Religion



Mesnil-Saint-Loup et le Père Emmanuel



Père Emmanuel
Père Emmanuel

Vers 1128, les Templiers ayant reçu leur règle de la main de saint Bernard au concile de Troyes, vinrent fonder une maison de leur ordre au sommet d’un plateau alors couvert de forêts et ils nommèrent leur établissement : Mesnillum Sancti Lupi, d’où le nom de Mesnil-Saint-Loup.

Vers 1290 on comptait environ 50 feux, en 1787, il y a 216 habitants.

Ernest André, le futur Père Emmanuel naît à Bagneux-la-Fosse le 17 octobre 1826. Son père, charpentier devient meunier aux Riceys, tout près de l’abbaye ruinée de Molesme.

         La vocation lui vient dès l’enfance, et il entre au séminaire à 13 ans. Il y reçoit le sacrement de Confirmation, et voici ce qu’il en dit plus tard : « Dans le moment même où je reçus le sacrement, je ne sais pas comment j’étais, mais quand je fus retourné à ma place, je me trouvai comme abîmé dans la prière, et alors le Saint-Esprit me donna de grandes lumières ». Et quelles lumières ? lui demandait-on. « Je compris ce que c’est que la vie surnaturelle. Tout ce que j’ai pu enseigner aux âmes de cette vie, c’est en ce jour et à cette place que je l’ai appris moi-même ».

         Il entre au grand séminaire âgé de 17 ans seulement et il y est un élève si remarquable que Monseigneur Debelay, l’évêque de Troyes, lui confie la rédaction du premier Ordo romain et le prend comme secrétaire intime lors de certains pourparlers entre les membres de l’épiscopat français relatifs à la liberté de l’enseignement, et quand il fut transféré à l’Archevêché d’Avignon, il propose au jeune homme de l’y accompagner, ce que l’Abbé André refuse. Le jeune homme passe encore 1 an au séminaire.

Très attaché aux doctrines et à la liturgie romaine, fidèle abonné de « l’Univers », lié d’amitié avec les fondateurs de la « Revue Catholique » à laquelle il collabore, avec M. Lièvre, supérieur des Missionnaires diocésains, il sera tenu pour « un ultramontais intransigeant » par Mgr Cœur, qui reviendra plus tard sur son opinion.

Pasteur, il « fut un prêtre extraordinaire », dira Mgr Ecalle à ses obsèques le 31 mars 1903. Quand il eut été ordonné prêtre (22 décembre 1849), on ne sut que faire d’un sujet si peu ordinaire : « On ne peut faire de lui un vicaire, curé, il ne pourra tenir en place, il faudra le changer à tout moment ». Le lendemain de son ordination, il est nommé curé du Mesnil-Saint-Loup, petite paroisse négligée, tombée en binage, scandalisée, troublée, mais ayant eu toutefois avant la Révolution d’excellents prêtres nommés par le Grand Prieur de l’Ordre de Malte dont dépendait la cure, et qui lui épargnèrent le protestantisme et le jansénisme. Pendant la Révolution, son curé, de la même origine, prêtre héroïque, assura en se cachant la continuité de la vie chrétienne. Mais il y avait eu 2 révolutions depuis ce temps. « Pauvre matériellement la paroisse était encore inférieure spirituellement aux paroisses voisines ». Son jeune curé qui, disait-on, « ne saurait tenir en place », le demeura pendant 53 ans. Le résultat fut lui aussi extraordinaire et s’affirma très vite. Si en 1854, sur 350 habitants, une centaine seulement s’approche des sacrements - dont le tiers est composé d’hommes et de jeunes gens, ce qui a sa valeur -, en 1859, la confirmation groupera 75 sujets, parmi des vieillards. La progression ne s’arrêta pas. Peu à peu, grâce à l’esprit de prière infusé à ses habitants, et concrétisé par des groupements, confréries, associations, entretenu par un enseignement, à la fois théologique, scripturaire, mystique, bien proportionné aux auditeurs, garanti par des exigences pour la femme extérieure – y compris le costume féminin -, la paroisse finira par former une sorte de communauté religieuse, aux offices assidûment suivis et comportant la participation effective de chacun, qui donneront à Mesnil-Saint-loup l’allure d’un monastère – qu’il a conservée depuis.

En 1852, il rêve avec un ami d’organiser en France une association catholique de prière, et s’en fut à Rome auprès du Saint-Père pour y recueillir des lumières. « Il n’avait pas fourni la première étape du voyage, du Mesnil-Saint-Loup à Troyes, qu’il se trouva saisi intérieurement au cours de la récitation d’un chapelet, par ce nom de Notre-Dame de la Sainte-Espérance et en même temps surgit dans son esprit la pensée de demander au Saint-Père pour la paroisse de Mesnil-Saint-Loup, l’institution d’une fête de Notre-Dame de la Sainte-Espérance ». Partis le 6 juin, lui et son ami n’arrivent à Rome que le 22 juin. Une audience du Saint-Père leur est promise pour le 5 Juillet, pendant laquelle, le Pape, après un moment solennel de silence, « rempli de joie et avec satisfaction dit : Notre-Dame de la Sainte-Espérance, oui ! ». Et il lui accorde aussitôt une fête nouvelle dans l’Eglise (Lorsque la cause de béatification de Pie IX est introduite à Rome, un enquêteur venu au Mesnil-Saint-Loup peut voir par les suites toujours vivantes de la décision de Pie IX qu’une vue surnaturelle en est bien à l’origine). L’Abbé André rentra au Mesnil le 25 Juillet, et il annonça à ses paroissiens le 15 Août, la grande grâce accordée par le Saint-Père, et, parmi les nombreuses invocations adressées à Marie, dont celle-ci jaillie comme à son insu et demeura : « Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous ». Le matin du 26 avril suivant, jour de Notre-Dame du Bon Conseil, il eut la vision d’instituer la Prière Perpétuelle à Notre-Dame de la Sainte-Espérance. L’abbé André obtint de Rome l’approbation de la prière et des indulgences. La Prière Perpétuelle érigée en archiconfrérie se répandit rapidement dans le monde. Deux ans après, il y avait 5.000 associés, répartis en 33 diocèses français et étrangers. En 1858 et 1859, on compta chaque année 17.000 et 18.000 associés nouveaux. Les foules affluent au pèlerinage d’octobre.

Il parut nécessaire à Ernest André d’apprendre l’hébreu. Il l’apprit, et de même le syriaque. Cent ans d’avance, l’abbé André appliquait à l’apostolat la connaissance de la Bible.

En 1860, pendant près d’un an il dut cesser presque tout ministère par suite d’anémie cérébrale.

Il entreprend la construction d’une église nouvelle, l’ancienne, bâtie par les Templiers, au XII° siècle, d’une manière très grossière, menaçait ruine, et elle était trop petite pour les paroissiens. Les travaux débutent en 1864 jusqu'en 1866. Mgr Ravinet bénit la première pierre le 5 Juillet 1864, la première messe y est célébrée le 10 Juin 1866, mais les travaux d'aménagements ont duré jusqu'en 1899, pour être finalement terminés en 1900. On y trouve de nombreux ornements et bannières qui sont l’œuvre de Maître Charlier.

L’abbé André, rejoint par l’abbé Paul Babeau met à exécution son projet déjà ancien d’embrasser la vie monastique. Le 30 novembre 1864, son évêque lui donne, avec l’habit bénédictin, son nom de religieux, sous lequel il passera à la postérité, Père Emmanuel. Quelques jeunes se joignent aux deux fondateurs. Un petit monastère s’élève bientôt (1872), à l’ombre de l’église paroissiale. Encore quelques années, et c’est une communauté de Sœurs bénédictines de Notre-Dame de la Sainte-Espérance qui voit le jour (1878). La petite communauté bénédictine du Mesnil-Saint-Loup, est affiliée d’abord au monastère de la Pierre-qui-Vire, puis en 1886, à la branche des Olivétains. Le 5 août, le Père Emmanuel, revêtu de l’habit blanc de cette Congrégation, émet sa profession bénédictine à Settignano, près de Florence, avant de revenir dans son petit monastère. Le Père Emmanuel, en sera le prieur jusqu’au 25 février 1892 où il recevra le titre d’abbé.

Le 25 mars 1877, le Père Emmanuel crée un bulletin paroissial : le « Bulletin de l’œuvre de N.-D. de la Sainte-Espérance ». Sans doute, la manière dont il fut rempli excède-t-elle – par l’ampleur de l’enseignement dogmatique, scripturaire, liturgique, et par les dons exceptionnels du fondateur – le cadre d’un simple bulletin paroissial. Mais il doit figurer, au titre de précurseur et de parrain.

La commune de Mesnil-Saint-Loup compte alors environ 300 âmes, et il y a 12.000 communions par an.

Le Père Emmanuel meurt le 31 mars 1903, à l’heure où les congrégations religieuses sont légalement sommées de disparaître ou de s’exiler : les monastères du Mesnil sont alors en pleine liquidation judiciaire et les deux communautés dissoutes.

Le Père Emmanuel est l’auteur d’un admirable « Traité du ministère ecclésiastique » où il expose en 4 chapitres : 1° sa nature ; 2° comment il peut être dénaturé ; 3° le terrain du ministère ; 4° les vertus nécessaires à son exercice.

  Il édite un « Nouvel essai sur les Psaumes », œuvre considérable. 

Le Père Bernard Maréchaux (1849-1927), disciple du Père Emmanuel  transmit vivante la flamme reçue.

Aujourd'hui, les 5 moines ont un très bel atelier de céramiques (vaisselle).

Le peintre et sculpteur français Henri Charlier (1883-1975) a vécu et est enterré à Mesnil-Saint-Loup.

L'humoriste Troyen Jean-Marie Bigard a été pensionnaire dans le collège privé de la commune.

         Pascal Simon champion cycliste y est né en 1956.

 

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