeait les barbiers et chirurgiens à fournir l’un d’eux pour soigner les pestiférés. La peste revint à nouveau frapper la ville la première moitié du XVII° siècle. En 1606, une maison dite de « la Santé » est établie. Si les médecins, chirurgiens, apothicaires n’informent les commissaires des gens malades de la contagion, la première fois ils sont enfermés dans leur maison, et la deuxième fois, privés de l’exercice de leurs fonctions et punis exemplairement.

 

            La force et la puissance des médecins de Troyes allait augmenter encore : en effet, en février 1692, le Roi fit paraître un édit portant création de la charge de médecin du Roi et un autre édit qui accordait à MM. les médecins et chirurgiens du Roi au baillage de Troyes, la taxe de MM. les médecins et chirurgiens du Roi au Chatelet de Paris.

 

            En juin 1724, le Conseil du Roi rend un arrêt portant règlement des droits des chirurgiens du royaume.       

 

            Le 31 mars 1756, un arrêt du Parlement confirme les statuts des apothicaires de la ville de Troyes, donnés dès 1539, et les sentences rendues contre les maîtres chirurgiens de Troyes qui débitent des remèdes.

 

            Le 4 juillet 1765, un contrat d’acquisition est passé par la Communauté des maîtres en chirurgie demeurant à Troyes, d’un jardin et d’une grande vinée en dépendant, sis à Troyes, rue du Beau-Boucher (Rue du Gros raisin), au bout de la rue du Sauvage (rue Saint-Vincent-de-Paul), moyennant 1.000 livres du prix principal. Cette maison deviendra bientôt le Collège de chirurgie.

 

            Le 5 avril 1769, le Roi accorde au collège de docteurs en médecine de l’Université de Montpellier, résidents à Troyes, une ordonnance les autorisant à réclamer contre certains chirurgiens, l’exécution des règlements de police concernant l’exercice de la médecine.

 

            Cette même année, le Roi fait « défenses et inhibitions » à tous particuliers d’exercer la médecine dans l’étendue de la ville et du bailliage de Troyes, à peine de 600 livres d’amende contre tout contrevenant et de prison. Cette ordonnance est suivie d’une formule d’assignation à comparaître devant le Parlement.    

 

            En juin 1773 est établie la maison des Ecoles de chirurgie. Le but était de permettre aux praticiens ou maîtres en chirurgie de campagne du bailliage de Troyes, d’envoyer les élèves qu’ils avaient le droit de former, suivre au moins 1 année de cours, et de faire de ces jeunes gens des chirurgiens médecins instruits.

 

            Vers 1776, le Gouvernement, voulant remédier aux impérities que commettaient chaque jour les sages-femmes de la campagne, fait établir à Troyes un cours gratuit d’accouchement. En 1808, un cours de médecine théorique et pratique est ouvert sous les auspices de la Société Académique du département de l’Aube, par M. Pigeotte, membre du jury médical, et médecin de l’Hôtel-Dieu de Troyes. M. Pigeotte cherchait à préparer les jeunes gens pour le grade d’officier de santé, afin de fournir aux campagnes des médecins dont elles manquent si souvent et aussi pour les soustraire aux empiriques et aux « prétendus guérisseurs ».

 

            Pour ceux qui font des recherches sur l’histoire de la Médecine à Troyes, j’ai la liste des médecins, depuis le XVI° siècle, jusqu’en 1791.  

 


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