Epidémies



Le Choléra-Morbus


Le choléra ! Ce nom, au même titre que la peste, évoque la pire des malédictions.

 

Le choléra ! La mort dans toute son horreur, qui fauche aveuglement petits et grands, riches et pauvres (les pauvres surtout : la classe ouvrière, insalubrité des locaux, alcoolisme…) dans des affres douloureuses et pestilentielles.

 

Qu’est-ce que le choléra-morbus, une des deux grandes peurs du XIX° siècle ?L’Académie royale de Médecine le décrit ainsi : « malaise général, abattement des forces physiques et morales, insomnies, nausées, urines épaisses, rares, rouges, diarrhée, déjections alvines, sang veineux noir, caillebotté, poisseux, cyanose, cadavérisation de la peau, yeux caves, matières pulvérulentes grisâtres sur les cils, les paupières, les ailes du nez, cessation du pouls… ».

 

Il peut causer la mort, dans plus de la moitié des cas, en l’absence de traitement, de quelques heures à 3 jours.

 

          L’épidémie de 1832 est la plus importante. Troyes et le département de l’Aube sont envahis par le mal, peu de temps après Paris. Casimir-Périer, Président du Conseil, député de Troyes en 1828 et 1831, habitant le château de Pont-sur-Seine, grand-père de Jean Casimir-Périer président de la République, décède en 1832, une des premières victimes du choléra.

 

Cette même année, Troyes est victime de l’épidémie de Choléra-Morbus, qui entraîne le décès de 826 habitants en quelques mois, uniquement dans la ville. Dans le "Journal de l’Aube" du dimanche 6 mai, nous pouvons lire : « Bulletin Officiel du Choléra à Troyes : 78 cas nouveaux (27 hommes, 51 femmes), 32 décès nouveaux (14 hommes, 18 femmes), soit depuis le début, 251 morts, 25 en convalescence, 319 en traitement… Deux médecins de Chaumont sont arrivés hier au soir dans notre ville pour y étudier le choléra.

La salle des militaires de l'Hôtel-Dieu doit être évacuée au profit des chplériques... les maisons de soins sont les suivantes : la Maison de l'Arquebuse, l'Ancien Petit Séminaire, l'Hôtel-Dieu Saint-Abraham... six brancards réservés aux cholériques doivent être recouverts de toiles tendues sur des tringles de fer, et sanglées de manière à ce que les malades ne manquent pas d'air et n'aient pas leurs mouvements gênés. Le Préfet demande que soient abattus les arbres de Saint-Loup qui nuisent à l'Ecole d'Enseignement mutuel, en arrêtant la lumière et produisant une humidité nuisible... le nombre des médecins sera porté de 4 à 7, par adjonction de 3 adjoints...

Le gouvernement fit adresser à l'évêque de Troyes, le 19 avril, une lettre signée par le ministre des cultes : " Monseigneur, la maladie connue sous le nom de choléra-morbus exerce ses ravages, les populations qui en sont affligées ont élevé leur commune pensée vers le Ciel, éprouvant le besoin des consolations religieuses. Plusieurs prélats ont ordonné des prières publiques, pour en obtenir la cessation. Le gouvernement n'a pu qu'applaudir à cet acte de sollicitude pastorale. Ce sera remplir les intentions du roi et le vœu des Français, que de rendre cette mesure générale. je crois donc, Monseigneur, devoir vous inviter à prescrire que des prières publiques aient lieu, pour le même objectif, dans toutes les églises de votre diocèse ". Le prélat, Jacques-Louis-David de Séguin des Hons, déféra sans tarder à l'invitation du ministre et publia, dès le 24 avril un mandement sur le même sujet. 

          Il y a alors abondance d’immenses affiches murales : circulaires préfectorales, ordonnances de police, avis et proclamations.  Le maire Alexandre Payn fait alors distribuer à tous les habitants l’avis suivant :  

En raison de la soudaineté des décès, s’accrédite dans certains milieux une légende : « le choléra n’est qu’un leurre, un prétexte pour couvrir des meurtres par empoisonnement (à l’arsenic). Des vengeances sordides se seraient ainsi assouvies ». Et  Stendhal écrit au duc de Broglie : « Le peuple croit que le choléra est une invention du gouvernement, apparemment pour empoisonner ses ennemis… Nous assistons au spectacle comique de la peur sous toutes ses formes, il y a de quoi en dégoûter ».

La peur s’accroît alors au point de créer quelque hésitation chez les fossoyeurs : certains se refusent à accomplir leur funèbre fonction, et on voit des cadavres jetés simplement à la décharge publique à la faveur de la nuit.

Une nouvelle épidémie s'abat sur la ville en 1849. On meurt d'une forme atténuée de choléra nostra : 1042 morts.

 

En 1893, on retrouve le bacille cholérique dans les eaux de la Seine, huit mois après la fin de l’épidémie.

 

Ainsi, Troyes et l’Aube ont payé un lourd tribut à l’implacable maladie qui causa épouvante et désolation dans de nombreux foyers.   

 

 


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