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Mony-Quittaine poète et auteur dramatique


 

Mony-Qittaine ? Est-ce que le nom de cet aubois vous dit quelque chose ? Peut-être un de mes amis académiciens le sait, et honnêtement me le dira !

 

Dominique-Victor Mony naît à Arcis-sur-Aube le 11 octobre 1765. Il fait ses études au Collège de Troyes. Il y entrait au commencement de l’année scolaire 1775-1776, alors que son compatriote Danton venait de le quitter, après y avoir fait sa rhétorique durant la période de 1774-1775. En rhétorique, Mony-Quittaine obtint le prix de Mémoire.

 

La carrière littéraire l’attira de bonne heure, et son nom se rencontre avec celui de nos Joly de Sain-Just, Regnault de Beaucaron (poète, littérateur, magistrat, député de l’Aube à l’Assemblée législative), Simon de Troyes (voir ce chapitre)…, joyeux et spirituels rimeurs qui « vivaient frugalement de la charade et du madrigal », et dont la verve et la grâce s’exerçaient de préférence dans l’épître, l’épigramme, la chansonnette…

 

Dans les collections de la Médiathèque de Troyes, on trouve des spécimens du talent de Mony-Quittaine.

 

Dans le « Journal de Troyes » du 21 mai 1784, je trouve la fable suivante :

 

« La Perruche, les Commères et le Perroquet :

 

Un perroquet de verte allure,

Le plus beau siffleur du canton,

Descendit dans la sépulture

Et s’en fût loger chez Pluton.

Dans le moment, chez l’espèce femelle,

(Des perroquets, cela s’entend)

Le bruit de sa mort se répand, 

Et vers sa compagne fidèle

Attire un chœur condoléant

Des commères du voisinage.

L’une d’abord, selon l’usage,

Du défunt vante le talent

Et dans un discours éloquent,

Immortalise le veuvage.

L’autre, moins causeuse et plus sage,

Promet à la veuve un époux.

Ah ! Commère !... Que dites-vous ?

S’écrit la perruche… Un époux ?… Quel outrage !

Fi ! FI !... Vous déchirez mon cœur par ce langage.

Hélas ! Vert-Vert n’est plus !… Je me meurs ! A l’instant

Un perroquet voisin, babillard et galant,

Vole sur la mourante et baise son plumage,

Cherche, à force de soins, à lui rendre le jour.

La perruche revient, prend goût au badinage,

Sourit et se ranime au tendre nom d’amour.

Le nouveau conquérant la presse davantage,

Et fit ce qu’un amant doit faire en pareil cas.

La veuve se console, abjure le trépas,

Et tous deux aujourd’hui sont dans la même cage.

Ainsi bientôt du pauvre trépassé,

Le souvenir fut sans peine effacé.

Françaises, convenez, sans être satyrique,

Qu’à beaucoup d’entre vous cette fable s’applique ».

 

Mais Mony-Quittaine avait de plus hautes ambitions, puisqu’il avait résolument abordé le genre dramatique. « Le lendemain des noces ou la suite du mariage de Figaro », tel est le titre d’une pièce de sa composition, qui fut représentée au théâtre de Troyes et assez mal accueillie.

 

Pour en appeler du jugement des troyens à un public plus éclairé ou plus impartial, il porta sa pièce au théâtre de l’« Ambigu-Comique » à Paris, où elle fut jouée le 22 mai 1787.

 

Dès le 26, Joly de Saint-Just, du Musée de Paris, adressait au rédacteur du « Journal de Troyes » la lettre suivante : « Il n’est pas de jouissance plus pure pour une âme honnête que de rendre justice aux talents de ses compatriotes, de détruire un préjugé défavorable à un jeune homme qui reste dans la carrière des lettres. Quoique j’habite la capitale, tout ce qui regarde ma patrie m’intéresse, et j’ai su qu’on avait joué sur votre théâtre une pièce de M. Mony-Quittaine, jeune Arcisien, qui ne fut pas reçue très favorablement. J’ai trop bonne opinion du goût et du cœur de Messieurs les Troyens pour croire qu’ils ont refusé d’encourager des talents naissants d’autant plus précieux qu’ils sont plus rares. Mais je pense que la faute en est entièrement aux comédiens qui ont joué d’une manière indécente. La pièce de M. Mony : « Le lendemain des noces, ou la suite du mariage de Figaro » a été jouée le mardi 22 mai sur le théâtre de l’« Ambigu-Comique, avec le succès le plus complet. Le public a applaudi avec transport à plusieurs traits vifs et piquants, à plusieurs saillies fines et délicates…Les rôles de Figaro et de Chérubin surtout ont réuni les bravos de tous les spectateurs, l’intrigue a paru filée d’une manière ingénieuse…Bravo pour l’imagination vive et enjouée de M. Mony. La pièce est écrite avec légèreté, le dialogue est naturel, vif et adroit, les caractères sont bien saisis et bien soutenus. L’auteur a été fort applaudi. Les représentations de cette pièce continuent et reçoivent de nouveaux applaudissements. Elle est imprimée et se trouve à Paris… J’ai cru devoir vous engager, Monsieur, à la faire connaître à Troyes ».

 

Pour un début sur une scène parisienne, un tel résultat était très flatteur, et Mony-Quittaine dut être fier du succès qu’il remportait.

 

Mais on était à la veille de la Révolution, et l’Arcisien fut obligé, comme tant d’autres écrivains et artistes, de quitter une voie où il s’était lancé avec entrain et qu’il suivait avec bonheur.

 

Mony-Quittaine fut secrétaire de celui que l’on a appelé « grand magistrat, avocat héroïque et victime sublime » Malesherbes, défenseur de Louis XVI.

 


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