Histoires d'eau



Les moulins



Lors de la construction du musée Simart, sont retrouvés de nombreux fragments de moulins à bras, avec une pièce de monnaie de Néron. De même, à la porte de Preize et dans l’enclos de Saint-Martin-ès-Aires, ont été retrouvés des moulins à bras.

Il y avait donc à Troyes, des moulins dès le début de l’ère chrétienne.

Ils appartiennent au roi ou au comte. Charles-le-Chauve, en 859, donne à l’abbaye de Saint-Denis les fabriques de farine qui sont sur la Seine et ses dérivations. En 1097, Hugues, comte de Champagne, donne à l’abbaye de Molesme, ses moulins.

C’est au début du XII° siècle que sont mentionnés, le plus grand nombre de moulins, qui, établis pour la mouture des grains, servent plus tard à la fabrique du papier, du tan, au blanchiment des toiles, au foulage des draps, à la poudre à canon.

Le moulin du Pré-l'Evêque, du Prieuré, de la Priolée, et enfin de la Pielle existait dès 1191. Moulin à papier en 1504, moulin à blé et à écorces en 1545, le moulin de la Pielle, qui était la propriété du Chapitre, servait aussi, en 1577, à la fabrication de la poudre à canon pour le service du roi.

Les moulins de Tirvert, puis de Fouchy, moulins à eau, dont le rodier est encore visible aujourd’hui, appartiennent au comte de Champagne, qui les donne au prieuré de Fouchy. En 1446 ce sont un moulin à papier et un à blé. En 1493, il y a 2 roues à grain, 2 à papier et 1 à fouler les draps.

On trouve ensuite le moulin de Jaillard  qui appartient au chapitre Saint-Pierre en 1152, le moulin des Bains, sur le rû Cordé, les moulins d’Osmont, puis ceux du Château. Les moulins de Pont-Hubert existent en 1154, ceux de la Tour ou du Château (en 1157 ils passent des mains des comtes de Champagne à celui du chapitre de St Etienne, puis des bénédictines de Foicy) et ceux de Saint-Quentin. Au départ filature de coton, il deviennent en 1817, pour le son et la farine.

Les moulins de Sainte-Maure fonctionnent en 1161, ceux de maître Andriau, de Chaillouet devenus Moulins-Brûlés, en 1171, ceux de la porte l’Evêque, des Oursiers ou de Meldançon (devient en 1821 une filature), en 1172, ceux des Trévois ou de Pétal, ceux des Tanneries, plus tard moulin aux Toiles, de la Rothière, de la poudre à canon ou de Paresse et ceux de Croncels, sont donnés à l’Hôtel-Dieu-le-Comte en 1174, ceux de Sancey ou de Saint-Julien tournent en 1175, enfin, les moulins de Notre-Dame-aux-Nonnains tournent en 1188. Le moulin du Pré-l’Evêque, du Prieuré, puis de la Priolée, enfin de la Pielle, qui sert à la filature du coton, puis à blé et à écorce, existent en 1191, ceux de Barberey vers 1220, ainsi que le moulin de la Moline, qui prend en 1380, le nom de Moulin-aux-toiles, car il devait servir au blanchissage des toiles. En 1228 apparaît pour la première fois le nom du moulin de Maître André, appartenant à l’abbaye de Saint-Martin-ès-Aires.

En 1287, on trouve mention du Moulin-le-Roy, appartenant à la reine Jeanne de Navarre. En 1355, c’est un moulin à papier.

A la fin du XIII° siècle, les moulins de Sancey-Saint-Julien deviennent la propriété des Templiers.

En 1419, un siège étant redouté, les moulins hors des murs sont mis hors d’état de travailler. Les moulins de Croncels, de la Tannerie, les Moulins-au-Mont disparaissent. En 1423, les moulins sur l’Aube comme sur la Seine sont détruits par les gens de guerre, et ceux de ville deviennent insuffisants. Le maire supplée à leur insuffisance par des moulins à bras ou à chevaux. Beaucoup d’habitants doivent piler le blé dans des mortiers. Le Conseil décide la construction de moulins près de la porte de Croncels, appelés Moulins-Neufs..

Le maire craint à nouveau la guerre, et en 1514, décide que des moulins à bras seront établis dans des maisons particulières, dans des chapitres, abbayes et maisons religieuses et hôpitaux.

Il y a les moulins de Sainte-Maure, les Moulins-Brûlés qui se consacrent à la fabrication du papier, puis en 1734 ont un moulin à farine, un à foulon et un à écorce.

Au moulin de Pétal, la meunerie, la papeterie, la fabrication du tan et de la poudre s’y succèdent.

Il y a ceux des Tanneries, de la Rothière, dont le roi Henri II demande au maire en 1551, de battre et fabriquer de la poudre à canon.

Le Moulin de Paresse qui sert à la blanchisserie des toiles, puis à foulon et enfin au battage des poudres,

En 1558, on fait de la poudre au moulin de la Planche-Clément qui avant était à papier, à blé et à écorce, et à foulon, le Moulin de la Rave est Foulon à draps, le Moulin de Saint-Quentin, moulin à blé, est utilisé ensuite par la draperie et la filature de coton, et devient une vermicellerie. En 1478 il fabrique du papier et du blé farine, puis redevient usine à laine et à coton, pour terminer au froment en 1860.

La Révolution confisque le Moulin le Roy, et en 1791, il est vendu au titre de " bien national ". Il s’appelle alors Moulin de la Liberté.

Enfin, citons le Moulin de la Trinité, appelé ainsi, car il appartenait aux Trinitaires.

Le Moulin de la Tour pour la teinture, puis au son et à la farine, est le dernier connu des anciens Troyens sous le nom de moulin Riousse.

Une anecdote mérite d’être racontée. Lors de l’invasion de 1884, " le propriétaire du moulin de Fouchy, le sieur Vérollot est rencontré par des cosaques et dépouillé de ses habits, après avoir été horriblement maltraité. Sa chemise même lui est enlevée, son mouchoir seul lui reste, il s’en couvre les parties intimes et se traîne ainsi et comme il peut jusqu’à Troyes. C’est dans cet affreux état, qu’il se présente à l’empereur de Russie, qu’il lui expose ses justes plaintes, et réclame justice. Eh bien ! le croira-t-on ? Sa majesté n’en est nullement affectée, nullement attendrie : aucun sentiment de pitié, aucune marque d’indignation ne s’emparent de l’autocrate du Nord ! L’attentat, le crime dont cet infortuné citoyen est la victime, restent sans vengeance, sans punition, aucune recherche, aucune enquête n’est faite pour en découvrir les auteurs. Bien plus, cet infortuné, comme si on eût voulu lui faire porter la peine d’une démarche que sans doute on juge criminelle, voit, quatre jours après, son moulin et ses dépendances livrés aux flammes."

En 1883, le moulin de Fouchy est transformé : on y installe 15 appareils métalliques et une machine à vapeur de 60 chevaux pour suppléer éventuellement un défaut de force hydraulique. En 1884, une seconde turbine de 45 chevaux est installée. En 1887, les meules métalliques, dont le rendement était insuffisant, sont remplacées par des cylindres. En 1911, tout l’outillage est changé : sont introduits des appareils munis des derniers perfectionnements qui en font une usine modèle à fonctionnement automatique.

Les Moulins de Notre-Dame , pour les anciens Troyens moulins de la Rave ou moulins Henry, sont la seule structure encore visible en 2015.

En janvier 2016, le magazine de la Fédération des Moulins de France : " Le Monde des Moulins ", me consacre 6 pages sur " Les Moulins de Troyes ", repris sur mon livre "L'eau à Troyes ".

En janvier 2017, un investisseur confie à 2 architectes troyens, Christian Colomès et Frédéric Nomdedeu, l'aménagement de cette structure, pour créer des lofts et des appartements.

Pour stimuler l'intérêt du public, l'Association des moulins à vent Champenois construit fin 2017, un moulin tractable, d'après modèle ancien. Une expérience unique en France !

En 2018, comme chaque année, le " Moulin de Dosches " organise de nombreuses manifestations qui attirent un grand public.

 

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