La Révolution



Révolution, détenus politiques


Que les Comités de surveillance s’en soient pris  à la noblesse ou au clergé, on le comprend, il leur fallait bien justifier leurs fonctions, ne serait-ce que pour se protéger eux-mêmes, sait-on jamais ce que réserve l’avenir en temps de révolution ? Mais on comprend mal qu’ils s’en soient pris pareillement au simple perruquier du coin, un des leurs !

 

         Les détenus affublés du titre « d’aristocrates » par les Comités révolutionnaires de surveillance, sont séparés des autres détenus parce que plus fortunés. Par contre, il y a les malheureux internés au Grand Séminaire ou aux Cordeliers, dans une sordide promiscuité, à deux pas de chez eux, songeant à la femme et aux enfants, sans grand argent, esseulés, regardés d’un mauvais œil par le voisinage, traités de mauvais républicains, ne serait-ce que pour se protéger soi-même d’une arrestation pour tiédeur.

 

         Par les lois multiples et changeantes au gré des passions populaires, les détenus doivent obligatoirement payer leur hébergement, leur nourriture (et bien sûr celle de leurs gardiens) ainsi que les frais de garde. Les fortunés le peuvent, les moins fortunés sont classés à part, 2° classe, 3°, 4° et 5°, quant aux « sans moyens », ils tombent à la charge des plus chanceux et forment la dernière classe, le tout au nom de l’Egalité.

 

         Selon le règlement édicté par le Représentant Maure, le 1er fructidor an 2 : «…les détenus seront gardés par les pères des volontaires qui sont aux frontières… la nourriture sera frugale, les riches paieront pour les pauvres… les pauvres seront soignés aux frais des riches…les sommes dues seront payées par décade...».

 

         En plus, chacun doit assurer le paiement de ses impôts, des taxes révolutionnaires, que le Représentant Rousselin appelle des « restitutions », des emprunts forcés, des dons patriotiques plus ou moins spontanés, sous l’œil acerbe et vigilant des Comités de quartiers qui se proclament super-patriotes à bon compte ou, plus prosaïquement pour ne pas être taxés de modérantisme et risquer tâter, eux aussi, l’hospitalité du Grand Séminaire.

 

         Et ce petit peuple est composé de petits métiers, laboureurs, cultivateurs, ouvriers, artisans, commerçants…

 

         C’est l’inquiétude des détenus pour le sort de leurs femmes, leurs enfants, dans l’extrême gêne, le père de famille absent, la mère sans salaire faute d’usines, le commerce arrêté par la disette et l’inflation des assignats…

 

         Certains détenus ou certains citoyens simplement en déplacement passent dans leur quartier pour être émigrés, certains volontaires aux armées qui ne donnent pas de leurs nouvelles, sont, et c’est un comble, taxés d’émigration !

 

         Il suffit d’un simple mot, d’un simple geste ou d’une parole déformée pour faire arrêter comme « suspect » son voisin et tenter de faire confisquer ses biens, et les acheter à bon compte.

 

En conclusion, si on met à part les détenus de la noblesse, de la haute bourgeoisie et du clergé, le simple peuple, le tiers-état, a lui aussi contribué très largement à peupler les lieux de détention de Troyes, alors que les gouvernants, les Comités prétendaient le défendre.

 

Si bien qu’après avoir participé au bouleversement de la France, sans avoir pour autant apporté au peuple le vrai bonheur et protégé les modestes, comme ils le lui avaient promis, après s’être détruits les uns les autres, tout en détruisant ceux qui s’étaient trouvés sur leur chemin, on a pu voir quelques survivants des régicides se côtoyer sur les bancs du Sénat de Napoléon, et flatter le nouveau Maître, solliciter des titres et des grades, comme par exemple Rousselin envoyé de la Convention à Troyes qui devint, sous l’Empire, le Comte Rousselin Corbeau de Saint Albin.

 

Rousselin avait été ami de Danton, Hoche, Bernadotte, Carnot qui lui donna d’importantes fonctions pendant les 100  jours. Rallié au Gouvernement de Juillet, ami de Louis Philippe et de la reine Amélie, gérant du Constitutionnel pendant de longues années, il haïssait Napoléon tout comme Barras.

 

Pour sa part, le Représentant Maure, ancien petit épicier à Auxerre, envoyé lui aussi par la Convention à Troyes, se suicida pour ne pas être arrêté en Thermidor – et probablement exécuté – comme plusieurs de ses collègues, le vent ayant tourné.

 

Enfin, les 2 célèbres compères, Fouché, ex-oratorien défroqué, venu à Troyes, stimuler la levée de « volontaires », devint Duc d’Otrante, Talleyrand, ci-devant évêque, marié, devint Prince de Bénevent, sans parler des 225 ralliés à l’Empire, avec titres de Chevaliers, de Barons ou de Comtes !

 

     

 

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