Aubois très célèbres



Simon Liboron


Verriére de l'église Ste Madeleine
Verriére de l'église Ste Madeleine

Simon Liboron, maire de Troyes, est considéré comme un mécène de la Renaissance.

La Renaissance est une époque prospère pour la bourgeoisie troyenne. Elle fait profiter sa ville d’apports artistiques considérables. Ainsi, en fut-il de Simon Liboron dont nous conservons au moins deux précieux témoignages de mécénat : un vitrail dans l’église Sainte-Madeleine, et un original livre d’heures.

Simon Liboron naît à Troyes vers 1440. Il fait des études de droit civil et canon pour devenir juriste, et se marie avec Henriette Mauroy. A cette époque, les bourgeois remplacent en partie la noblesse à la tête de la cité. 

En 1473, il règle un différend sur le partage des eaux de la Seine traversant la ville. Dans cette affaire se trouvent mêlés les intérêts des chapitres Saint-Pierre et Saint-Etienne.

Simon Liboron, licencié ès lois, devenu fonctionnaire royal, occupe la charge de lieutenant du bailli de Troyes. A ce titre, il administre la justice en l’absence du bailli et porte la robe.

Aux environs de 1480, Liboron et son épouse marquent leur position sociale avec un étonnant livre d’heures à l’usage de Troyes. Ce chef-d’œuvre de l’enluminure de la Renaissance a échappé miraculeusement à l’incendie de 1524. Simon demeurait dans l’une des maisons détruites par le feu, face à l’église Saint-Jean. Ce livre a le monogramme H et S (Henriette et Simon). En latin et français, le texte inclut pour chaque jour un calendrier en français, qui comprend notamment les fêtes de sainte Mathie, sainte Savine… Le manuscrit, très illustré, constitue un ensemble gai, plein d’une fantaisie extraordinaire, loin de toute convention et de toute routine. Les images des mois sont ornées de petites scènes historiques et de figures isolées. Les grotesques sont même parfois teintés d’indécence, tel ce montre grossier représenté en train d’uriner dans une marmite, à côté de la figure angélique de saint Mathieu. Les bordures des feuillets sont décorées d’élégantes acanthes bleues et or. Les fleurs peintes à l’or sont stylisées mais gracieuses. Le manuscrit comprend 21 grandes miniatures : " c’est le plus beau spécimen de la miniature française de son temps… il n‘existe au monde, aucun livre d’heures d’un raffinement comparable ". Les principales caractéristiques ornementales des bordures des pages, les grotesques, régulièrement reproduits dans les marges à côté des textes, ont un style jamais égalé.

En 1489, il est avocat du roi, puis président de l’échevinage, c’est-à-dire maire, pendant deux années.

En 1490, devant les représentants du roi, il défend le paiement des octrois sur le sel, afin d’assurer les ressources de la caisse de l’échevinage pour l’entretien des pauvres.

Sa renommée le fait désigner ensuite bailli de Gyé-sur-Seine entre 1493 et 1496.

De 1501 à 1516, Simon Liboron est bailli de l’évêché sous l’épiscopat de Jacques Raguier.

Il se consacre à de nombreuses affaires. Elles concernent par exemple le médiocre entretien des maisons de Troyes et l’anarchie manifestée par le défaut d’alignement des immeubles et des rues avant l’incendie de 1524. Place du Marché au blé (notre place Jean-Jaurès), deux immeubles " menaçant ruine débordant sur la chaussée de 4 mètres, devront être rasés avant le passage du roi, en 1510. "

De même, sur la place de l’Etape au vin (place Audiffred), une maison et deux galeries " qui sont en voie de choir ou de tomber, sont démolies sur l’ordre de l’échevinage. Avant la venue du roi, les vagabonds, malades, et autres, doivent vider la ville à peine d’être fouettés par les carrefours, et après s’ils sont trouvés faisant le contraire, d’être pendus et étranglés. " Ainsi, les autorités pourront recevoir avec faste Louis XII à la porte du Beffroi, lui offrir en souvenir un cœur d’or du poids de 120 écus. Simon Liboron, au faîte de la réussite, harangue le roi qu’il a eu l’occasion de rencontrer en 1506, en allant à Tours représenter la ville pour décider du mariage de Claude de France avec le duc d’Angoulême.

En effet, Simon Liboron est associé à un événement important qui décide du sort futur de la couronne de France. La santé du roi n’est pas satisfaisante. Louis XII cherche une solution politique pour conserver tout à la fois l’unité et ses droits outre-Alpes. Ceci le conduit à accepter la démarche de l’Archiduc d’Autriche, Philippe le Beau, en 1501, qui lui demande la main de Claude, au nom de son fils Charles de Luxembourg, le futur Charles Quint et à signer à Blois, un contrat de mariage dont la conclusion sera bientôt remise en question. En effet, la mauvaise santé du roi en 1504, suivie d’une rechute en avril 1505, amènent Louis XII à dicter, le 31 mai, ses dernières volontés et à ordonner une union entre sa fille Claude de France et François de Valois. Pour cela, il faut contourner le traité de Blois. C’est alors avec le concours de Simon Liboron qui participe à un moment historique et joue un rôle inédit dans l’histoire de France : le traité conclu avec l’Archiduc d’Autriche n’a plus de valeur légale. Le duc de Valois pourra, le moment venu, succéder à Louis XII pour devenir le roi François 1er.

En 1516, Simon Liboron aura encore le privilège d’haranguer le nouveau roi, François 1er, au nom de la ville, lorsqu’il entre avec Claude de France à Troyes.

En 1517, Simon, comme notable et juriste, offre à l’église Sainte-Madeleine un magnifique vitrail à la mémoire de saint Louis, qui représente la soumission du comte de Champagne Thibault IV, à saint Louis, et la vie de saint Yves, patron des avocats. Dans le registre du bas, les trois enfants de Simon Liboron, sont accompagnés chacun de leur saint patron, et bien entendu, il est représenté avec son épouse Henriette de Mauroy, en donateurs priants, avec leurs armoiries familiales. Simon est revêtu de sa robe rouge de procureur, et son visage montre un personnage imbu de sa personne.

 

Le livre d’heures de Simon Liboron, témoin de sa munificence, était resté en Suisse, chez un antiquaire, attendant un acquéreur.

 

La Médiathèque de l’Agglomération troyenne, qui possède le plus important fonds de manuscrits du Moyen Age en France après la Bibliothèque nationale, a pu l’acquérir pour la somme totale de 450.000 euros, avec le concours de l’Etat, de la Région Champagne-Ardenne, du Conseil général de l’Aube, et de nombreux particuliers et entreprises auboises dans le cadre d’une souscription ouvrant la possibilité, pour les mécènes, de bénéficier des déductions fiscales prévues par la loi du 1er août 2003 – soit une déduction de 66 % de la somme versée sur le montant de l’impôt sur le revenu ou, pour les entreprises, de 60 % de l’impôt sur les sociétés.

 

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